Trump : entre révolution et éviction

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Depuis le 8 novembre, Trump a travaillé sur un message simple : la libération de l’économie américaine et, par extension, la reprise économique mondiale. La bourse et les sondages sont au plus haut, comme si s’instaurait déjà une nouvelle ère. Une révolution…

Le futur président, en choisissant principalement des industriels, des banquiers et des militaires à la tête des administrations, a exprimé cinq principes, bien reçus :

– Le primat de l’« économie réelle » du citoyen (industrie, énergie, infrastructures) sur les cartels anti-entreprises de l’« économie distributive » des démocrates, sans oublier la renégociation de la politique des portes ouvertes de la Silicon Valley.

– Le retour à la realpolitik, alliant carotte et bâton, faisant de Trump l’héritier du président Théodore Roosevelt.

– La gestion préférablement « agonale » des conflits et rivalités internationales, contre toute dérive « polémologique ». La paix par la force…

– La réorganisation des bureaucraties gouvernementales, dominées par le copinage et ses incompétences.

– La purification des mœurs politiques, qui considèrent le pantouflage dans le secteur privé (industries, lobbying) comme un prolongement logique de carrière.

Restait à savoir qui serait son responsable de la diplomatie. Le Secrétariat d’État est en effet une forteresse « qui considère depuis cinquante ans avoir préséance sur le Président en matière de politique étrangère » (Newt Gingrich, Fox News, 12 décembre 2016).

Sur la recommandation de Condoleeza Rice (ancienne Secrétaire d’État de George Bush) comme de Robert Gates (Ministre de la Défense de George Bush comme de Barak Obama), Donald Trump a James Bakerchoisi de nommer cette semaine Rex Tillerson, le patron d’Exxon Mobil, au poste de Secrétaire d’État, choix immédiatement complimenté par un autre proche des Bush, James Baker.

Ce choix pétrolier intervient cependant au pic d’une campagne de déstabilisation lancée par les parlementaires Nancy Pelosi et Elizabeth Warren, suite à leur rencontre le 13 novembre avec George Soros, en compagnie de donateurs, à l’Hôtel Mandarin de Washington. L’objectif était, selon le journaliste Kenneth Vogel (Politico, 14 novembre), de « reprendre le pouvoir. »

S’est donc orchestrée sur quatre semaines une remarquable campagne qui a commencé par la dénonciation d’un coup d’État fasciste, accompagnée de troubles « spontanés » de l’ordre public, assaisonnés d’une attaque en règle contre les hérétiques médias sociaux « désinformateurs », tous assimilés à la Russie, chef d’orchestre présumée du Pearl Harbour électoral du 8 novembre 2016.

L’on a ainsi tenté de recompter les votes des états ouvriers du Rust Belt afin de vérifier si Poutine a bourré les urnes (et de retarder la certification des résultats), puis les membres du Congrès ont lancé le 9 décembre une demande d’enquête « bipartisane » sur les agissements de la Russie lors de l’élection, suite à deux articles du Washington Post et du New York Times faisant état des conclusions de « 17 agences de renseignements » quant à l’intention russe de faire élire Trump via leurs cyberattaques, tandis que Monsieur Obama, irrité de voir Trump déjà sauver des emplois sur simple coup de téléphone, ou de se comporter comme un Chef d’État en exercice, a demandé le 10 décembre aux services de renseignements de faire un état des lieux complet, avant son départ, des ingérences russes dans le processus électoral de la campagne présidentielle.

En choisissant Rex Tillerson, lequel avait été décoré par Poutine en 2012 après avoir négocié un accord énergétique de 500 milliards de dollars, Trump provoque une hystérie gigantesque, voire haineuse, car le PDG d’Exxon avait en effet dénoncé les sanctions antirusses (qui coûtent à Exxon un milliard de dollars par an). De quoi rendre malade les sénateurs républicains Lindsay Graham, John McCain, ou Marco Rubio, l’œil fixé sur la ligne bleue des pays baltes.

Rex Tillerson

Rex Tillerson

Assiste-t-on au montage d’un « coup d’État légal » sous prétexte d’intelligence avec l’ennemi ? Certains se réjouissent, comme le cinéaste Michael Moore, d’un impeachment inéluctable de Trump, ainsi méthodiquement « Saddamisé ».

Ou mieux encore, prévoit-on son éviction dès le 19 décembre lorsque le collège électoral, lui-même élu le 8 novembre dernier, désignera officiellement le Président ? Déjà certains Grands Électeurs (dont la fille de Nancy Pelosi), exigent des services de renseignement un rapport sur les interférences de la Russie avant ce vote crucial. Il suffirait ainsi de retourner un certain nombre de votes (comme de ne pas comptabiliser, faute de certification, les votes en cours de recomptage), pour que les électeurs désignent un candidat de compromis, par exemple le gouverneur républicain de l’Ohio, Kasich, un ancien de la banque Lehman Brothers…

En confirmant la nomination de Tillerson,Trump aura démontré sa détermination. S’il passe le cap du 19 décembre, les sénateurs devront alors ratifier ses nominations, dont celle du Secrétaire d’État. Aux républicains alors de choisir leur camp…

Si le règne d’Obama remonte déjà à un siècle, celui de Trump ne tient encore qu’à un fil.

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Philippe Randa,
Directeur d’EuroLibertés.

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