L’autre jour, entrant dans un supermarché, je vois des obèses, jeunes et vieux, hommes et femmes. J’ai à l’esprit des statistiques sur l’augmentation du surpoids dans les sociétés occidentales. Des scientifiques nous ont montré leurs graphes, leurs pourcentages. Ils adorent ça ! Chaque jour nous apporte sa hotte de chiffres sur tout : la croissance, le chômage, et donc récemment les obèses. Il y en aurait de plus en plus.
J’en vois un qui reste comme sidéré devant de dodues tomates. A quoi pense-t-il ? Les clients poussent leurs caddies lentement, religieusement. Pour un peu, on se croirait dans une église. Toutes les sociétés ont leur culte. Le nôtre, c’est la consommation.
C’est nouveau et original, parce qu’un culte, en général, s’adresse à quelqu’un ou quelque chose situé au-delà du quotidien. Mais nous, non ! Nous révérons nos ingestions de chaque jour, comme en témoigne l’abondance des programmes télévisés sur l’infinie diversité de menus préparés par de grands chefs. Ce n’est plus : « donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour » mais « donne-nous des tomates dodues pour les siècles des siècles ». Pourquoi révérons-nous tellement nos ingestions quotidiennes ?
Il y a des gens, parmi nous, qui se sont mis à haïr tout ce qui est situé au-delà de nos ingestions quotidiennes. La religion, la philosophie, l’histoire, très peu pour eux ! Tous nos malheurs viennent de la culture, répètent-ils. Si nous les écoutons, ces gens, il ne nous reste donc plus rien d’autre à faire qu’à vivre d’une vie purement biologique : ingestion – digestion – excrétion, comme un coquillage, un oursin ou une palourde doucement bercés par de régulières marées.
Avouons-le, si la vie était un tel bercement, ce serait chouette. Plus de souci, juste une douce ondulation au rythme des vagues. Quand je vois l’engouement pour le tourisme, je me dis que cette image de la vie comme infini balancement a fasciné des millions de nos contemporains. Avec Easyjet ou le Club Med ils se mettent en quête d’une plage qui leur accordera ce balancement. Rousseau applaudirait, lui qui nous a laissé des pages admirables sur sa barque doucement bercée par les flots du lac de Bienne. Je ne connais rien, dans la littérature française, d’aussi beau sur le bonheur d’être … palourde.
Qui sont les sirènes dont les chants convainquent nos contemporains d’arrêter le navire de leur existence, de se jeter à l’eau et de nager vers une plage pour devenir palourdes ?
Ulysse avait mis de la cire dans les oreilles de ses rameurs pour qu’ainsi, échappant aux chants envoûtants des sirènes, ils gardent le cap. Quant à lui, il s’était fait ligoter au mât pour pouvoir tout de même entendre ces chants. Fascinant épisode de l’Odyssée d’Homère.
Fascinant et aussi instructif pour tous ceux qui sont tentés de se « palourdiser » ! Car il y a aussi des sirènes dans la modernité. Elles nous disent qu’il est possible de vivre sans plus penser, le nez dans un plat cuisiné par un grand maître.
Si je ne pense plus pour mieux manger, que vais-je faire ? Eh bien, justement, vivre sur le mode palourde, c’est-à-dire ingérer et digérer. Mais comme nous sentons au plus profond de nous-mêmes que nous aspirons à plus qu’une nourriture terrestre, manger ne nous suffit pas. Nous restons frustrés et donc nous mangeons de plus en plus.
A coup sûr, on devient alors obèse. Quelle solution ? Une seule réponse : cire ou ligotage, ni plus ni moins. Car sans ces remèdes, les sirènes attrapent les imprudents et les dévorent. Sur les plages, autour d’elles, nous dit Homère, il y a les ossements des navigateurs qu’elles ont séduits . Elles les ont dévorés aussitôt qu’ils sont arrivés sur la plage.
Jan Marejko, 6.4.2016
Ca fait grossir les palourdes? Moi qui croyait que c’était la faute des aliments allégés ! On nous cache tout on nous dit rien. Dans la famille Obèse je voudrais la mère. Laquelle? La mère porteuse. Non, elle a été acceptée comme mère porteuse étant obèse? Ben oui c’était avant qu’ils voient que l’obésité se transmet par voie utérine. Mais de toute façon elle a épousé la mère et elle est maintenant le père de l’enfant, comme ça on peut pas lui reprocher d’être une mère porteuse obèse en tant que père à moins d’interdire aux obèses d’être parents. Mais dis moi dans ton jeu des 7 familles, la mère porteuse et le père c’est le même? Ben oui où est le problème, ils s’adorent tous les deux.
https://www.youtube.com/watch?v=Of6buxlzQGM
🙂
@ Médusa,
Commentaire à faire paraître sur les quotidiens et hebdomadaires qui seraient bien en verve de publier un témoignage aussi magnifique et tellement vrai…si vous y arrivez donnez nous des nouvelles.
@Medusa: témoignage émouvant et précieux
Don’t judge a book by its cover
You may miss out a good story
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http://anglopod.com/wp-content/uploads/2015/10/dont-judge-a-book-by-its-cover.jpg
Quelle personne dure vous êtes (ou êtes devenue)…
Si la souffrance des épreuves que nous traversons dans la vie doit “servir à quelque chose”, c’est bien à nous “bonifier”, à nous apprendre l’empathie, la compassion et la miséricorde.
Nous sommes des créatures de Dieu.
Et chacun fait ce qu’il peut dans cette vie.
Votre répulsion physique est tout à fait compréhensible et très humaine, chacun peut le concevoir.
Votre mépris l’est en revanche beaucoup moins.
Quand on éprouve de la pitié pour quelqu’un, ce sentiment peut se muer :
– soit en compassion,
– soit en mépris.
Vous avez choisi la voie du mépris absolu.
Peut-être pour vous rassurer sur votre propre sort. Tout à fait compréhensible et banalement humain, en somme.
Mais c’est le mauvais choix.
Philosophiquement.
Socialement.
Humainement.
Spirituellement.
Je vous souhaite de pouvoir transformer votre mépris en compassion.
Franchement, les personnes en fort surpoids n’ont aucune bonne raison à avancer. Vous allez me trouver dure, mais, très gravement malade depuis plusieurs dizaines d’années, je fais le poids de mes 18 ans à près de 60 ans. C’est aussi sans compter les terribles obligations et autres restrictions auxquelles je dois me plier 24/24, les >20 prises de médicaments quotidiennes, …
La quasi totalité de mes “congénères malades” sont jeunes et toutes très grosses, mangeant sans cesse chips, quatre quart et buvant des sodas. De plus elles n’ont de cesse de faire appel à des assistantes sociales (qui soit dit en passant me jugent sur mon physique).
Il y a 20 ans j’étais au niveau d’une épave parmi les personnes de mon âge. Aujourd’hui je suis presque la plus svelte, la plus ouverte, la plus travailleuse et la plus dynamique (sous les restrictions liées à mes pathologies). Les autres sont pontés, triple, double, un peu comme la Leffe, ont des stents, boivent, fument et avalent tout ce qui passe, ont une peau de murène, des poumons encombrés, du bide mou et gras qui retombe sur le pubis, de la peau sous les bras, des cheveux morts.
Je suis une sursitaire à qui l’on avait promis une très courte vie mais peut-être irai-je à de nombreux enterrements…