Le très sérieux Wall Street Journal a eu accès aux documents retrouvés lors de la mort d’Abou Sayyaf, l’un des hauts responsables de l’Etat islamique, chargé de superviser la production pétrolière et gazière (voir lien vers source en bas de page). La mort d’Abou Sayyaf avait été qualifiée de « coup dur » par l’état-major américain : en mai 2015, un raid de l’armée américaine provoquait la mort de celui que Washington considérait comme le « financier » de l’organisation Etat islamique (EI). En charge de la supervision de la production de pétrole et de gaz du groupe terroriste, le rôle d’Abou Sayyaf allait de l’accroissement de la production, à la relation avec les acheteurs, mais aussi de l’organisation de la reconstruction des raffineries détruites par les raids de la coalition internationale.
-
En outre, Abou Sayyaf veillait également aux dépenses liées aux esclaves. Lors de l’opération qui lui a coûté la vie, 32 autres djihadistes et quatre chefs ont été tués. Mais surtout, l'armée américaine a mis la main sur une quantité de documents et de vidéos de l'organisation. Des fichiers qui apportent de précieuses informations sur l'organisation financière de l'EI et dont le Wall Street Journal (WSJ) a pu consulter une partie. Le WSJ décrit comment l’EI a réussi à construire une multinationale du pétrole, avec l’aide d’officier « obsédés » par l’idée de maximiser les profits. Fathi ben Awn ben Jildi Murad al-Tunisi, de son nom de guerre Abou Sayyaf, est né dans les années 1980 au sein de la classe moyenne de Tunis.
-
Il rejoint l’organisation Al-Qaïda en Irak en 2003, après la chute de Saddam Hussein. Son allégeance au groupe Etat islamique reste trouble, mais c’est en 2010 qu’il prendrait le nom de guerre d’Abou Sayyaf. Lors de la création du ministère des ressources naturelles de l’EI en 2014, Abou Sayyaf est chargé de superviser la production de pétrole dans les provinces stratégiques d’Hassaké et Deir ez-Zor. C’est dans cette dernière qu’il établit son QG, près du gisement d’Al Omar auparavant exploité par Shell, et depuis lequel il aura en charge 152 employés. Les témoignages décrivent Abou Sayyaf comme un chef régnant par la terreur sur les exploitations, où des décapitations pouvaient avoir lieu.
-
Abou Sayyaf décide alors de cesser de vendre aux négociants internationaux pour n’avoir affaire qu’à de petits revendeurs venant s’approvisionner directement aux gisements. Les paiements en dollars sont autorisés afin de faciliter les échanges : en argent liquide uniquement, pour ne pas laisser de traces pouvant être utilisées par les services de renseignements occidentaux.L’EI va également proposer de très généreux salaires aux ingénieurs et employés syriens qui travaillaient dans ces gisements afin de conserver leurs savoir-faire : de 160 dollars mensuels pour un comptable à 400 dollars pour un technicien de forage. quand le salaire moyen syrien avoisine les 50 dollars par mois. Les documents retrouvés nous apprennent également que la rémunération prend en compte le nombre d’esclaves et de personnes à la charge d’un employé (voir lien vers source en bas de page).
-
Michel Garroté
-
http://www.lesechos.fr/monde/afrique-moyen-orient/021875104506-comment-lei-a-construit-une-multinationale-du-petrole-1217271.php#
-
Et vous, qu'en pensez vous ?