Allemagne: Un professeur d’allemand avoue “Sur mes 12 élèves migrants, seuls 2 vont réussir.” (Audio traduit en français)

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Traduction de l’émission radio « Echo der Zeit » sur SRF1 abordant le thème des classes de Bienvenue en Allemagne :

Presque 900’000 migrants et réfugiés sont venue en 2015 en Allemagne. Cette année, d’après les estimations, ils seront encore une fois 300'000. Le premier pas logistique est réussi : tous ont un toit au-dessus de la tête. Cependant le processus de l’Intégration est actuellement bien plus difficile : pour ceux qui peuvent rester en Allemagne, mais aussi temporairement pour ceux qui doivent repartir à un moment donné ou tôt ou tard.

Correspondant de l’Allemagne Peter Vögeli a visité une classe de Bienvenue à Berlin Moabit au Gymnase « Tiergarten ».

Interview avec un professeur de l’école à Berlin, M. Axel Barmer, 62 ans. « L’école dans laquelle je travaille possède un taux très élevé d’élèves non natifs d’Allemagne (ne provenant pas d’Allemagne). J’estime ce taux à environ 80% ». Barmer n’est pas un enseignant quelconque. Durant de longues années, il a enseigné l’allemand comme langue étrangère. En France, en Ethiopie, en Roumanie et en Turquie. Depuis l’année passée, il travaille dans une classe dite « classe de Bienvenue ». Dans celle-ci sont accueillis des réfugiés, mais aussi des enfants des personnes migrantes ou immigrées avec des connaissances de langues insuffisantes qui apprennent intensivement l’allemand.

Dans la crise migratoire, Barmer s’est porté volontaire.

12 élèves sont dans la classe, ils ont entre 13 et 14 ans, venant de pays différents comme l’Afghanistan, la Croatie, la Russie. Concrètement parmi d’autres branches, les élèves ont 18 heures d’allemand intensif par semaine. Le but étant qu’après une année d’allemand, qu’ils arrivent à passer dans une classe nommée « Regelklasse », une classe ordinaire.

Il y a un vrai problème que même le professeur reconnait. Le bilan personnel est amer. Il est surpris de voir à quel point le Land de Berlin investit du temps, de l’argent et de l’énergie pour les classes de Bienvenue et au bout, il y a peu de résultat.

En vertu de son expérience surtout en Ethiopie, le professeur estime que ceci est faisable. Barmer est fasciné des résultats d’apprentissage de ses élèves en Afrique. Mais ici cela ne fonctionne pas.

M. Barmer poursuit : « Je ne peux que parler de mes élèves et donner une estimation : des 12 élèves qui sont dans ma classe, il y en a 2 élèves qui vont réussir pour l’été prochain ».

Le journaliste demande ce qui va se passer avec le reste des élèves. Barmer répond : « Les autres, oui, je ne sais pas ce qui va se passer avec ceux-ci. Un à moment donné, ils n’auront plus l’âge pour la scolarité obligatoire. Ils ne recevront pas de place de formation puisqu’ils n’auront pas achevé le parcours scolaire. S’ils ne peuvent ni écrire, ni lire correctement, ni parler l’allemand de manière correcte, ils n’auront aucune chance dans notre société ».

Le maître essaie aussi de leur enseigner ceci. « Beaucoup de langues, beaucoup de jobs, pas de langue, pas de job ». Cependant pour beaucoup, l’école est une place de jeu d’aventure. Nombre d’entre eux ont cru plus tard pouvoir garder la tête hors de l’eau en devenant vendeur de Kebab. Le père (qui détient un rôle d’éducation important auprès des garçons) manque souvent et la mère n’a aucune autorité. Mais si le père était en Allemagne, celui-ci conseillerait aux professeurs de frapper les élèves, ce qui n’est ni habituel ni autorisé ici.

À la place de cela, il y a des procédés compliqués. Axel Barmer fait allusion à l’exemple d’une conférence de classe, suite à une bagarre entre deux élèves.

Il explique : « Les parents doivent être présents, les représentants des élèves sont invités, les traducteurs (dans ce cas, c’était perse et arabe) doivent être sollicités, la direction de l’école doit être présente ainsi que l’ensemble de tous les collègues professeurs qui enseignent cette classe. Le temps d’entrée pour l’invitation est de 10 jours, c’est-à-dire que je dois annoncer cette conférence 10 jours avant et inviter toutes les parties concernées. Nous avons encore invité en plus un travailleur social et un psychologue de l’école.

Ainsi ils étaient tous présents : l’élève ainsi que les parents n’étaient pas là".

La sanction possible de ce procédé fastidieux aurait été un renvoi. Barmer continue : « Et que fait un élève arabe qui s’est battu et qui reçoit un renvoi, il ne comprend pas du tout ce que c’est. À la prochaine occasion, il jette le papier dans une poubelle.

« Il y aurait plusieurs raisons à ce manque de succès » déclare le professeur. (…) Mais les classes sont composées d’un mélange farouche de différents élèves : Des élèves surdoués ou des élèves avec un trouble d’apprentissage voire des élèves présentant un handicap d’apprentissage, des élèves avec de bonnes connaissance préalables et des analphabètes. Et non seulement l’histoire de guerre et de fuite, mais également les conditions des réfugiés à Berlin sont parfois très difficiles. Barmer joint un exemple : « Un de mes élève qui se fait remarquer m’a montré des photos de son hébergement. Le jeune a 15 ans et cohabite avec 7 hommes parlant l’arabe dans une pièce. Ils n’ont aucun endroit pour se retirer, il n’y a pas de parois de séparations entre les lits. Ce jeune de 15 ans m’a raconté que la nuit, il ne pouvait pas dormir parce qu’ils sont bruyants et qu’ils n’ont pas de rythme journalier réglé (ils viennent et partent quand ils le veulent) ».

Parfois les élèves ne viennent plus et cela dure des jours jusqu’à ce que l’administration de Berlin fasse des enquêtes. La direction de l’école est motivée, l’administration est plutôt dépassée. Par exemple, même après 3 mois, ils n’ont pu attribuer aucune place dans une classe ordinaire à un élève brillant.

Tous ces problèmes ne sont pas nouveaux et il y a une accumulation. Axel Barmer craint la création de sociétés parallèles, la formation de ghettos, lesquels existent jusqu’à maintenant en France mais pas en Allemagne. En Allemagne on parle encore d’Intégration, en France uniquement de sécurité.

Il y a aussi des exemples positifs d’une classe de Bienvenue. L'exemple d’une classe qui se trouve deux étages plus haut dans le même bâtiment de l’école Berlin Moabit. Les élèves provenant d’Europe de l’Est, du Portugal, d’Afghanistan et de Syrie parlent bien l’allemand ce qui est positif. Ce qui est touchant c’est leur grand engagement pour apprendre la langue afin d'atteindre leur but ; comme par exemple cette jeune fille originaire de Syrie qui veut devenir journaliste.

Deux étages plus bas, le professeur Barmer doit en même temps tirer un bilan dégrisant au sujet de l'un de ses élèves également originaire de Syrie. « Il est là depuis le mois de février et malgré un enseignement intensif (nous avons 18 heures d’allemand par semaine), en principe il ne sait rien ». Le professeur - expérimenté - suppose que cet élève a une difficulté d’apprentissage. Mais la psychologue de l’école, n’a rien pu constater et a délégué le problème en retour.

Après le grand état d’urgence de la crise migratoire en 2015 le quotidien en 2016 est difficile.

 

 

 

Source Traduction Schwarze Rose pour Les Observateurs.ch

2 commentaires

  1. Posté par Jeanne le

    On ne peut jamais prédire à l’avance ce que réserve l’avenir. En tant que professeur d’allemand, dire des mots de la sorte c’est honteux. Pour aider ce qui sont complexé pour apprendre la langue, faites appel à un professeur d’allemand particulier sur le site https://preply.com/fr/skype/allemande-tuteurs . Ces professeurs sont d’une grands aides pour l’apprentissage.

  2. Posté par RealrecognizeReal le

    Les allemands tout comme les européens de l’ouest, ont rejeté leur propres jeunes pour assurer leurs avenirs. Ils vont en payer le prix!

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