CETA

Ouf ! La Wallonie vient d’approuver le traité Canada/Europe dit CETA, ou plutôt AECG en français, et signé depuis 2014. On a eu peur : 3,5 millions de Belges n’allaient pas bloquer l’enthousiasme de 500 millions d’Européens. Pardon : pas 500 millions d’Européens, mais 27 gouvernements, ce qui n’a rien à voir, mais est seulement légal et démocratique…

De son côté, le président du Conseil européen, Donald Tusk, s’est dit « heureux » de cet accord et a indiqué qu’il contacterait le Premier ministre canadien, Justin Trudeau, une fois que toutes les procédures auront été finalisées au sein de l’UE pour la signature du CETA.

À n’en pas douter, rapidement.

C’est une véritable nouvelle « histoire belge » qu’on nous propose, en prenant le prétexte d’un regimbement des Wallons, pour montrer qu’on ne ratifie pas aussi facilement que ça… Ce qui est réglé depuis longtemps en réalité. Mais ce petit ruban « démocratique » fait joli pour justifier l’importance de l’avis des peuples. Parce qu’en ce qui concerne les autres peuples européens, on ne leur a rien demandé. Et comme les Parlements d’Europe ne reflètent absolument pas leur opinion, le tour est joué. Sacré Parlement wallon, qui se fait remarquer par un « démocratisme » un peu fou.

Cette pantalonnade ne trompe personne. Elle n’a pour objet que de nous préparer au vrai traité en cours de finalisation : le TAFTA ou Accord Transatlantique entre les USA et l’Europe. Celui-là, c’est du lourd ! Là aussi, on feint d’hésiter, on rechigne, on montre que l’Europe est souveraine vis-à-vis des USA, surtout lorsque Barack Obama était venu cette année en Europe pour faire accélérer sa signature. Sans succès pour lui qui aurait fini son mandat sur ce petit plaisir qu’on lui a refusé avec une grande indélicatesse…

Obama doit mal comprendre les poses de vierge effarouchée que prend l’Europe pour signer le TAFTA dont tout le monde sait qu’il sera bien sûr signé. Mais il faut que l’Europe se fasse désirer, tergiverse, ait quelques atermoiements de bon aloi, comme une belle courtisane qu’elle est.

Pauvre et dérisoire Union Européenne qui doit faire sourire dans les alcôves financières américano-européennes. Mais quel drame qui devrait faire pleurer plutôt que rire. Peuples ! Dormez tranquillement ! L’UE s’occupe de vous !

On ne peut être que surpris de l’atonie de la presse française et européenne devant ce grand Guignol que représente l’UE à longueur d’années. On analyse avec beaucoup de sérieux la situation. On bâtit des théories intelligentes, on se répand doctement à C dans l’air, on analyse les jeux de forces et de pouvoir, etc.

Comme tout cela est ridicule et prétentieux, tout en démontrant, là encore, l’inféodation totale de tous, ou presque, nos grands médias, à la bien-pensance économico-financière incontournable… si on veut paraître intelligent.

Pour le TAFTA, on ira chercher qui pour faire joli ? Un sous-Parlement du fin fond de la Moldavie qui représente 500 000 personnes ? Qui est volontaire pour avoir son quart d’heure de gloire dans la fanfare cacophonique de l’UE ?

Et si on proposait la France par exemple ? Non… je plaisantais.

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Philippe Randa,
Directeur d’EuroLibertés.

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