D’éminentes figures religieuses et politiques tchétchènes ont promis de châtier les responsables de ces révélations, « où qu’ils soient et sans délai. »
Le 1er avril, Novaïa Gazeta nous ouvrait les yeux sur le cauchemar des homosexuels et présumés en Tchétchénie : plusieurs centaines d’arrestations depuis le seul mois de février, des hommes entassés dans des prisons secrètes et servant d’appât numérique pour capturer d’autres victimes. Mais aussi des tortures, des humiliations et du chantage primaire commandés par les autorités tchétchènes. Ainsi qu’au moins trois meurtres dont Novaïa Gazeta affirme détenir les preuves, tout en craignant un chiffre bien plus grand dans cette région du Caucase qui pratique toujours le « crime d’honneur ».
Les photos des blessures et les témoignages glaçants des rescapés ont depuis fait le tour du globe grâce à l’emballement des médias internationaux, bouleversant l’opinion publique et poussant les politiques à s’exprimer. Mais le journal lanceur d’alerte est désormais dans une situation dramatique.
Traquer et punir les « ennemis de la patrie »
Novaïa Gazeta révélait hier qu’une réunion d’urgence s’est tenue le 3 avril (soit 48 heures après la publication du premier article choc) à Grozny en Tchétchénie. « Des représentant de l’opinion publique, des représentants religieux, ainsi que les représentants des 24 wird [sous-branche d’une confrérie soufie, ndlr] » se sont rassemblés dans la mosquée centrale de la capitale (en couverture) pour discuter de ces révélations déjà portées en dérisions par les porte-paroles officiels de cette république constitutive de la Fédération de Russie.
Toujours selon le journal, un total de 15.000 personnes se serait pressé dans le lieu de culte surnommé « le cœur de la Tchétchénie », dans ce territoire à majorité musulmane. Au cours de cette réunion exceptionnelle, le journal a de nouveau été accusé de « calomnie » et tous ses employés ont été qualifiés d' »ennemis de notre foi et de notre patrie » par Adam Chakhikov en personne, conseiller du président tchétchène Ramzan Kadyrov. Surtout, la réunion a conclu à la résolution suivante :
Étant donnée les insultes subies envers les traditions, les fondements de la société tchétchène, et envers la dignité des hommes tchétchènes, nous promettons que les instigateurs subiront un châtiment, où qu’ils soient et sans délai de prescription.
Ces déclarations ont été relayées par les télévisions locales et font actuellement le tour des réseaux sociaux, attisant l’atmosphère de terreur. Le Grand Mufti tchétchène, qui représente la plus haute autorité religieuse du pays, a joint sa parole à ces menaces, rapporte un autre journal russe.
Encore une mahométerie qui n’a surement rien rien à voir avec l’islam.