« Roumanie : de l’Europe à deux vitesses à l’Europe de la double peine »

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Par Modeste Schwartz.

Roumanie – Non seulement l’UE se comporte avec tous les pays périphériques comme une métropole coloniale (voire pire, si l’on considère que la France, par exemple, a doté ses colonies africaines d’infrastructures ; en Roumanie, les trains roulent actuellement un peu plus lentement qu’à l’époque austro-hongroise…), mais, surtout depuis la défection de l’« arbitre » britannique, qui réussissait par moments à imposer un minimum de bon sens à la table des négociations franco-allemandes, elle commence à ressembler comme deux gouttes d’eau à son illustre prédécesseur, l’Empire d’Autriche Hongrie. A la question « qu’est-ce qu’un européen », depuis le Brexit, on peut répondre en parodiant le célèbre mot de Musil : « c’est un allemand, plus un français, moins le français ». Non seulement les divergences d’intérêt de ce monstre bicéphale lui interdisent toute stratégie à long terme, mais elles commencent même à affecter son efficacité tactique.

Ainsi, en Roumanie, la Reich-chancelière Merkel, par ses représentants officiels et officieux, soutient le Parti (nominalement) National et (nominalement) Libéral du président Klaus Johannis, lequel, au côté des organisations Soros et des services secrets jadis contrôlés par Washington (et orphelins de père depuis décembre dernier), s’efforce, au mépris du vote populaire et de la constitution, de faire tomber le gouvernement social-démocrate de S. Grindeanu, coupable (avec la complicité des gouvernements PSD précédents) d’avoir presque doublé le SMIC (qui atteint désormais la somme mirobolante de 300€), sans respect pour les profits du secteur manufacturier (à capital majoritairement allemand), qui dépassaient jusqu’ici le double de la moyenne européenne.

Or, ce même Johannis, conscient d’avoir (en dépit de son appartenance à une minorité ethnique) un électorat en partie nationaliste (quoique aussi occidentaliste et russophobe), et quelques soutiens dans les rangs du capitalisme local, avait, en juillet dernier, ratifié la proposition de loi d’un élu local PSD, visant à imposer un quota de produits locaux en circuit court dans la grande distribution, suscitant aussitôt l’ire des grandes chaînes de supermarché (pour la plupart françaises) implantées en Roumanie. Le lobby de la grande distribution a repris le dossier, apparemment convaincu qu’un oligopole de grands distributeurs est mieux à même de protéger la « liberté du consommateur roumain » (sic) que le gouvernement élu par ce même consommateur. Résultat : la Commission Européenne vient d’annoncer le lancement d’une procédure de sanctions contre la Roumanie (et la Hongrie, qui a adopté des lois similaires). La Roumanie risque donc une amende de 1.8 millions d’euros (plus 130 000€/jour de retard dans la mise en conformité), pour avoir voulu privilégier les circuits court, marotte de la plupart des mouvements écologistes d’Europe, généralement violemment europhiles (au point que certains ont même intégré cette profession de foi à leur nom de parti…).

Et Bruxelles, sous pression d’un lobby représentant principalement des capitaux français (avantagés par les politiques de relance par la demande du gouvernement Grindeanu), s’apprête à sanctionner une décision « protectionniste » de la présidence Johannis, pendant que Berlin incite le même Johannis à déposer ce même gouvernement Grindeanu, coupable de mettre en œuvre… ces mêmes politiques de relance par la demande. On attend impatiemment les batailles de catch entre commissaires, sur le modèle de la Rada ukrainienne.

Cela dit, voyons le bon côté des choses : d’après mes sources, pour l’instant, J. Cl. Junker n’a pas l’intention de faire élire son cheval euro-parlementaire. Il aurait trop peur de se le faire voler.

 

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