L’alliance de l’Occident avec tel ou tel pays musulman, cette alliance doit être considérée comme une alliance tactique à court terme, même si elle est renouvelable pendant un certain laps de temps, mais pas comme une alliance globale à long terme. De façon plus détaillée, il s'agit, primo, de cesser d’appréhender, d’une part, l’islam en terre d’islam ; et d’autre part, l’islam en Occident. Car il s’agit, dans les deux cas, du même islam, du même coran et des mêmes hadîths. Le discours "islamophile" (du genre "l'islam, une chance pour la France") ne changera rien à cette réalité.
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Secundo, en Occident, l’islam doit respecter l’ordre constitutionnel et laïc. Les zones de non-droit sont à remettre au pas, par la force légale et par le droit. En outre, l'Occident doit exiger de la part des pays musulmans qu'ils pratiquent la réciprocité : si le musulman bénéficie de la liberté religieuse chez nous, alors le chrétien en terre d'islam doit bénéficier de cette même liberté religieuse dans les pays musulmans.
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Tertio, l’alliance de l’Occident avec tel ou tel pays musulman, cette alliance doit être considérée comme une alliance tactique à court terme, même si elle est renouvelable pendant un certain laps de temps. Quarto, l’Occident doit admettre, une bonne fois pour toutes, que l’islam est imprévisible ; et que par conséquent, la stratégie globale à moyen et long terme de l’Occident, face à l’islam, reste, essentiellement, un ensemble de tactiques à court terme, modifiables à tout instant.
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Quinto, l’Occident a tout intérêt à maintenir un équilibre des forces entre islam sunnite et islam chiite. Et si les deux branches de l’islam, la branche sunnite et la branche chiite, sont en guerre, l’Occident doit apprendre à en tirer profit. Car le temps que ces deux branches consacrent à se combattre signifie un temps de répit pour l’Occident. En clair, l'Occident devrait oser la question suivante : des musulmans tuent d'autres musulmans ; et nous, en tant que non-musulmans, en quoi cela nous concerne-t-il ?
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Pour conclure avec un sujet complexe, à savoir la Syrie, je dois admettre que la crise syrienne me pose un problème. Je n'ai jamais eu la moindre sympathie pour le clan Assad. Notamment parce que j’ai vu de mes yeux les monstruosités perpétrées par le clan Assad contre les Chrétiens au Liban dans les années 1980. Cela dit, lorsque quelques années plus tard, dans les années 1990, je me suis rendu en Syrie, j’ai été bien obligé d’admettre que la situation des Chrétiens y était bonne.
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C’est un paradoxe typiquement levantin. Le clan Assad a voulu chasser les Chrétiens du Liban afin de pouvoir annexer ce pays. Et ce même clan Assad, dans son propre pays, la Syrie, a ménagé - et ménage encore - les minorités, y compris les minorités chrétiennes, du fait que ce clan est, lui aussi, une minorité, en l'occurrence une minorité alaouite issue du chiisme, dans un pays majoritairement sunnite de tendance islamiste (à ce propos, on parle de sunnites islamistes "modérés" et c'est une sinistre plaisanterie).
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Je sais très bien qu’actuellement le clan Assad fait à son propre peuple ce qu’il avait déjà fait pendant plus de quinze ans aux Chrétiens libanais. Du reste, à l’époque, j’étais très seul dans ma défense de ces Chrétiens libanais, persécutés dans leur propre pays, et dont le sort, laissait le monde entier indifférent. En résumé et en conclusion, je ne peux pas, aujourd’hui, prendre parti contre le clan Assad, car si un Califat islamique sunnite lui succède, ce sera le chaos islamique, les chrétiens de Syrie, d'Irak et du Liban n’auront plus qu’à faire leurs valises. Et qui les accueillera ? Personne.
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Michel Garroté pour https://lesobservateurs.ch/
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Et vous, qu'en pensez vous ?