Aujourd'hui le grand voisin français célèbre sa fête nationale - et ce jour semble cristalliser tous les enjeux du moment.
Après avoir enchanté sa grande amie Angela Merkel, le président Emmanuel Macron reçut en grande pompe le président américain Donald Trump dès jeudi. L'occasion de se plaindre du rejet des Accords de Paris, mais aussi celle de célébrer l'entrée en guerre des États-Unis en 1917 aux côtés de la France. Les héritiers des "Sammies", selon le surnom des soldats américains de l'époque, eurent l'honneur d'ouvrir le défilé sur les Champs Élysées.
La veille, sécurité oblige, les Parisiens excédés souffrirent toute la journée des restrictions de circulation liées à l'arrivée en ville du chef de la première puissance mondiale. Les médias en profitèrent pour étaler plaisamment des séquences de micro-trottoir récoltant les protestations de citoyens en colère contre Trump. À celles-ci succédèrent les plaintes de touristes empêchés d'accéder à la Tour Eiffel dès le milieu de l'après-midi, l'édifice étant interdit au public pour laisser aux deux couples présidentiels l'exclusivité d'un dîner au restaurant du premier étage.
"On voit que les puissants comme M. Trump font ce qu'ils veulent", se livra avec amertume une touriste au Champs de Mars devant une caméra avide. Mais si les contraintes du déplacement de Trump dans la capitale étaient inévitables, son passage à la Tour Eiffel releva entièrement de l'organisation de son séjour par le président français. On blâma donc un invité qui n'y était pour rien. Peu importe: toute occasion de critiquer M. Trump qui se présente est à saisir. Sur un plateau de télévision, un commentateur s'égaya: M. Trump aura enfin "l'occasion de goûter une meilleure cuisine que les hamburgers, frites et ketchup qu'il affectionne". Se vautrer dans le caviar serait plus adéquat? Il n'y a décidément pas de limite à la petitesse.
Le défilé du 14 juillet vit passer 3'720 soldats à pied, 211 véhicules, 241 chevaux, 63 avions et 29 hélicoptères, dans un bel étalage représentatif des différentes composantes de l'armée française. Mais cette force, d'ailleurs lourdement prétéritée par les futures coupes budgétaires souhaitées par le président Macron, est loin d'atteindre les engagements de 3% du PIB impliqués par le statut de pays-membre de l'OTAN. La France atteint péniblement les 2,3%, à comparer aux 6,2% de 1960. Bizarrement, les médias ne s'étendèrent pas sur cet aspect de la visite de M. Trump.
En dépit d'un dramatique manque de moyens, l'armée française est déployée avec efficacité sur divers théâtres d'opération, mais à cause du laxisme de leur politique intérieure les Français n'ont jamais été aussi peu en sécurité, et ce 14 juillet le rappelle également.
Cette fête nationale française est un jour sombre pour des centaines de familles - le souvenir d'un deuil commencé il y a un an lorsque Mohamed Lahouaiej-Bouhlel, un Tunisien de 31 ans, fonça dans la foule à bord d'un camion sur une Promenade des Anglais bondée à l'occasion du feu d'artifice clôturant la soirée. 86 personnes trouvèrent la mort cette nuit-là, dont de nombreux enfants. On dénombra 458 blessés.
La récente polémique sur la republication de photos de la soirée dramatique dans le quotidien Paris-Match de cette semaine prouve, s'il en était besoin, que la plaie n'est pas refermée. Les autorités locales niçoises organisent le devoir de mémoire avec un défilé particulier, un lâcher de ballons et 86 faisceaux lumineux symbolisant les victimes. Il n'est pas sûr que cela apaise les familles touchées. Nombre d'entre elles feront l'impasse sur la cérémonie.
Sur le plan de la sécurité, tout a été fait correctement: de multiples patrouilles et des blocs de bétons disposés aux points de passage-clés de la Promenade des Anglais garantissent que cette année aucun islamiste au volant d'un poids-lourd ne pourra faire de carnage dans la foule.
L'incongruité d'un dispositif arrivant avec un an de retard le dispute à l'absurdité de se prémunir contre un nouvel extrémiste musulman tentant de faire exactement la même chose au même endroit.
Cette tentative triste et vouée à l'échec de mettre les citoyens en sécurité démontre l'incompétence et le retard de l'État français dans la guerre asymétrique qui l'oppose au terrorisme islamiste. Soit il ne s'agit que d'une opération de communication visant à rassurer un public naïf, soit les fonctionnaires en charge de la sécurité publique croient réellement que ces mesures pourraient déjouer un attentat prévu ce soir sur la Promenade des Anglais. Chacune de ces hypothèses ouvre des perspectives vertigineuses.
La visite de M. Trump en Europe serait l'occasion d'ouvrir enfin le débat sur la sécurité de nos sociétés occidentales. Mais il ne sera pas ouvert, car il obligerait à mettre toutes les options sur la table, y compris des possibilités comme la surveillance des frontières et l'interdiction d'entrée du territoire et le renvoi de ressortissants de pays dangereux. Ce chemin, emprunté par la Maison-Blanche, est combattu avec la dernière énergie aux États-Unis par tout ce que le pays compte de Démocrates.
Une telle approche est impensable en France et en Europe. Entre leur sécurité et la crainte d'être mal vus, les Français ont choisi. Mais, au fond de soi, on ne peut s'empêcher de penser que les prochains attentats islamistes ont plus de risques de se produire sur le Vieux Continent qu'au pays de l'Oncle Sam.
Stéphane Montabert - Sur le Web et sur LesObservateurs.ch, le 14 juillet 2017
A la fin de l’année les Berlinois ” fêteront” terme qui peut paraître choquant, la même tragédie que les Nicois: Le jour de Noël un camion fou qui fit a nouveau un horrible carnage. Auront-ils le même genre de réaction ? Bougies, fleurs, discours et séquence émotion avec chanteur larmoyant ? Je me sens très pessimiste pour la sécurité des citoyens européens…
N’ayez crainte, les Niçois et nos compatriotes dans leur ensemble ne sont pas dupes. De moins en moins le sont.
Les contorsions rhétoriques de tous ces bien-pensants n’y pourront rien car de plus en plus de gens se réveillent.
Même si ce réveil est douloureux.
Oui, Nissa (Nice en français) est belle, comme le dit son chant patriotique, Nissa la Bella, chanté sur les Champs-Élysées ce 14 juillet 2017.
Elle est belle aussi et surtout parce qu’après 157 ans d’annexion par la France, en 1860, elle n’a jamais cessé de vouloir retrouver la liberté et l’indépendance dont elle bénéficiait entièrement depuis qu’elle s’était donnée, en 1388, aux comtes, puis ducs, puis rois de la Savoie, car elle refusait d’appartenir au comté de Provence, qui lui non plus n’était pas français.
Les révolutionnaires français pénétrèrent dans Nice en 1792, la pillèrent et la dévastèrent. Ils n’en furent chassés qu’en 1814.
Que “Nissa la Bella”, le chant patriotique des indépendantistes soit chanté lors d’une commémoration si douloureuse pour Nice peut être considéré comme une reconnaissance, ainsi que le dit avec espoir le Nissart Cristou Daurore : « Le fait qu’elle soit chantée à Paris, c’est comme si l’hymne du pays de Nice s’exportait dans un pays étranger. Comme s’il y avait une reconnaissance de la France. »
@monde-tombé-sur-la-tête :
Aucune mention de l’origine islamique du carnage de Nice n’a été fait par personne.
Le déni! Même Macron dans son dicours- fleuve à Nice en a fait la preuve : faut pas stigmatiser; l’auteur de ce carnage ne doit pas rester dans les mémoires. Les victimes l’ont été par … personne: le camion était conduit par un fantôme, un extra-terreste..
Ainsi n’a-t-il pas déclaré dans le spremières minutes de son discours que
Nous avons oublié le nom de cet anonyme meutrier” Traduction :“IL FAUT oublier le nom de cet anonyme meurtrier”
Fatoch! “C’était alors peut-être un “Français de souche”? Un fasciste ? Un extrémiste ? de droite évidemment qui sait ? “pourrons ainsi dire les générations suivantes ??
Aucune mention de l’origine islamique du carnage de Nice n’a été fait par personne.
J’ai vécu 15 ans à Nice; autant dire que cet attentat m’avait particulièrement touché.
Je l’avais tardivement appris (le lendemain) alors que nous étions, mes fils et moi, dans le métro à Berlin, grâce au bandeau d’informations défilantes.
Le soir même, derrière la Porte de Brandebourg, nous nous trouvions devant l’Ambassade de France; j’étais touché par tous les témoignages de la population berlinoise mais impuissant et triste en regardant ces fleurs et bougies que je trouvais incongrues face à cette barbarie.
J’avais juste écrit sur une petite note laissée parmi ces témoignages:” Il arrivera un jour prochain où les fleurs et les bougies ne suffiront plus….”