Indonésie: Le gouverneur chrétien accusé de blasphème a été condamné à 2 ans de prison. Son crime? Avoir cité une sourate du Coran. [MàJ: Vidéo des manifestants avec le drapeau du jihad]

Le gouverneur chrétien Ahok a été jugé coupable de blasphème.

Basuki Tjahaja Purnama, battu fin avril aux élections, est encore en poste jusqu’en octobre. Il est issu de la minorité chrétienne.

Deux ans de prison. La sévérité du verdict rendu, mardi 9 mai, par les juges d’un tribunal de Djakarta, où était jugé pour blasphème le gouverneur Basuki Purnama, a surpris tout le monde. Le 20 avril, au lendemain de la défaite de ce dernier aux élections, alors qu’il briguait un second mandat, les procureurs avaient abandonné les charges de blasphème contre ce politicien d’origine chinoise et de confession protestante. Ils n’avaient requis qu’une peine d’intérêt général, avec un an de mise à l’épreuve.

Mardi, les juges ont cependant estimé, comme l’a affirmé l’un deux, que le gouverneur est d’autant plus coupable qu’il n’a pas fait montre d’un sentiment de « culpabilité », ses « déclarations [ayant] blessé les musulmans ».

Les juges ont demandé à ce qu’« Ahok » – surnom chinois du gouverneur – soit immédiatement incarcéré. Il a aussitôt dit qu’il allait faire appel. Normalement, en dépit de son échec aux élections, le gouverneur ne devrait pas quitter ses fonctions avant octobre.

A l’extérieur du tribunal, des manifestants vêtus de la robe blanche des islamistes ont bruyamment manifesté leur approbation aux cris de « Dieu est grand » ; même si certains, compte tenu du fait qu’une accusation de blasphème peut être punie de cinq ans de prison, ont estimé que le verdict était encore trop clément.

Franc-parler

A l’automne 2016, Ahok avait eu l’imprudence de citer une sourate du Coran pour critiquer certains de ses adversaires qui s’efforçaient de convaincre l’électorat musulman de ne pas voter pour lui parce qu’il est chrétien. Lors d’une réunion de campagne électorale, le gouverneur, connu pour son franc-parler, avait cité la sourate 51, qui met en garde les musulmans contre une trop grande proximité avec les chrétiens et les juifs.

Immédiatement, islamistes et adversaires politiques crièrent au blasphème et portèrent l’affaire devant les tribunaux. Les partisans de Basuki Purnama, dont certaines autorités musulmanes, estiment cependant qu’il n’a pas blasphémé, mais reproché à ses détracteurs, précisément, d’utiliser contre lui les recommandations de la sourate, sans lui-même outrager le livre saint.

Il était trop tard : en dépit de son alliance avec le président de la République, Joko Widodo, qu’il avait remplacé comme gouverneur après l’accession de ce dernier au poste de chef de l’Etat en 2014, l’exploitation politique de l’histoire a contribué à enflammer les esprits, permettant aux concurrents d’Ahok de jouer sur les sentiments de l’électorat musulman conservateur et de lui faire perdre les élections.

Alors qu’il était crédité de 70 % des suffrages avant l’affaire, Ahok a été battu par son adversaire Anies Baswedan, un intellectuel qui a usé de démagogie électorale d’inspiration religieuse auprès des islamistes. Ce dernier a remporté le second tour du scrutin du 19 avril avec 58 % des voix.

« Qu’arrivera-t-il aux autres ? »

Ce verdict n’est qu’un signal parmi d’autres de la façon dont la version indonésienne de la laïcité est bousculée par les extrémistes, qui veulent faire évoluer le caractère traditionnellement tolérant et ouvert du plus grand pays musulman de la planète.

« C’est un triste jour pour l’Indonésie, a regretté Andreas Harsono, de la section indonésienne de l’ONG Human Rights Watch. L’affaire Ahok est le cas de blasphème le plus important de l’histoire de l’Indonésie [indépendante] ; Ahok est le gouverneur de la capitale de l’Indonésie, et un allié du président. Si un homme comme lui est envoyé en prison, qu’arrivera-t-il aux autres ? »

Une centaine d’Indonésiens ont été punis pour blasphème en Indonésie ces dix dernières années. L’acquittement n’est presque jamais prononcé pour un tel « crime ».

Source et article complet

4 commentaires

  1. Posté par TulliaCiceronis le

    Votre remarque est appréciable ! (ce que n’était pas mon pluriel…)

  2. Posté par Panache l'Écureuil le

    @TilliaCuceronis:
    Tout à fait d’accord avec vous et merci de citer le livre de Gouguenheim. Il n’est jamais trop tard pour remettre les pendules à l’heure, ce que font depuis des lustres, voire des décennies, des historiens intègres et courageux -du courage, il leur en faut en effet!- qui n’égrènent pas tous les psittacismes à la mode dans le seul but de flatter les mahométans.

  3. Posté par TulliaCiceronis le

    “Le monde musulman du moyen-âge, alors bien plus avancé que le monde chrétien”. “Répétez mille fois une fausseté, elle deviendra une vérité”. Combien de temps encore nous servira-t-on cette fable qui pousse à s’esclaffer le moins “avancé” même des perroquets ? Ceci dit, ceux qui auraient quand même quelque doute sur la véracité/fausseté de cet indécrottable lieu commun liront avec profit “Aristote au mont Saint-Michel” (2008) du médiéviste Sylvain Gouguenheim.
    Et, au détour du “dossier de l’affaire” ils pourront apprécier à leur juste valeurs les méthodes employées par des “intellectuels” pour discréditer sa pensée.

  4. Posté par Roland le

    Big Brother….rappelez vous et reliser ce chef-d’oeuvre qu’est 1984! Ou encore son remake ”2084” écrit par Boualem Sansal, écrivain Algérien courageux. L’Islam radical est un outil infaillible pour imposer une dictature implacable, ne laissant aucune place à la moindre critique! Comment peut-on accepter que quelqu’un soit condamné parcequ’il a cité un verset du Coran, sans même le déformer? Le monde musulman du moyen-âge, alors bien plus avancé que le monde chrétien, était 100 fois plus tolérant que ceux qui aujourd’hui veulent imposer la charia!

Et vous, qu'en pensez vous ?

Poster un commentaire

Votre commentaire est susceptible d'être modéré, nous vous prions d'être patients.

* Ces champs sont obligatoires

Avertissement! Seuls les commentaires signés par leurs auteurs sont admis, sauf exceptions demandées auprès des Observateurs.ch pour des raisons personnelles ou professionnelles. Les commentaires sont en principe modérés. Toutefois, étant donné le nombre très considérable et en progression fulgurante des commentaires (259'163 commentaires retenus et 79'280 articles publiés, chiffres au 1 décembre 2020), un travail de modération complet et exhaustif est totalement impensable. Notre site invite, par conséquent, les commentateurs à ne pas transgresser les règles élémentaires en vigueur et à se conformer à la loi afin d’éviter tout recours en justice. Le site n’est pas responsable de propos condamnables par la loi et fournira, en cas de demande et dans la mesure du possible, les éléments nécessaires à l’identification des auteurs faisant l’objet d’une procédure judiciaire. Les commentaires n’engagent que leurs auteurs. Le site se réserve, par ailleurs, le droit de supprimer tout commentaire qu’il repérerait comme anonyme et invite plus généralement les commentateurs à s’en tenir à des propos acceptables et non condamnables.

Entrez les deux mots ci-dessous (séparés par un espace). Si vous n'arrivez pas à lire les mots vous pouvez afficher une nouvelle image.