"C'est une longue enquête du Spiegel écrite à quatre mains sur l'extrême-droite allemande qui touche aussi à l'UDC. On y trouve beaucoup d'argent, des financiers secrets, des idées politiques très à droite et un bateau de croisière qu'on peut privatiser sur la Spree, à Berlin".

Voici ce qu'on pouvait lire hier samedi 17 septembre 2016 à 18h40 sur le site Internet du quotidien Le Temps. Bigre, les chemises edelweiss défilant bras dessus – bras dessous avec les chemises brunes, voilà qui devait faire trembler les démocraties du monde entier. Le retour de la Bête immonde issue de ce ventre toujours fécond devait ramener les Allemands à la raison et les inciter à voter comme ils l'ont fait jusqu'ici avec pour funeste conséquence une vague islamique sans précédent. On ne sera guère surpris d'apprendre que le plus grand hebdomadaire d'investigation allemand se situe au centre gauche de l'échiquier politique et vit donc assez mal les succès réguliers de l'Alternative für Deutschland. Comme dans d'autres pays, l'affaiblissement des médias de qualité que dénonçait le chef du groupe socialiste aux Chambres Roger Nordmann dans les colonnes du Temps également réduit considérablement la puissance de la presse aux ordres.

Dans le cas présent, ces "révélations" seront carrément contre-productives. Les patriotes ne manqueront pas de constater qu'ils ne sont pas seuls à lutter contre les disciples de l'Internationale. Partout en Europe, des hommes et des femmes fiers de ce qu'ils sont se souviennent que leurs pays ont des frontières et des bannières. N'en déplaise au très allumé président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker qui voit dans les frontières "la pire invention des politiciens", les peuples veulent retrouver leurs pays et décider souverainement qui seront leurs hôtes. Des frontières sûres, une immigration contrôlée, une politique d'asile raisonnable et non un déversoir d'orage pour la haine des imams, voici ce que veulent désormais les Européens, las des décisions ahurissantes prises en petits comités par des dictateurs aux petits pieds.

C'est précisément le programme de l'UDC depuis 1992, sécurité, neutralité et indépendance. Cette vision de la Suisse attire de plus en plus d'adeptes qui font confiance à notre parti dont les prédictions s'avèrent avec une régularité de métronome. Avant même l'adoption de Schengen-Dublin, nous avions annoncé la faillite de ce concept de beau temps. Dès le printemps arabe, nous avions prévu que les répercussions iraient bien au-delà de ce que la bien-pensance envisageait et que nous devions nous y préparer. Aujourd'hui, nos concitoyens se rendent compte que nous étions dans le juste, entendant les plus ardents promoteurs des Accords de Dublin en demander la suspension. Il en va de même chez nos voisins que leur système de démocratie représentative prive de voix au chapitre. Ils ne peuvent corriger les travers du monde politique qu'à l'occasion de trop rares élections, ce qu'ils font avec joie. Les succès de l'AfD en Allemagne, de Marine Le Pen en France, la politique de Viktor Orban en Hongrie, les décisions du Groupe de Visegrad sont autant de démonstrations de force de ces populations que l'Union européenne reléguait au rang de serfs stupides dont il fallait assurer la conduite.

Oui, dès 1992, l'UDC a ouvert la voie de la liberté en refusant de se fondre dans cet amalgame improbable qu'est l'Union européenne. Aujourd'hui, les peuples nous rejoignent afin de retrouver eux aussi la libre conduite de leurs pays. Loin d'avoir honte d'inspirer le patriotisme en Europe, je me félicite que nous soyons de plus en plus nombreux à tourner le dos à cette idéologie de Mai 68 qui aura fait tant de mal. La négation de ce que nous sommes, la dilution de nos spécificités dans la bouillie européenne, c'est bientôt fini. Le dernier sommet européen de Bratislava visait à "reprendre le contrôle" et à "s'attaquer aux vrais problèmes". C'est un échec dont le seul résultat aura été de mettre en évidence que l'Union a perdu le contrôle et se trompe de cible.

Pour reprendre le proverbe nigritien qui sert de titre au présent billet, avec l'union des peuples, c'est l'Union européenne qui va se coucher avec la faim. La diète a commencé, enfin.

La Côte-aux-Fées, le 18 septembre 2016                                                  Yvan Perrin, président UDC-NE