Marion Maréchal Le Pen appelle de ses voeux l’union des droites

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À 27 ans, Marion Maréchal Le Pen quitte la politique. Elle déclare dans un entretien très intéressant dans Valeurs Actuelles :

Images-12"Je pense que la stratégie victorieuse réside dans l’alliance de la bourgeoisie conservatrice et des classes populaires. C’était la synergie qu’avait réussie Nicolas Sarkozy en 2007. Indéniablement, il y a des gagnants et des perdants de la mondialisation, une fracture territoriale, une France périphérique, une fracture mondialistes-patriotes, mais je crois que la droite traditionnelle et les classes populaires ont un souci commun, c’est celui de leur identité. Pas l’identité comme un folklore artificiel ou comme un musée qu’on dépoussière, mais comme un ciment social. L’identité, c’est ce qui nous donne le sentiment d’être un peuple, en dépit de lieux de vie différents, de modes de vie différents. Et ce ciment social a été brisé à plusieurs égards. L’enjeu essentiel de civilisation, à mon sens, est de savoir comment conserver, protéger, transmettre et vivifier ce ciment social. C’est là qu’intervient la question de l’école, de la transmission, de la culture, de nos traditions, de notre patrimoine, d’un certain mode de vie. Le philosophe François-Xavier Bellamy dit que l’avantage de la culture, c’est que c’est le seul bien qui se partage indéfiniment sans jamais léser personne. Si on s’attache à la transmission et à la vivification de la France, nation littéraire, nation philosophique, nation historique, à partir de là, on peut défendre ce ciment social et sauver le pays des fractures qui l’attendent."

Elle a visiblement retenu les leçons métapolitiques de Patrick Buisson (elle déclare se reconnaître dans la "droite Buisson"). Et elle poursuit :

"La question identitaire permet de transcender les clivages. Elle comporte une dimension abstraite, c’est vrai, avec des symboles, la Marseillaise, la devise, notre patrimoine républicain, et une dimension charnelle, notre terre, notre terroir, notre gastronomie, la pierre locale avec laquelle on construit sa maison. Ces deux dimensions sont complémentaires. Pour parler de stratégie, le souci commun de l’électorat de la droite conservatrice et de la France périphérique, qui n’ont pas le même rapport à la mondialisation, c’est le souci de la transmission de leur patrimoine matériel et immatériel. À partir de ce constat, on peut imaginer des passerelles pour les rassembler et apporter des réponses en commun.

Mais le programme très libéral de Fillon était un repoussoir pour les classes populaires, et la sortie de l’euro de Marine Le Pen effraie la droite…

Voilà pourquoi je parle de passerelles. Quand une partie de la France conservatrice défend le mariage et la filiation, elle défend aussi une partie de l’identité française avec une certaine idée des rapports humains basée sur le bien commun et l’intérêt du plus faible plutôt que sur la jouissance et l’envie de l’individu dans une liberté sans limite. C’est donc un combat identitaire, qui peut rejoindre le combat identitaire des classes populaires plus axé sur les questions liées à l’immigration et au multiculturalisme. Bien sûr, il peut y avoir des divergences économiques, mais les moteurs de vote sont essentiellement spirituel, culturel et identitaire : les masses ne bougent pas autour de l’économie. Ce qui relie ces deux électorats, c’est donc le conservatisme. Il peut s’agir de conservation de l’identité, d’un mode de vie, mais aussi du patrimoine, des entreprises, d’un modèle économique à défendre en régulant la mondialisation.

Vous revendiquez-vous conservatrice ?

Oui, car je défends la conservation de ce qui est beau et juste dans notre histoire, je souhaite conserver les leçons de nos expériences passées ainsi qu’une certaine vision de l’homme, de sa dignité, du refus de sa marchandisation, d’ailleurs partagée par une majorité de Français.

Croyez-vous à la persistance du clivage gauche-droite ?

Je pense que les courants de droite et de gauche continuent d’exister et de structurer la vie politique, car il y a des héritages philosophiques, culturels, des références et des logiciels qui continuent d’irriguer la vie politique française. C’est un clivage qui continue d’exister mais qui est inexact dans la structuration actuelle des partis. Pour caricaturer un peu, je reprendrais la phrase de l’historien Ghislain de Diesbach : « Il existe en France actuellement deux grands partis de gauche, dont l’un s’appelle la droite. » Pour être plus exacte, je dirais que les deux grands partis, Les Républicains et le PS, se retrouvent aujourd’hui dans un grand bloc centre droit, centre gauche en accord sur tous les sujets fondamentaux.

L’union des droites reste-t-elle un de vos objectifs ?

Ce qui est certain, c’est qu’aujourd’hui, cette union patriotique que j’appelle de mes vœux n’a pas de sens en prenant en compte les partis actuels : je ne vois pas comment le FN pourrait faire une alliance nationale avec Les Républicains au regard de la façon dont ils gouvernent et du logiciel qui est le leur.

Et au regard du logiciel du FN, qui se situe à gauche sur de nombreux sujets, notamment en économie ?

Ce qui reste possible, c’est l’union des hommes. Il existe aujourd’hui une zone blanche, entre certains courants chez Les Républicains, que je qualifierais de droite nationale conservatrice, Nicolas Dupont-Aignan, ceux qui sortent du champ politique, comme Philippe de Villiers, certains élus et cadres de la droite, et le FN. Dans cette zone blanche, il y a une recomposition à opérer, qui s’apparenterait à l’union de certaines droites. Mais sans doute pas avec cette droite des Républicains, qui est une droite reniée.

Vous avez à de nombreuses reprises cité des personnalités de droite comme Henri Guaino, Jacques Myard, Pierre Lellouche, Alain Marsaud, Éric Ciotti, en disant que pourriez travailler avec eux. Si, demain, Laurent Wauquiez dirige Les Républicains, cela changera-t-il la donne ?

Oui, un profil comme Laurent Wauquiez change la donne. Mais il faut voir ce qu’il fera de ce pouvoir ! Si c’est pour avoir un nouveau Sarkozy, ce n’est pas utile… Laurent Wauquiez est-il sincère ? Je ne sonde pas les cœurs et les reins. Est-il capable de mettre en place des alliances intéressantes ? Seul l’avenir le dira. Ce qui est sûr, c’est que, dans le paysage politique actuel à droite, il fait partie de ceux dont les déclarations laissent penser qu’on aurait des choses à se dire et à faire ensemble, je ne vais pas dire le contraire. Néanmoins, pour être honnête, je ne suis pas certaine que Laurent Wauquiez mènerait spontanément cette politique au conseil régional s’il n’y avait pas un groupe FN aussi fort, devenu incontournable électoralement. La présence du FN contraint la droite à mener une certaine politique et à se remettre en question. La réalité, c’est que la droite a été sous la coupe psychologique de la gauche pendant des années et que le poids du FN la force aujourd’hui à se repositionner.

Pourquoi la tentative de structurer une droite “hors les murs”, à mi-chemin entre Les Républicains et le FN, a-t-elle échoué politiquement ?

Elle ne pouvait marcher que dans l’optique d’être une passerelle entre la droite et le FN, or Les Républicains ne sont pas suffisamment en difficulté électorale pour accepter de bouger. La droite a une clientèle électorale, notamment chez les personnes âgées, qui lui reste très fidèle, lui permettant de survivre, en l’empêchant d’envisager cette recomposition. Les choses seront peut-être différentes dans dix ans. La génération qui vient a déjà mis un bulletin FN dans l’urne, elle est complètement décomplexée, plus du tout sensible à la diabolisation, n’a pas baigné dans le rêve européen et n’a rien à perdre. Dans les dix ans qui viennent, les cartes seront totalement rebattues…

Dans deux quinquennats elle sera toujours plus jeune qu'Emmanuel Macron aujourd'hui....

 

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8 commentaires

  1. Posté par miranda le

    @ Claire
    juste une petite réaction :
    C’est Mr Attali qui a aidé Mr Macron, le fédéraliste, mondialiste et islamophile, à construire sa carrière
    Mr Attali a beaucoup d’affinités avec Mr Macron. Donc ce n’est peut-être pas l’homme que vous espérez.

  2. Posté par Vautrin le

    Marion… La plus sublime figure des patriotes. Elle a raison de prendre du champ : nous sommes au milieu d’un panier de sales crabes pour qui le “struggle for life”, entendons la “lutte des places” est l’alpha et l’oméga; il n’y a rien à tirer de ce sordide mic-mac où la bassesse et la veulerie règnent.
    Un jour, je l’espère, Marion nous reviendra. Je ne serai peut-être plus de ce monde pourri, mais c’est presque certain. Car il ne peut y avoir de “consensus” (comme ils disent) à propos de l’abandon de l’identité et de la culture. Il viendra forcément un moment où une fraction du Peuple regimbera et prendra les armes. Il n’y a pas d’autre moyen : l’élection de Macron révèle le trucage des élections au point que je n’hésite pas à parler de coup d’État. La cohabitation forcée avec le barbare ne pourra pas se passer sans heurts violents, ou alors c’est à désespérer des hommes.
    Alors Marion reviendra, car tel est son destin, combattre dans les rangs des patriotes.

  3. Posté par Aude le

    Marion à mille fois raison…..il n’y a pas d’autres issues pour un renouveau……
    Tant que la droite souverainiste se disputera…..Macron tiendra le Pouvoir….et bye bye la France!!!!!!!

  4. Posté par aldo le

    Dommage pour le F.N. MMLP et une victime d’une appropriation du F.N. par des ambitions qui s’écartaient d’une ligne droite. Il y a eu une dérégulation du F.N. avec la soi-disante dédiabolisation à un moment ou les extrémistes islamistes colonisaient le pays avec la complicité des traître UMPS-LRPS et qui maintenant fusionne dans La République En Marche au pas de l’oie.
    Le F.N. a été victime des milliards qui coulent dans les médias à la botte d’un pouvoir politique occculte, qu’ils viennent de France comme de l’U€RSS. Ce sont les Pravdas qui ont coulé le F.N..
    C’est tout le problème des démocraties qui se font damé le pion par cette collusion et coalition permanente, avec ses vérités et surtout ses occultations sur l’invasion islamique et ses conséquences néfastes et criminelles.
    On peut comprendre d’une certaines manière que les gens du F.N. regardent et écoutent beaucoup moins les médias hostiles que la moyenne des Français. C’est dans cette différence que s’est située cette défaite de la Présidentielle, sans compter les tricheries de tout ordre qui comptent aussi beaucoup sur cet échec tout relatif.
    Ainsi, pendant que le F.N., s’attachait à la dédiabolisation, les médias ont sur-exploité la peur vis-à-vis du retour du franc, car cette option demande un minimum de pédagogie alors que les niveau intellectuel moyen des Français est en chute libre.
    Cette option du retour du franc est la seule possible clé d’une véritable reconstruction de la France. Mais les cornichons ont regardé leur petit nombril: ” Il va falloir faire du change pour aller à l’étranger… c’est fatiguant et ça coûte”. Parce que reprendre en main un pays qui s’écroule c’est secondaire pour le petit pois qui leur sert de cerveau.
    Le F.N. dans cette affaire du retour du franc n’a pas compris le distance qu’il y avait entre le peuple pas très dégourdi et sa conviction du bien fondé de cette option impérativement nécessaire, parce qu’ils l’ont étayée, étudiée mais n’ont pas pu le faire savoir suffisamment à l’exterieur à cause de ces médias traîtres.
    Quand les médias affirmeront qu’on ne peut pas dédiaboliser les diablotins du F.N., alors le F.N. pourra enfin gagner ses batailles. Mais à ce jour les médias préfèrent nous parler de sauvageons, même lorsqu’ils sont des trafiquants de drogues, des esclavagistes de la prostitution, des tueurs de civils ou de flics dont une grande majorité est embrigadée dans l’islamisme. C’est là que l’on découvre le caractère scélérat de l’inaction des médias aux profits exclusifs des crapules, avec une majorité de soutiens occultes de l’UMPS-PLRPS et maintenant avec La République en Marche qui continue de cultiver et maintenir les illusions.

  5. Posté par Claire le

    L’union des droites est de toute évidence la chose la plus intelligente à faire. C’est aussi une urgence absolue. Malheureusement, grâce aux manœuvres remarquables de Macron et de sa clique, la droite classique est divisée (une partie à la gamelle Macron, le reste déstabilisé en attendant les législatives), le FN également, l’union MLP/NDA a fait long feu. Bref, c’est un désastre. On sait depuis Guy Mollet que la France a la droite la plus bête du monde et ça n’a pas l’air de vouloir s’améliorer.
    Pendant ce temps-là le pays s’enfonce de plus en plus, et l’européisme fédéraliste et islamophile de Macron et de ses ministres ne risque pas de redresser la situation, bien au contraire.
    Il faudrait vraiment qu’émergent à droite des cerveaux de la qualité d’Attali et Mitterrand, ayant à la fois une vision, une stratégie efficace (CF la diabolisation du FN qui a rendu impossible l’union des droites) et une volonté d’agir.
    On attend encore, et on ne voit rien poindre à l’horizon.

  6. Posté par Palador le

    Poutine, un modèle pour tout les pays européens : ne jamais céder à de fausses tolérances. L’Australie et la Russie les derniers blancs ?

  7. Posté par Nicolas le

    Belle dame.

  8. Posté par Bernard Lebiguot le

    Magnifique Marion ! Sans doute la plus brillante de tous les élus. Elle pourrait bien présider un jour – et avec quel brio – au destin de la France. Marion parle de notre culture avec beaucoup de finesse alors que certains osent affirmer que cette culture n’existe pas ! Ayons en mémoire ces mots de Poutine concernant une autre prestigieuse culture, la culture Russe : “LE DISCOURS LE PLUS COURT JAMAIS PRONONCE
    par Vladimir Poutine
    Le temps est venu pour nos leaders élus de prêter attention au conseil de Vladimir Poutine.
    Est-ce si effrayant que cela ?
    Vladimir Poutine, le Président russe, s’est adressé à la Dūmā relativement aux rapports tendus avec des minorités en Russie :
    – “En Russie chacun doit vivre comme des russes. N’importe quelle minorité, de n’importe où, si elle veut vivre en Russie, marcher et manger en Russie, devrait parler le russe et devrait respecter les lois russes.
    S’ils préfèrent la Loi de la Charia et vivre selon les préceptes musulmans alors nous leur conseillons d’aller vivre là où telle est la loi nationale.
    La Russie n’a pas besoin de minorités musulmanes.
    Les minorités ont besoin de la Russie et nous ne leur accorderons pas de privilèges spéciaux ni n’essaierons de changer nos lois pour les adapter à leurs désirs, peu importe leurs hurlements contre notre prétendue ‘discrimination’.
    Nous ne tolérerons pas de manque de respect à notre culture russe.
    Nous devrions savoir tirer les conséquences des suicides de l’Amérique, l’Angleterre, la Hollande et la France, si nous voulons survivre en tant que nation.
    Les musulmans reprennent ces pays mais ils ne prendront pas le contrôle de la Russie ..
    Les coutumes russes et nos traditions ne sont pas compatibles avec leur manque de culture ou leurs coutumes primitives.
    Lorsque cette honorable assemblée pense à créer de nouvelles lois, elle doit prendre essentiellement en considération l’intérêt national russe et, considérant que les minorités musulmanes ne sont pas des russes, elle ne doit pas prendre en compte la Charia, la loi des musulmans. »
    C’est par une ovation debout de cinq minutes que les membres de la Dūmā ont salué ce discours de Vladimir Poutine. Cette façon de voir l’immigration, est loin de ressembler au point de vue de nos dirigeants

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