Voici un premier papier inspiré des commentaires de "stratediplo" dans "La huitième plaie". Ce livre est en effet très intéressant. Voir à ce sujet la vidéo de Michel Drac : https://www.youtube.com/watch?v=62kYzjbwEXU
Dans son livre "La huitième plaie" (à commander sous www.lulu.com/fr), le polémiste "stratediplo" revient sur les journées cruciales des 12 et 13 septembre 2015, lorsque des centaines de milliers d'immigrants, de clandestins et quelques vrais réfugiés se sont précipités sur l'Allemagne à la suite de la décision d'Angela Merkel de ne plus appliquer les accords de Dublin et donc de ne plus refouler ces envahisseurs illégaux qui avaient déjà mis pied dans la zone Schengen et se trouvaient donc en sécurité. Le livre de Robin Alexander "L'Engrenage : Merkel et la politique d'asile", que nous avons déjà présenté ici, rappelle que devant l'inflation du raz-de-marée d'intrusion illégale et l'explosion simultanée de la criminalité en Bavière, le gouvernement bavarois avait poliment demandé au gouvernement fédéral allemand la fermeture des frontières. Celui-ci prépara l'armée et réquisitionna des milliers de fonctionnaires dans ce but, mais au dernier moment n'appliqua pas les mesures qu'il avait décidées, aucun membre du gouvernement ne voulant prendre la responsabilité d'en donner l'ordre, Merkel en tête, qu'on soupçonne d'avoir agi avec préméditation pour tromper ses sujets bavarois.
Ce que, selon "stratediplo", Robin Alexander ne souligne pas, c'est que le gouvernement fédéral envoya en Bavière la police anti-émeutes, spécialisée dans la canalisation et la dispersion de foules par la force, mais évidemment moins formée aux contrôles individuels d'identité que la police urbaine. Le gouvernement allemand a pourtant rapidement montré n'avoir eu aucune intention de déployer un cordon de force à la frontière mais seulement quelques postes d'enregistrement administratif volontaire. Il voulait faire diffuser les images de fonctionnaires enregistrant les numéros de pièces d'identité des 10% d'immigrants souhaitant obtenir un tampon, mais il voulait éviter la moindre image de violence avec les 90% d'intrus préférant éviter le contrôle.
On peut se demander pourquoi le gouvernement allemand a choisi d'envoyer la police anti-émeutes sous commandement du ministère fédéral de l'intérieur plutôt que des effectifs de police urbaine, qui pratiquent tous les jours le contrôle pacifique de documents d'identité, et qui auraient pu être détachés auprès de la police bavaroise pour être déployés en renforcement de celle-ci. Car l'Allemagne fédérale n'est pas une république à la française, centralisée par une révolution qui a aboli les provinces, c'est une fédération d'Etats ayant conservé des gouvernements autonomes avec des compétences (au sens de capacité comme au sens de responsabilité) réelles, comme justement la police. Le maintien de l'ordre, qui inclut le contrôle d'identité et l'imposition de la loi, relève localement de la compétence du gouvernement bavarois et n'a pas été déféré au gouvernement fédéral. La Bavière demandait un renforcement de ses moyens propres, pas une intervention fédérale sur son territoire, dans ses gares et à ses carrefours. Elle voulait l'autorisation de rétablir le contrôle des étrangers au même titre qu'elle contrôle ses habitants, pas la confiscation inopérante de sa frontière, et certainement encore moins l'imposition par un déploiement fédéral du maintien de l'ouverture de la frontière au prétexte de l'enregistrement d'un dixième des entrants.
Robin Alexander, très familier de la classe politique, suppose qu'aucun membre du gouvernement allemand ne souhaitait endosser la responsabilité personnelle d'obéir à l'ordre (dont il assure qu'il était clair) de fermer la frontière, comme promis la veille au soir au président bavarois par la chancelière fédérale. Il précise que le ministre de l'intérieur Thomas de Maizière avait cependant d'abord rédigé, selon les décisions prises le samedi soir devant le président bavarois, un brouillon d'ordre d'opérations prévoyant le refoulement de toute personne non porteuse des justificatifs nécessaires à l'octroi du statut de réfugié. Puis lorsqu'il l'aurait soumis par téléphone à la chancelière le dimanche matin, celle-ci aurait prétexté qu'elle ne voulait pas prendre le risque qu'on publie des images d'usage de la force envers les milliers de candidats à l'intrusion illégale, et elle aurait exigé qu'on laisse passer tous les arrivants, y compris ceux ne pouvant pas entrer légalement dans la catégorie de réfugiés car provenant de pays sûrs (Autriche, dans le cas de 100% des migrants se présentant à la frontière austro-allemande). Le ministre aurait donc alors révisé sa copie. Et en effet, les consignes très claires données le 13 septembre par le ministre de l'intérieur à la police fédérale, déployée pour enregistrer les documents d'identité, étaient de maintenir coûte que coûte la frontière ouverte en ne refoulant personne.
Rappel : Ceci a été bien résumé par la presse autrichienne, reprenant des informations données par le Bild Zeitung.
Traduction (Claude Haenggli) : Le 13 septembre 2015, il avait été décidé que l'Allemagne ferme ses frontières. Le ministre de l'Intérieur Thomas de Maizière avait fait transférer durant la nuit précédente en Bavière, en partie par hélicoptères, 21 unités de la police fédérale. L'ordre de marche précisait que les étrangers illégaux devaient être refoulés, même en cas d'une demande d'asile. Cependant, Angela Merkel fit biffer au dernier moment la mention « même en cas de demande d'asile ». Ainsi, les frontières allemandes restaient largement ouvertes pour tous ceux qui demandaient l'asile en arrivant.
Claude Haenggli, 15. 4. 2017
Ai-je été aussi peu clair dans mon article “soumission de la Bavière” commentant le livre de Robin Alexander, que dans la Huitième Plaie un an plus tôt ? Le 12 septembre 2015, la Bavière épuisée a annoncé le rétablissement de la frontière austro-bavaroise (et donc de sa souveraineté) à défaut de fermeture immédiate par la république fédérale. Le gouvernement fédéral a promis de fermer la frontière austro-allemande le lendemain. Dans la nuit il a dépêché une brigade militaire (et mis toute l’armée en alerte), plus la police anti-émeutes, donc des forces inadaptées au contrôle d’identité, et dès le matin il a montré qu’il entendait maintenir la frontière ouverte. L’armée et la police anti-émeutes n’avaient donc pas été envoyées pour arrêter les intrus (l’équivalent de trois brigades par jour) mais pour empêcher la Bavière de faire sécession lorsque sa population comprendrait, dès le dimanche 13, qu’elle venait d’être trahie par le gouvernement allemand.
J’ai fait l’acquisition de cet ouvrage peu de temps avant sa présentation par lesobservateurs.ch
L’auteur rappelle un certain nombre de notions (réfugiés, demandeurs d’asile, immigrants, migrant, droit d’asile, etc…), de faits, d’événements. Il mentionne Schengen/Dublin à plusieurs reprises et montre que des Etats de l’UE violent ces accords, que Monsieur Orban est tout-à-fait dans son droit, je dirai même dans le droit uniopéen en ce qui concerne ses actions aux frontières hongroises, qui sont également celles de l’UE.
Je reviendrai probablement commenter cet article pour rappeler les différents événements qui se sont passés depuis une dizaine d’années. Je rappelle qu’il avait déjà écrit un autre essai politique, “Le septième scénario”
http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/2016/02/des-livres-%C3%A0-lire-le-septi%C3%A8me-sc%C3%A9nario.html
Je ne peux terminer ce commentaire sans omettre le blog de l’auteur:
http://stratediplo.blogspot.ch/