La longue impunité de Malika, la "marraine" des djihadistes belges et français
Veuve d'un des assassins du commandant Massoud, Malika el-Aroud s'est remariée avec un Belge, mentor de Mohamed Merah. Retour sur un parcours sanglant.
DE NOTRE CORRESPONDANT À GENÈVE, IAN HAMEL
Publié le 28/12/2015 à 12:30 | Le Point.fr
Malika el-aroud, jugée pour complicité dans l'assassinat de Massoud en Belgique en 2003. La "veuve noire" n'a été condamnée qu'en 2010. © AFP/ LAURENCE DE VELLOU
Après le 11 septembre 2001, rares étaient ceux qui osaient glorifier Oussama Ben Laden. Née à Tanger en 1959, arrivée en Belgique enfant avec sa famille, Malika el-Aroud, elle, n'a jamais renié le fondateur d'Al-Qaïda. Son mari, Abdessatar Dahmane, un Tunisien installé en Belgique, est l'un des deux assassins du commandant Massoud, le 9 septembre 2001, à Khodja Bahauddhin, un village poussiéreux du nord de l'Afghanistan. "Massoud, c'était le diable ! Un mauvais musulman ! Notre ennemi, l'ennemi des talibans, l'ennemi d'Oussama Ben Laden", déclarait-elle. Après le "sacrifice" de son mari, Malika, qui vivait à Jalalabad, en Afghanistan, avait été félicitée par les plus hauts dignitaires d'Al-Qaïda, et, dit-on, par Ben Laden en personne.
En 2002, la journaliste belge Marie-Rose Armesto avait raconté dans le livre Son mari a tué Massoud, le parcours de cette jeune femme qui, au départ, n'avait guère d'attirance pour l'islam, et multipliait les expériences conjugales, souvent malheureuses. Malika publie de son côté, à compte d'auteur, Les Soldats de lumière, où elle décrit le djihad comme un combat perpétuel. "Je sais qu'il existera d'autres soldats de lumière pour se lever et prendre le relais. (…) Ils accourront à nouveau sur les champs de bataille pour secourir leurs frères… jusqu'à la fin des temps ils seront présents Inch'a Allah"
Propagande djihadiste
Surnommée "la veuve noire", Malika a poursuivi inlassablement sa propagande djihadiste, sans susciter de réactions des autorités belges. La justice belge ne l'inquiète pourtant pas. Néanmoins, elle s'installe en Suisse, avec son nouveau mari, Moez Garsallaoui, d'origine tunisienne, de dix ans son cadet. Ils se font remarquer à Lausanne en 2004 comme animateurs d'un site islamiste, islamic-minbar.com, dont le forum accueille des informations sensibles, comme la demande de rançon pour libérer des journalistes français détenus en Irak, ou des revendications d'attentats en Turquie et en Russie. Le couple déménage ensuite à Guin, dans le canton de Fribourg. En 2005, ils sont arrêtés quelques jours pour avoir publié sur Internet des exécutions d'otages et des mutilations d'êtres humains, des scènes de tortures, et expliqué comment perpétrer des attentats sur leur nouveau site minbar-sos.com.
Pour Malika, les Suisses sont des "suppôts du diable", "neutralement sionistes" (sic) et il faut freiner "l'ardeur belliqueuse, dévastatrice, immorale et immonde de l'Occident décadent". Mais comme la justice belge, le Tribunal pénal fédéral de Suisse se montre plutôt clément pour le couple, en guerre ouverte contre l'Occident. En 2007, accusés de "soutien à une organisation criminelle" et "d'incitation publique à la violence et au crime", l'homme écope de deux ans et demi de prison, dont six mois ferme (qu'il n'effectuera pas), elle, de six mois avec sursis.
Rencontre avec Mohamed Merah
Toujours vêtue d'une burqa, la pasionaria des djihadistes repart vivre en Belgique, à Molenbeek, où elle est brièvement arrêtée, puis relâchée, faute de preuve. Certes, ce n'est pas elle qui pose des bombes. Mais "écrire est aussi une bombe", lâche-t-elle. Quant à son mari, il est allé se battre en Afghanistan et au Pakistan. Moez Garsallaoui se vante sur son site internet d'avoir occis plusieurs soldats américains. La Suisse découvre – un peu tard – que non seulement il bénéficie du statut de réfugié politique… mais qu'il reçoit aussi une rente de l'aide sociale, en raison de ses troubles mentaux et de ses pulsions suicidaires.
Dans les zones tribales pakistanaises, le mari de Malika reçoit Mohamed Merah en 2011. Il a été présenté comme le mentor présumé du jeune djihadiste. C'est d'ailleurs lui qui a revendiqué les tueries de Montauban et de Toulouse. Depuis, il a été tué par des tirs de drones au Pakistan. Quant à Malika el-Aroud, elle a fini par être rattrapée par la justice belge. Elle a été condamnée en mai 2010 à huit années de prison par le tribunal correctionnel de Bruxelles pour son implication dans la direction et le financement d'un groupe à visées terroristes. S'est-elle calmée dans sa cellule ? On peut en douter.
Source : Le Point, 28 décembre 2015
La Suisse découvre – un peu tard – que non seulement il bénéficie du statut de réfugié politique….mais qu’IL REÇOIT AUSSI UNE RENTE DE L’AIDE SOCIALE………..
Impossible de commenter sur ces faits écoeurants, qui ne sont malheureusement pas uniques.
L’incompétence, la négligence, l’autosatisfaction règnent en maîtresses dans nos administrations; c’est pitoyable!