Les citoyens ne sont pas des oies sauvages

Juges, anciens conseillers fédéraux, profs de droit : les "manifestes" fleurissent contre l'initiative "de mise en oeuvre" de l'UDC. Ils ont parfaitement le droit d'exister. Nous sommes en démocratie. Chacun d'entre nous peut exprimer son avis, individuellement ou en groupe.

J'ignore quel sera le résultat de l'initiative. Mais je suis sûr d'une chose : la prolifération de ces "manifestes" ne changera strictement rien au vote. Notre démocratie directe, c'est l'affaire de la conscience individuelle du citoyen. Sur quoi l'intimité de cette conviction se forge-t-elle ? Là aussi, je l'ignore. Mais je doute puissamment que les accumulations de signatures "d'avis autorisés", fondés le plus souvent sur une cléricature de la notoriété, puissent avoir une quelconque influence.

Il est, au fond, singulièrement arrogant de s'imaginer, parce qu'on serait prof de droit par exemple, que sa seule signature, jetée dans une liste, serait de nature à infléchir le jugement du corps électoral des citoyennes et citoyens de ce pays. Je tiens, pour ma part, ce dernier pour plus mûr, plus adulte, plus trempé dans sa conviction, que ces espèce des proies furtives, volatiles, que voudraient capter au passage, comme des oies sauvages, les doctes signataires de ces "manifestes".

Pascal Décaillet, 10 février 2016