Aux racines de l’islam radical bruxellois

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L’historienne Monique Renaerts et le policier fédéral Frédéric Somville témoignent à la commission attentats.

L’islam radical bruxellois a été influencé par trois groupes : le mouvement pakistanais du Tabligh, la mouvance syrienne des Frères musulmans et le wahhabisme saoudien. Ces groupes ont favorisé un repli identitaire en s’appuyant sur un discours de victimisation, ont indiqué lundi deux experts qui s’exprimaient devant la commission d’enquête parlementaire sur les attentats.

"L’islam en région bruxelloise, c’est trois mouvements qui l’ont créé : le Tabligh dans les années 70, les Frères [musulmans] dans les années 80 et le wahhabisme à travers la grande mosquée du Cinquantenaire", a expliqué Frédéric Somville, un policier fédéral spécialiste de l’islam, coordinateur de la task force Radicalisme de la Région bruxelloise jusqu’à l’an dernier.

Une rare connexion en Belgique

Le premier indice remonte à 1958 quand des étudiants ou réfugiés syriens ont formé une cellule de Frères musulmans avec des réfugiés d’origine albanaise, a précisé Monique Renaerts, islamologue et historienne. L’influence saoudienne s’y est ajoutée à partir des années 70 de telle façon que la Belgique est devenue "le seul pays où il y a une connexion entre le wahhabisme et les Frères musulmans".

Ces groupes n’ont pas cessé de vouloir prendre le contrôle des mosquées par des "OPA" sur les conseils d’administration. Des collectes étaient faites pour le Front islamique du salut (FIS) algérien, la Bosnie ou l’Afghanistan. "C’était difficile pour les responsables de mettre les gens à la porte, se souvient Monique Renaerts. Fin des années 80, toute une génération de jeunes a été mise sur pied. Ces mouvements n’avaient rien de djihadistes. Mais ils ont créé un sentiment de victimisation qui a poussé certains jeunes au djihadisme."

Aujourd’hui, les mosquées ne sont plus un lieu d’embrigadement "car elles savent qu’elles sont surveillées", dit-elle. Mais comment la Sûreté peut-elle contrôler ce qui se dit dans les 170 mosquées bruxelloises ?, s’est interrogé Frédéric Somville.

Sur la "déradicalisation", l’un et l’autre estiment que c’est à l’école, dès le plus jeune âge, que les enfants doivent apprendre qu’ils ne vivent pas dans un monde binaire, entre licite et illicite, croyants et incroyants. Les assistants sociaux peuvent être utiles, mais le problème est que beaucoup croient par leur formation que le djihadisme dépend de facteurs sociaux et économiques, et non religieux, estime Mme Renaerts.

Et puis il y a la question des moyens à la police. "Depuis les attentats, le judiciaire passe avant la prévention. Des agents des zones de police locales ne vont plus dans les manifestations, dans les rassemblements, mais s’occupent du volet judiciaire", a ajouté l’officier de police.

"Avez-vous été surpris par les attentats ?", leur a demandé Meryame Kitir (SP.A). "Non, a répondu l’historienne. Je me demandais pourquoi ces attentats n’étaient pas intervenus plus tôt". "Oui, a rétorqué le policier fédéral. La plupart de ces groupes extrémistes trouvaient la Belgique extrêmement accueillante". Ce fut leur seul point de désaccord.

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