De notre correspondante à Beyrouth. – « La situation sur le terrain a changé de façon spectaculaire et la Turquie ne peut plus insister sur un règlement sans Assad. Nous pensons aux souffrances du peuple syrien, aux tragédies… Assad est clairement responsable mais nous devons être pragmatiques et réalistes. »
Le président turc et son Premier ministre n’ont toujours pas réagi à cette déclaration d’un haut responsable turc à la presse, Mehmet Simsek, au Forum économique mondial de Davos. Cette petite phrase prononcée à quelques jours des négociations d’Astana indique un fléchissement des positions catégoriquement pro-opposition de la Turquie et confirme un net rapprochement entre Moscou et Ankara quant à la question syrienne.
Alors qu’au moins cinq soldats turcs ont trouvé la mort dans une attaque à la voiture piégée revendiquée par l’EI et que d’autres auraient été brûlés vifs depuis le début de l’année, Mehmet Simsek a réaffirmé que la priorité demeure la lutte contre les organisations terroristes. Pour sa part, dans une interview accordée à la chaîne de télévision japonaise TBS, Bachar el Assad a appelé les groupes rebelles à accepter le principe d’une reddition complète en échange d’une amnistie générale et rejeté catégoriquement toute suggestion d’un gouvernement de transition : « Il n’y a rien dans notre Constitution qui s’appelle un gouvernement de transition. »
Sur le terrain militaire, l’enclave gouvernementale de Deir Ez Zor et ses 100 000 habitants subissent un siège de plus en plus violent de la part du groupe Etat islamique (voir Présent du 20 janvier). Alors que la population et les soldats de l’armée syrienne craignent des massacres de masse si le groupe terroriste parvenait à s’emparer de la ville, le spectre de la famine s’étend également sur l’agglomération, le Programme alimentaire mondial ayant décidé d’interrompre ses largages de denrées alimentaires en raison de l’intensité des combats. Selon le site d’information local Deir Ez Zor 24, au moins dix militaires faits prisonniers ces derniers jours auraient été exécutés, écrasés sous les chenilles des chars.
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