Un sondage de la Croix-Rouge montre qu'au cours des deux dernières décennies, il y a eu un changement dans l'attitude du public vis à vis de la torture. Si deux tiers des personnes interrogés aujourd'hui estiment que la torture est «inacceptable», plus de personnes acceptent le procédé qu'en 1999, quand la question porte sur un combattant ennemi.
Le sondage «People on War», réalisé sur 17 000 personnes dans 16 pays différents révèle que l'indifférence par rapport à la torture a considérablement augmenté depuis la fin des années 1990, particulièrement dans les cinq pays membres du Conseil de sécurité des Nations unies.
Mais le virage le plus important constaté par les auteurs, a été de loin celui des Américains, où une personne sur trois pense que la torture «fait partie de la guerre».
La moitié des Américains pense que c'est un moyen d'obtenir des informations, 30% seulement sont en désaccord et le reste sont indécis. Les seuls pays à être au même niveau que les Etats-unis sont le Nigéria, Israël et la Palestine.
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En revanche, les personnes qui vivent dans des pays en guerre, comme l'Afghanistan, rejettent massivement ces méthodes et montrent un plus grand respect du droit international. Les Yéménites en proie aux conflits depuis 50 ans, ont montré la plus grande aversion pour la torture, la Croix-Rouge rapporte en effet que 100% des personnes interrogées se déclarent contre.
Le porte-parole de l'organisation, Ewan Watson, considère l'augmentation alarmante de l'indifférence des gens sur le sujet comme un développement logique de notre époque moderne.
«Avec toutes les images de guerre que nous recevons via internet, nous, dans les pays qui ne sommes pas touchés par la guerre, avons une distance avec la réalité de la souffrance des gens», analyse-t-il. Il pointe également du doigt une racine plus perverse de ce changement. Selon lui, l'invasion dans la culture populaire de la «guerre contre le terrorisme» a désensibilisé les gens.
«Si vous regardez des films d'actions, avec la notion de bombe à retardement qui vous pousse à torturer quelqu'un pour qu'il révèle une information qui va permettre d'empêcher un événement tragique, cela permet de donner un cadre rationnel à l'acceptation de la torture», explique t-il, avant de rappeler que de nombreuses études ont montré l'inefficacité de telles méthodes.
La torture est internationalement reconnue en tant que pratique illégale par la Conventions de Genève.
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