Corée du Nord : que faire face au dernier État totalitaire ?

post_thumb_default

 

Par Pierre Rigoulot.

Corée du Nord : que faire face au dernier État totalitaire ?

By: yeowatzupCC BY 2.0

La Corée du Nord vient donc d’effectuer son cinquième essai nucléaire. Les condamnations ne manquent pas dans le monde entier. Mais quelle importance ? Dans son délire obsidional, la Corée du Nord trouvera dans sa posture «seule contre tous» de quoi justifier de nouveaux appels à la mobilisation, à la résistance, au combat contre l’impérialisme américain et ses marionnettes de Séoul, etc.

Le Conseil de Sécurité va se réunir, et il décidera de nouvelles sanctions qui ne seront pas appliquées ou qui le seront en les assortissant de divers moyens de les détourner.

Ne pas fâcher l’allié chinois

La vérité est que l’Occident n’a guère envie d’adopter des mesures de contrainte qui fâcheraient l’allié chinois, le seul – mais il est de taille – dont puisse se targuer la Corée du Nord. Pour des raisons stratégiques, qui touchent à sa sécurité, telle qu’elle la voit, la Chine continentale ne veut pas que disparaisse la verrue nord-coréenne de son environnement géopolitique.

Les risques engendrés par la prolifération nucléaire et la perspective de missiles porteurs de bombes miniaturisées par un État hors de tout contrôle sont pourtant clairs. Et ce régime est d’autant plus dangereux qu’il est le plus totalitaire du monde et qu’il ne tient aucun compte de l’opinion du peuple sur lequel il exerce une terrible tyrannie.

Il ne suffit donc pas de réagir au seul danger nucléaire que ce régime fait courir au reste du monde, en laissant de côté son caractère totalitaire. La simple realpolitik commande que la communauté internationale dénonce dans le même temps le danger nucléaire et la terreur que la dynastie Kim exerce sur son peuple. Sans cette tyrannie, sans l’imposition d’une vie misérable pour la quasi totalité des habitants du pays, vitrine de Pyongyang excepté, sans l’exploitation honteuse de ses travailleurs, qu’elle «vend» en Chine, en Russie et au Moyen-Orient, pour ne rien dire des divers trafics qu’elle dirige en sous-main, pas de réalisation du programme nucléaire.

Le régime concentrationnaire coréen

Tous les États sont ainsi placés devant leurs responsabilités, à commencer par la Chine communiste : peuvent-ils se contenter de blâmer rituellement, après chaque essai nucléaire, tout en tolérant dans les faits l’existence de ce régime concentrationnaire et familier des exécutions, publiques ou non ? Faut-il être à ce point paralysé par le principe de la souveraineté des États, alors que la Corée du Nord terrorise son propre peuple ?

C’est pourquoi, au-delà des sanctions qu’elle a prises et qu’elle prendra, l’ONU doit engager des mesures concrètes en faveur des droits de la population nord-coréenne, notamment l’accès à la libre information.

Sans doute, comme l’a dit Mme Park, la Présidente de la Corée du Sud, à l’annonce du récent essai, le régime du Nord travaille-t-il à propre destruction, tant il lui est impossible de mener de front ses objectifs militaires et d’assurer le minimum vital à sa population. Celle-ci n’en peut plus d’être nourrie à coups de slogans et de rêves de puissance. Comme l’Union soviétique, le régime nord-coréen totalitaire tombera, malgré son arsenal nucléaire. Certes, cette chute sera d’abord l’œuvre des Nord-Coréens eux-mêmes. Mais pourquoi ne pas donner notre coup de pouce ? On y gagnerait en prime plus de sécurité internationale et la conscience d’aider, enfin vraiment, près de 25 millions d’êtres humains victimes du totalitarisme.

Pierre Rigoulot est directeur de l’Institut d’Histoire Sociale. Auteur de nombreux livres de référence, Pierre Rigoulot a notamment collaboré à l’ouvrage collectif Le Livre noir du communisme (éd. Robert Laffont). Il est le rédacteur en chef d’Histoire et Liberté.

Cet article Corée du Nord : que faire face au dernier État totalitaire ? est paru initialement sur Contrepoints - Journal libéral d'actualités en ligne

 

Extrait de: Source et auteur

Suisse shared items on The Old Reader (RSS)

2 commentaires

  1. Posté par Jim Jardashian le

    Depuis sa naissance, combien de guerres la Corée du Nord a-t-elle initié et combien de gouvernements a-t-elle renversé?
    Depuis la fin de la seconde guerre mondiale (on pourrait commencer le compte bien plus tôt), combien de guerres les Etats-Unis ont-ils initié et combien de gouvernements ont-ils renversé?

  2. Posté par Le Taz le

    Rappelons tout de même que la Corée a été séparée à la fin de la 2ème guerre mondiale, les coréens n’ont pas demandé à ce que leur pays soit divisé en deux, la partie nord sous influence soviétiques et le sud sous influence des USA.

    La Corée du nord a développé un programme d’armement nucléaire simplement pour pouvoir répondre à la menace des missiles nucléaires américains sur sol de la Corée du sud, ces missiles y sont toujours !

    Durant la présidence de Clinton, il y avait eu un rapprochement très prometteur entre les deux Corées. A cette occasion, la Corée du nord avait accepté d’abandonner son programme nucléaire militaire et les américains avaient même offert des centrales nucléaires à eau légère en échange de l’abandon de l’enrichissement d’uranium par la Corée du nord. Nous étions alors sur le chemin d’une réunification progressive voulue par les deux parties.

    C’était sans compter sur l’arrivée à la présidence des USA d’un certain Georges W, Bush qui immédiatement avait mis le régime de Pyongyang dans le camp de l’axe du mal. Dès lors, se sentant menacé, la Corée du nord a recommencé à développer son arsenal nucléaire.

    Pour débloquer la situation, il faut que les américains abandonnent leurs bases militaires en Corée du sud, pourquoi ne le font-ils pas, eux qui sont si gentils ? Qui est finalement responsable de la situation ? Allez demander aux chinois ce qu’ils en pensent !

Et vous, qu'en pensez vous ?

Poster un commentaire

Votre commentaire est susceptible d'être modéré, nous vous prions d'être patients.

* Ces champs sont obligatoires

Avertissement! Seuls les commentaires signés par leurs auteurs sont admis, sauf exceptions demandées auprès des Observateurs.ch pour des raisons personnelles ou professionnelles. Les commentaires sont en principe modérés. Toutefois, étant donné le nombre très considérable et en progression fulgurante des commentaires (259'163 commentaires retenus et 79'280 articles publiés, chiffres au 1 décembre 2020), un travail de modération complet et exhaustif est totalement impensable. Notre site invite, par conséquent, les commentateurs à ne pas transgresser les règles élémentaires en vigueur et à se conformer à la loi afin d’éviter tout recours en justice. Le site n’est pas responsable de propos condamnables par la loi et fournira, en cas de demande et dans la mesure du possible, les éléments nécessaires à l’identification des auteurs faisant l’objet d’une procédure judiciaire. Les commentaires n’engagent que leurs auteurs. Le site se réserve, par ailleurs, le droit de supprimer tout commentaire qu’il repérerait comme anonyme et invite plus généralement les commentateurs à s’en tenir à des propos acceptables et non condamnables.

Entrez les deux mots ci-dessous (séparés par un espace). Si vous n'arrivez pas à lire les mots vous pouvez afficher une nouvelle image.