La présidente du Front national entretient de bonnes relations avec la Russie et fait la couverture du Time, mais est loin de faire l'unanimité à l'étranger (voir lien vers source en bas de page). Vade retro. L'opération «dédiabolisation» du Front national semble en grande partie réussie en France. Ce n'est pas le cas à l'étranger. De sorte que Marine Le Pen n'est pas toujours la bienvenue hors de l'Hexagone, comme au Royaume-Uni, où l'intervention de la présidente du Front national dans la campagne sur le Brexit n'est pas souhaitée. Au point que Ludovic de Danne, en charge des relations internationales au FN, invente dans Le Monde «l'interdiabolisation». Retour sur un parcours international en montagnes... russes.
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Difficile pour Marine Le Pen de se départir de la réputation sulfureuse de son patronyme, surtout associé à l'étranger aux propos racistes et antisémites de son père. «À l'étranger, l'empreinte de Jean-Marie Le Pen et de certaines alliances passées a fait du mal», a ainsi reconnu Ludovic de Danne dans Le Monde. Dernier exemple en date, alors que Marine Le Pen souhaitait se rendre à Londres pour soutenir les souverainistes avant la tenue du référendum sur le Brexit, la coprésidente de la campagne officielle «Vote Leave», Gisela Stuart, a demandé à ce que l'accès au territoire britannique soit refusé à la présidente du FN en raison de «ses opinions extrémistes». Marine Le Pen, qui souhaitait consolider son statut de porte-étendard des europhobes et renforcer l'hypothèse d'un «Franxit», est ainsi privée d'une belle estrade.
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«Ici, terre d'accueil, on préfère l'arrivée de milliers d'immigrants que la venue d'une seule raciste». Inscrit sur une banderole antifasciste lors de la conférence de presse du 20 mars de Marine Le Pen, ce slogan donne le ton de l'accueil réservé à la présidente du Front national pendant les six jours de calvaire qu'elle a passés dans la belle province. D'interview assassine en réservations hôtelières déprogrammées, Marine Le Pen n'aura pu rencontrer aucun responsable politique québécois lors de son séjour outre Atlantique, ni même visiter une entreprise. Au mieux s'est-elle entretenue avec quelques militants du parti souverainiste québécois, dont le président a également refusé de la rencontrer. L'ingérence de la dirigeante frontiste - qui accusait le gouvernement canadien, selon elle «naïf», de vivre au «pays des Bisounours» - avait donné lieu à une levée de bouclier sur place, symbolisée par un éditorial du titre La Presse, «Jeanne d'Arc chez les Bisounours».
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Même si Marine Le Pen déclarait le Front national «pro-sioniste» dans une interview au quotidien Haaretz, la diplomatie israélienne ne semble pas disposée à l'accueillir dans le cadre d'une visite officielle. En dépit d'une rencontre avec l'ambassadeur israélien à l'ONU qualifiée de «malentendu» en 2011, le boycott de Marine Le Pen est maintenu par l'Etat hébreu, au motif qu'elle n'a «toujours pas procédé a un aggiornamento de son parti en dénonçant les propos antisémites de son fondateur, qui se trouve être son père», selon un responsable gouvernemental israélien. Seul rayon de lumière de ce tableau bien sombre: la visite du vice-président du FN Louis Aliot en Israël en 2011.
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Hors de France, c'est aux États-Unis que le changement de stature de Marine Le Pen est le plus perceptible. Fin 2011, la présidente du Front national, déjà lancée dans la campagne présidentielle, avait peiné lors de ce déplacement: parmi les personnalités politiques américaines de premier plan rencontrées, Marine Le Pen n'avait accroché que le libertarien Ron Paul à son tableau de chasse, après une heure d'attente et dix minutes d'entrevue. De plus, l'organisation du voyage avait laissé une impression d'amateurisme aux observateurs présents. Depuis, la patronne du FN a largement gagné en reconnaissance en terre yankee, jusqu'à apparaître en Une du prestigieux Time magazine et à figurer dans l'édition 2015 des 100 personnalités les plus influentes du monde du même journal. Vivienne Waltn, la correspondante du Time à Paris, n'hésite pas à parler de «fascination» des Américains.
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En plus de l'Égypte, où Marine Le Pen a été reçue par le premier ministre du président Sissi, qu'elle soutient officiellement comme «rempart contre les Frères musulmans», la représentante nationaliste entretient des liens étroits avec la Russie. L'idylle de la députée européenne avec le Kremlin a commencé en 2011, dans une interview accordée au quotidien moscovite Kommersant: Marine Le Pen y déclarait «admirer» Vladimir Poutine «dans une certaine mesure». En 2013, Moscou a déroulé le tapis rouge devant Marine Le Pen, lui offrant une consécration internationale avec cette visite.
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Reçue plusieurs fois à la Douma, Marine Le Pen a noué des liens avec Sergueï Narychkine, président de la chambre basse russe. Il s'agit, entre le pouvoir russe et le FN, d'un échange de bon procédé: relais en Europe occidentale contre visibilité internationale. Au-delà de cette alliance tactique (dont Marion Maréchal-Le Pen devrait également profiter), le politologue Dmitri Orechkine voit dans la croyance des idéologues du Kremlin en «un basculement de l'opinion publique occidentale vers un paradigme nationaliste» la cause de ce rapprochement avec le Front national, concrétisé par le prêt accordé par une banque russe au parti français, sous l'œil bienveillant de Moscou.
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En famille : ce ne sont pas des visites officielles, mais les déplacements de Marine Le Pen pour rencontrer ses alliés européens sont scrutés et permettent à la dirigeante du Front national de s'implanter dans le paysage international. Qu'il s'agisse du bal du Parti de la liberté à Vienne en 2012 ou de la convention organisée par la Ligue du Nord (ouvertement xénophobe) à Milan début 2016, Marine Le Pen est coutumière des grands-messes de l'extrême droite européenne. Les liens du Front national avec les partis nationalistes et anti-immigration européens ont permis, en 2015, la naissance du groupe europhobe «Europe des Nations et des Libertés» au Parlement européen, qui regroupe des représentants de 7 nationalités différentes. Objectif: détruire l'Union européenne de l'intérieur (voir lien vers source en bas de page).
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Michel Garroté
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http://www.lefigaro.fr/politique/le-scan/decryptages/2016/04/27/25003-20160427ARTFIG00187-marine-le-pen-la-quete-difficile-d-une-stature-internationale.php
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Il vaut mieux être reçue en russie voire aux USA plutôt qu’en GB ou au canada qui ne représentent plus rien au niveau international ! Si elle arrive un jour au pouvoir il faudra bien la reçevoir ! Ils n’auront pas le choix !