"Pleure maintenant comme une femme un royaume que tu n'as pas su défendre comme un homme ! ".
Ce sont ces mots que Chateaubriand prête à la mère de Boabdil, dernier sultan de Grenade, alors que ces derniers quittent leur terre, chassés par les Rois Catholiques. Aujourd'hui, c'est à Jean-Claude Juncker, regrettable président de la Commission européenne, qu'on pourrait adresser ce propos légendaire. Visiblement secoué par un Brexit qui s'est produit malgré ses imprécations, l'homme perd une partie de ce qu'il considère comme son empire, entouré de sa cour de commissaires européens non élus.
Bouffi d'orgueil, complètement déconnecté des réalités quotidiennes, cet aéropage dispendieux passe son temps à submerger l'Union européenne de réglementations et normes en tous genres toutes plus ridicules les unes que les autres. Jusqu'ici, tout allait bien puisque les gouvernements complices se refusaient à demander à leur peuple de se prononcer quant au maintien de leur pays au sein de l'Union. Seul le Premier Ministre David Cameron décida d'offrir à la Grande-Bretagne l'opportunité de se prononcer. Gardons-nous de voir dans cette décision la marque d'un démocrate à l'écoute de ses concitoyens. La manœuvre était bassement électoraliste, visant à museler les eurosceptiques dont le discours rencontre un écho toujours plus large. Las, l'apprenti-sorcier avait lui-aussi sous-estimé le désamour entre Bruxelles et les peuples. Il comptait renforcer sa position politique au sein d'un parti conservateur en proie au doute européen, il finit chassé du 10 Downing Street. Même si sa décision repose sur une réflexion discutable, merci à lui d'avoir organisé ce référendum.
Evidemment, les eurocrates désavoués promettent l'apocalypse à ces gueux qui ont l'impudence de reprendre leur destin en mains. Rappelons-leur que la Grande-Bretagne a connu sa dernière invasion en 1066, il y a donc 950 ans et a traversé les siècles en toute indépendance, se payant le luxe de vaincre l'Allemagne à deux occasions. Qu'ils se rassurent, dans leur Splendid Isolation, les sujets de Sa Gracieuse Majesté survivront.
Aujourd'hui, l'exemple britannique ouvre une voie royale aux dirigeants qui souhaitent vraiment quitter l'Union. On pense aux pays du nord, aux membres du groupe de Visegrad qui n'en peuvent plus de la tutelle allemande. N'en déplaise à Jean-Claude Juncker qui se méprend sur sa propre importance, c'est bien Angela Merkel qui préside aux destinées de l'Union européenne, elle qui impose la migration sans contrôle aux pays membres pour satisfaire sa soif de reconnaissance humaniste. Son action est d'autant plus facile que François Hollande se comporte face à elle comme Napoléon III face à Bismarck, tête vide entrant dans les desseins de la Chancelière en applaudissant sans comprendre.
Echaudées par l'exemple britannique, on entend déjà de nombreuses voix proposer d'interdire tout référendum au sujet de l'appartenance à l'Union européenne. Ces propos sont autant d'aveux de la part de cette coterie politicienne qui a bien compris que les peuples veulent désormais choisir leur futur. Il convient donc toutes affaires cessantes de museler les aspirations populaires de celles et ceux qui trouveraient un peu excessif un règlement de 139 pages consacrées au freinage des tracteurs agricoles ou forestiers. Hélas, le désir de liberté tend à se répandre de plus en plus largement au sein des pays membres. Les victoires du Front national en France, du mouvement 5 Etoiles en Italie, de l'AfD en Allemagne constituent autant d'avertissements que l'élite se refuse à prendre en compte, se contentant de taxer de populistes les partisans de ces formations. Face à l'aveuglement du monde politique, il est évident que les mouvements patriotes vont surfer sur la vague pour tailler des croupières aux gouvernements en place et à ceux qui le seront. L'Europe des Peuples est enfin en marche.
Le mot de la fin au Duc de Liancourt répondant à Louis XVI qui voyait une révolte dans la prise de la Bastille : "Non, Sire, c'est une révolution".
Yvan Perrin, président UDC-NE La Côte-aux-Fées, le 26 juin 2016
Excellent article sauf sur un point : on dit areopage et non aeropage, meme en Suisse…
Mme Marie-France Oberson, permettez-moi de ne pas être convaincu qu’aujourd’hui le peuple suisse accepte à nouveau l’entrée de notre pays dans l’espace Schengen. Mais c’est cela la démocratie. Et comme l’a justement écrit Albert Einstein: « La folie, c’est de recommencer la même chose et en attendre des résultats différents ».
Excellent, comme toujours! Cela dit, je pense que cette lavette de Juncker n’est même pas capable de “pleurer comme une femme”.
Excellent Monsieur Perrin.
Monsieur Bourquin, je ne suis pas certaine que le peuple britannique, si on le fait revoter résiste à la pression. Voyez chez nous.. Combien ont voté non à l’EEE mais , un peu honteux et abasourdis par la réaction des maîtres à penser, ont , pour se faire pardonner voté oui à l’espace Schengen ?
Encore un article très pertinent et bien écrit, comme à son habitude, de M. Yvan Perrin. Son titre fait écho à un beau roman de Salman Rushdie…
« 139 pages consacrées au freinage des tracteurs agricoles ou forestiers », et les réglementations et normes toutes plus ridicules les unes que les autres ! C’est la première chose qui m’est venue à l’esprit à l’annonce du résultat. L’administration qui a appliqué, avec un zèle scrupuleux je n’en doute pas, ces normes et ces règles va demeurer ! Mais en apprenant que deux ans seront nécessaires pour supprimer ces règles je suis rassuré. Pour l’Angleterre ! Car en ce qi concerne la Suisse, c’est une autre paire de manches. Il me semble bien que ce sont les Observateurs qui ont signalé que le recueil du droit fédéral – ou quelque chose de ce genre – s’était accru de 650 pages dans les trois premiers mois de 2016. Un ami entrepreneur se plaignait de devoir « demander autorisations pour poser 4 mètres de tube en PVC » ! Une jeune femme de ma connaissance a vu son entreprise coulée par un fonctionnaire qui lui a imposé un règlement qui, elle l’a appris plus tard ne s’appliquait pas à son cas ! Donc, la Suisse n’étant pas dans l’Europe, il y a peu de chance pour que quoi que ce soit change !
Merci pour cette excellente analyse. Voici ma propre contribution qui contient également la position de l’UDC Genève: http://blog.pierrescherb.ch/2016/06/brexit-ou-le-debut-de-la-fin-de-lunion.html
Merci, Monsieur Perrin pour votre analyse, toujours très pertinente, il n’y a rien à ajouter. Quel plaisir de vous lire.
Merci M. Perrin pour votre lucidité.
A ne pas comparer avec les pleurs de la TSR dans l’émission “Mise au point” de dimanche soir.
J’adore Juncker en Boabdil et Merkel en Bismarck, sauf que Boabdil était un sultan éclairé et Bismarck a défendu efficacement son peuple contrairement à l’immonde Merkel qui cherche à le couler pour plaire à ses petits copains néo-cons mais vrais salopards !
Excellent article, comme toujours ! Merci
Excellente analyse de Yvan Perrin, sans commentaire, si ce n’est celui que le peuple britannique est sage et déterminé.