Immigration: Pourquoi il n’y a pas de débat

Christian Hofer: Un article datant de 2015 qui cible la Suède mais qui peut évidemment s'appliquer à la Suisse tellement les caractéristiques se recoupent (médias bien-pensants, besoin de nos politiciens de prouver que la Suisse est irréprochable, rhétorique irrationnelle et suicidaire, déni de la réalité).

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L’altruisme obligatoire est un narcissisme

Depuis des mois, les relations entre la Suède et le Danemark ont pris un tour orageux. En cause : la politique d’immigration, restrictive au Danemark, très libérale en Suède. La brouille n’a pas attendu les dernières élections qui, à Copenhague, ont été remportées par une majorité de droite légèrement dominée en terme de suffrages et d’élus par le Parti du Peuple danois (Dansk Folkeparti, DF). Ainsi, le parti socialiste suédois avait dès le printemps dernier annoncé sa rupture avec son alter ego danois, après que celui-ci, sous la pression d’une opinion publique chauffée à blanc, eut annoncé son virage sur la question migratoire.

Ce désaccord s’est transformé en querelle, lorsque le gouvernement danois a décidé de protéger (temporairement) sa frontière et bloqué le trafic ferroviaire entre l’Allemagne et la Suède, via Copenhague. Les mots qui fâchent ont été lancés, les indignations symétriques se sont dressées, les uns se sont sentis un peu plus Danois, les autres un peu plus Suédois, et tous de moins en moins Scandinaves.

Mais les querelles ont parfois du bon, et peuvent aussi permettre qu’on se parle (enfin) de ce qui fâche.

L’interview parue dans le Jyllands Posten (Danemark) d’un journaliste suédois, Johann Andersson, par l’écrivain et historien danois Mikaël Jalving fait froid dans le dos, tant le premier décrit une sorte de totalitarisme progressiste qui sévirait dans les médias outre-Øresund. Mais il rassure aussi : c’est quand on commence à percevoir la tyrannie d’une idéologie qu’elle perd de sa puissance.

Le journaliste suédois affirme d’emblée : « En Suède, les médias ne surveillent pas le pouvoir, ils surveillent le peuple. » Puis il décrit la manière dont des journalistes ont harcelé une blogueuse, connue sur la toile sous le nom de Julia Caesar et qui, tant sur les questions d’immigration que de genres, affichaient des opinions dissidentes. En dernier ressort, le nom, l’adresse et la photo de la blogueuse auraient été publiés, contre le souhait de cette dernière, journaliste à la retraite. « De cette manière, les médias mainstream lui ont fermé le clapet, elle devenait trop dangereuse. » C’est à cause de cet exemple que le journaliste interviewé tient à garder une sorte d’anonymat (il donne son nom, si courant qu’il pourrait être un pseudonyme, mais refuse d’être photographié).

Comme Mikaël Jalving s’étonne de cette peur (qui fait le jeu du pouvoir), Johann Andersson la justifie et évoque la pression sociale, voire physique (cas de violences contre certains blogueurs),

mais il insiste surtout sur la légitimation par les élites de ces intimidations : la gauche a en effet inventé le concept de « god had », la bonne haine, la haine justifiée, la haine nécessaire. Cette « bonne haine » est alors relayée par des associations dites antifascistes et antiracistes. Cette bonne conscience et cette impunité morale se double, pour les journalistes, du sentiment d’être objectifs quand les dissidents, quand ils évoquent ce qu’ils constatent, sont nécessairement au mieux victimes d’idées reçues, au pire fanatiques et partisans.

Tout ceci n’étonnera que modérément les lecteurs français qui connaissent un même « climat du débat » depuis de nombreux mois. Mais, là où l’interview devient passionnante, c’est lorsque le journaliste suédois analyse ce que nous appellerons ici les ressorts pulsionnels de la politique de son pays.

Pour Johann Andersson, il y a derrière la politique très favorable à l’immigration des élites suédoises deux désirs aussi inconscients que têtus.

Le premier consiste à être moralement les meilleurs. Il ne s’agit pas d’agir bien, mais d’agir mieux. Mieux que tous les autres. Andersson déclare que son pays veut devenir le meilleur élève de le communauté internationale, le chouchou des Nations-Unies (« Eliterne drømmer om at gøre Sverige til FN’s kæledægge »). Le second consiste à obliger les autres nations européennes à suivre son exemple, en étant à la fois membre de l’espace Schengen et en n’appliquant pas le protocole de Dublin, créant ainsi une situation de fait contraignant les autres capitales à réviser leurs propres politiques (ce qu’ont fait l’Allemagne, puis la France…). Andersson conclut ainsi « Sveriges politik er en trussel mot hele Europa » : La politique menée par la Suède constitue une menace pour l’ensemble de l’Europe.

Nous comprenons ici que la position narcissique des élites suédoises renvoie à quelque chose apprise fort tôt à l’école et dans la famille : la sublimation de la pulsion de domination par un surmoi exemplaire et persécutif, véritable colonne vertébrale de la société du consentement. Chacun est appelé à exercer son emprise sur l’autre en exerçant un mieux-disant, mieux-faisant moral, sanctionné positivement par l’Autorité.

Le grand intérêt de cette analyse est qu’elle dépasse l’explicite et le conscient pour aborder la dimension irrationnelle et intime des comportements politiques. On comprend bien pourquoi il ne peut y avoir débat sur la question migratoire (un argument du type « en déracinant définitivement les classes moyennes syriennes, vous appauvrissez le pays et ruinez son futur » n’a aucune chance d’être entendu pour ce qu’il est, il relèvera automatiquement pour l’interlocuteur d’un non-dit « Démocrate-suédois »).

Certes, une telle analyse ne prête pas à l’optimisme, mais il reste qu’une brèche est ouverte. Si pareil diagnostic peut-être posé en Suède même, alors nécessairement, le débat s’ouvrira un jour.

*Photo : Sipa. Numéro de reportage : AP21801087_000001.

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5 commentaires

  1. Posté par observateur le

    Je reviens juste d’une visite familiale à Stockholm où j’ai passé un mois. J’ai discuté avec beaucoup de Suédois d’immigration. A mon grand étonnement , une majorité écrasante se sent obligée d’accueillir toute la misère du monde , mais on sent qu’ils n’osent pas dire ce qu’ils pensent vraiment car le politiquement correct semble la règle . Seuls deux personnes qui ont vécu en France m’ont dit que cétait un suicide collectif .
    Il y a énormément d’Arabo-Africano- musulmans à Stockholm et dans les villes environnantes comme Tumba etc…mais dès qu’on est dans la campagne à 45 kms de Stockholm, aucun étranger dans tous les villages que j’ai visité. Ce qui m’a fait plaisir, c’est le mode de vie, le calme et la sécurité car personne ne ferme sa porte , même le soir. Ca fait bizarre de partir en ville et de laisser la maison ouverte à tout vent toute la journée . Il est clair que dans les 3 à 4 années , les choses vont changer car ces populations vont se disséminer dans les campagnes, d’autant plus qu’à Stockholm, il n’y a plus un seul logement disponible.
    Il y a deux semaines à Ikéa Stockholm, un Erythréen habillé en Djellaba avec ses deux femmes en burqa et 6 enfants habillés en neufs faisait ses courses avec l’argent du contribuable Suédois. Les 3 chariots étaient pleins . il était clair que ce polygame avait obtenu le statut de réfugié….grace à la naiveté Suédoise. Beaucoup d’étrangers partout par rapport à la Suède d’avant, et une similitude avec la Suisse et la France…un mendiant Roumain à l’entrée de chaque magasin partout où on va.
    En 15 ans , ce beau pays homogène, avec une totale cohésion sociale, propre avec un niveau de vie élevé, un système de protection sociale superbe, sans problèmes religio-ethnico-socio-culturel et civilisationnel est en voie de devenir un cauchemar…il y a des quartiers ghettos, communautarisés, totalement étrangers au mode de vie et à la culture Suédoise où il y a de graves problèmes avec émeutes , violence etc…comme à Marseille ou en banlieue parisienne.
    Cela parait fou et pourtant les socio-démocrates Suédois l’ont fait…. allez comprendre ces socialo-gauchos qui ont l’art de détruire leur propre pays !!!!!

  2. Posté par Gärlsberg le

    Ils ne parlent pas notre langue : difficile de dialoguer.
    Le problème c’est l’éventuel sursaut populaire propre à exploser sans prévenir.
    La Suisse est une cible facile pour des gens sans limites : le pauvre suisse va appeler la police et en attendant il va se faire molester.

    Le pire c’est que nous avons des pays où les rivières, les champs et les prairies nous permettent de pouvoir bien vivre. Les nouveaux arrivants se verraient très bien à notre place.

  3. Posté par Bussy le

    Selon ce que j’ai vu, ils sont loin d’être moralement les meilleurs, ils essaient de le faire croire ces pauvres bobos bien-pensants suédois….!
    J’ai passé 10 jours à Stockholm cet été, au centre et dans plusieurs quartiers bobos/touristes, j’ai peut-être vu 10 personnes de couleur foncée et 6 personnes voilées en 10 jours !
    Sinon, à part dans les métros où les vendeurs de billets étaient pakistanais, et à part des touristes, j’ai vu dans la rue, faire leur jogging, promener leur chien et j’ai été servi que par des blondes aux yeux bleus et des vikings !
    Par comparaison, à Genève rien que ce midi pendant une petite heure, j’ai dû voir une centaine de personnes de couleurs et une vingtaine de femmes voilées.
    Conclusion : la Suède pratique à fond le communautarisme, elle a parqué ses migrants dans des zones réservées ! Un peu à l’américaine avec les indiens semble-t-il.
    Donc pas de quoi rouler les mécaniques des meilleurs de la communauté internationale, et très loin de la Suisse qui, elle, a essayé jusque-là d’intégrer les migrants mais n’y arrive bien sûr plus vu leur nombre et leur culture de plus en plus inadaptée à la culture suisse.
    Il commence à y avoir des émeutes en Suède, pas bon pour les bobos qui ne sont certainement pas trop doués pour le combat de rue !
    Ils ne vont pas tarder à tourner leur veste !

  4. Posté par Aude le

    Dans une dictature politique et médiatique….il n’y a jamais de débat….. des semblants certes, toujours orientés…..Obervez les soi-disant débats à 3-4-5 contre un….C’est d’une lâcheté à vomir… Mieux encore …ils invitent un bobo sans contradicteur….et le journaleux joue…joue eh oui, l’avocat du diable…mais si gentiment….qu’on a l’envie irrésistible de lui dire “Oh…arrête ta comédie…personne n’est dupe”
    Où est la démocratie lorsque les peuples doivent subir et la fermer?

  5. Posté par Andrea le

    Cette censure, ce cantonnement de la critique, voir cette lobotomisation morale sont le terreau le plus fertile pour que des Brievick puissent germer et fleurir, voir s’épanouir…

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