Démocratie directe : il ne s'agit pas de "consulter le peuple", comme on l'entend trop dire.
Il s'agit de solliciter le corps des citoyens (le peuple qui vote, le "démos") en tant qu'organe de décision. Comme le parlement, le gouvernement, sont des organes de décision. Simplement, au lieu de décider à sept, ou à cent, on décide à plusieurs millions (potentiels) de citoyennes et citoyens. On ne donne pas son avis. On ne répond pas à une consultation, encore moins à un sondage : on DECIDE !
Dans notre système suisse, les autorités ne "consultent" pas le peuple. Nous ne sommes pas dans un système d'onction plébiscitaire du pouvoir en place. Soit le corps des citoyens (démos), mécontent d'un processus parlementaire, le corrige par la voie du référendum. Soit - beaucoup plus intéressant - en dehors de tout le circuit parlementaire et exécutif, le corps des citoyens se saisit d'un sujet qu'il estime ignoré, ou sous-estimé, par les autorités, réunit des signatures, provoque un vaste débat démocratique, et nous donne rendez-vous un beau dimanche.
Dans ce second cas - l'initiative - le corps des citoyens ne doit strictement rien à ses autorités. Il ne leur doit même pas le thème ! C'est de lui que tout procède : le choix du sujet, l'énergie pour rassembler des partisans, la récolte des signatures, puis une énergie décuplée pour la campagne, souvent seul contre tous, dans l'espoir de rallier une majorité de votants. Les initiatives sont une affaire des citoyens entre eux. Une affaire du peuple avec le peuple.
On accorde d'ailleurs beaucoup trop d'importance, dans les médias, je le répète souvent, à l'avis des parlementaires ou des ministres sur ces textes soumis au peuple. Si une initiative existe, c'est justement parce que la base tellurique du pays a, d'instinct, réveillé un thème que les élites avaient intérêt à laisser gésir dans l'humus et le silence. On nous permettra donc de donner en priorité la parole aux comités d'initiatives, ou à leurs opposants dans le corps des citoyens, plutôt qu'au petit monde qui n'a, justement, rien vu venir. Ou pire : rien voulu voir.
Dans une initiative, on ne "consulte" pas le peuple. C'est le peuple qui se consulte lui-même ! Pas pour connaître une opinion, mais pour obtenir, par une voie dûment prévue dans notre ordre constitutionnel, une DECISION. Nous ne sommes pas dans un sondage, ni dans l'exercice de la doxa, ni autour d'une table de bistrot. Nous sommes, là, un démos, entendez un ORGANE (parmi d'autres, mais capital et ultime) de décision de notre système politique. Le corps des citoyens ne doit rien - il ne doit rien devoir - à ses élus. Il existe en soi. C'est ce lui que tout procède. N'est-ce pas d'ailleurs lui qui élit les parlementaires ? Et qui, à l'issue d'une législature, les reconduit ou les révoque.
En Suisse, on ne donne par la parole au peuple comme on jette des miettes aux oiseaux. La conception est inversée. Parce que le pouvoir politique vient d'en bas.
Pascal Décaillet, 19 .7.2016
La démocratie est aussi applicable à l’intérieur des sociétés coopératives. Or en Suisse, elles sont tout autant bafouées que la démocratie politique, par les mêmes ignares soigneusement sélectionnés comme en politique… qui croient qu’une coopérative appartient à ses “pseudo-dirigeants”, alors qu’elle est normalement sous la direction de l’Assemblée générale. Que ce soit la Coop ou la Migros, le droit des coopératives est manifestement en grave régression, et ce, malgré le droit de vote. On voit là les limites du gigantisme comptable des ces entreprises trop imposantes qui ne permet plus à des citoyens-coopérateurs que d’approuver des comptes paraissant de plus en plus aseptisés et opaques. On devrait du reste réformer ce droit qui crée de véritables monopoles en croissance constante faute d’égalité, et qui, grâce aux privilèges fiscaux, constitue une concurrence déloyale, entraînant des faillites, avec pour résultat des produits de plus en plus communs ou sortant des mêmes usines. Avec ça on ne peut plus créer d’entreprises sans courir de gros risques financiers. Ici aussi on est en pleine fiction démocratique, ce qui déforme l’esprit critique des habitants de la Suisse et qui peut.aussi ressembler à un formatage psychologique d’abandon progressif des principes du pouvoir aux mains du peuple.
Merci Monsieur Décaillet pour cette mise au point.
J’aimerais voir ce texte comme éditorial d’un grand quotidien.
Il faudra prévoir de le traduire en allemand car, en français, il n’y a plus de grand quotidien….
Oui….
Et dans ce cas….les médias audio-visuels publics ne doivent pas s’arroger le droit de mépriser le peuple durant des mois et des mois comme ce fut le cas lors de la votation contre l’immigration de masse.
J’ajoute avec la complaisance des politiciens et du gouvernement…..Inacceptable……