Une recette simple ou vous pouvez facilement trouver tous les ingrédients pour peu que vous en ayez le désir et l’envie.
Choisissez dans la ferme Solferino une bonne grosse dinde. Vous avez le choix. Ce n’est pas les dindes qui manquent. Vous pouvez, bien sûr, en choisir une autre à Vaugirard par exemple. Il y a, là aussi, d’excellents spécimens. Bien grasses, l’échine souple, pas trop de caractère, faciles et manipulables. Pour les amateurs de pigeons, ces deux fermages ont également d’excellents produits. Mais restons sur la dinde.
Une fois chez vous, vous avez le choix entre deux préparations selon votre humeur.
- La plonger dans une baignoire d’eau bouillante pour faciliter le déplumage à vif, ou si vous ne souhaitez pas vous mouiller, vous lui arrachez les plumes à vif par paquets, voire une à une, pour ceux qui ont plus de temps. (nota: la dinde Solferino comme celle de Vaugirard est un « faux-cloaque ». Elle refusera de se laisser déplumer !) Il est recommandé de lui fermer le clapet préventivement. C’est selon votre choix.
- Une fois déplumée, vous la passez sur les flammes afin qu’elle soit définitivement à poil ! Ne pas vous inquiéter des commentaires pudibonds de la bête. À ce stade, ce type particulier de dinde se met en général à délirer. Dans leur « novlangue » (langage de volailles pour la volaille), vous pourriez penser qu’elle vous insulte, voire qu’elle supplie. Aucune importance…
Bien préparée, votre dinde peut enfin passer de vie à trépas. Il faut bien que la bête y passe. Nous ne sommes pas des méchants, nous avons un coeur qui bat, des sentiments !
Vous prenez une planche de bois, une machette bien aiguisée, parce que c’est plus pratique. Pour la rassurer, vous lui montrez afin qu’elle comprenne bien qu’elle ne sera pas fourrée vivante. C’est vrai quoi, un peu de décence. Je me suis laissé dire que cela était arrivé ! C’est intolérable ! Une dinde, même socialiste n’est pas un « pigeon-contribuable » ordinaire. Le plus souvent, le sus-nommé accepte lui, d’être farci bien profond avant d’être plumé. Il en a pris l’habitude. D’ailleurs, il semblerait bien, au vu des derniers résultats électoraux, qu’il apprécierait la chose. C’est quasiment devenu une coutume à Bercy.
Mais revenons à notre dinde ! Votre commis lui prend les pattes, vous tirez bien sur le cou et tchac… !
En général, il se produit un grand silence. Elle s’agite encore, mais ce sont des réflexes de dindes. Elles ont tellement l’habitude de s’agiter dans tous les sens que lorsqu’elles perdent la tête pour de bon, elles bougent encore, mais sans les beaux discours. Elles s’agitent en silence en quelque sorte. La première fois, c’est assez surprenant.
Rapidement, vous la retournez. Avec une lame fine, vous lui ouvrez le ventre, vous lui retirez la bile et la « socia-lie », c’est à dire ses entrailles nauséabondes. Vous gardez seulement le cœur, si elle en a un. Vous mettez le reste à la poubelle Godwin. On ne peut rien en faire. Vous rincez abondamment l’intérieur au Devilliers. Une eau de source « puy du fou » rafraîchissante, bien loin des eaux roses et bleu triste du cloaque élyséen.
Au préalable, vous aurez préparé votre farce composée de cochon corse nationaliste, car celui de Bretagne est vraiment trop « Guéandisé », vous ajoutez des herbes de Marion en Provence, pour lui donner du goût et de la conviction, des plantes de la Marine pour le piment, une grosse cuillère de Louis pour le plaisir, et un peu de Florian pour ceux qui aiment.
Un petit conseil au passage, pour un gros plus: si vous avez du Robert sous la main, ne vous gênez pas. Certes, il est trop rare en ces temps difficiles de compromissions diverses, mais il apportera à votre préparation du vivifiant, de la vérité et de plus, il n’accepte pas les dérives gustatives.
Vous remplissez la dinde de Solferino ou de Vaugirard sans hésitation, sans ménagement, bien à fond en chantant la Marseillaise! Attendez-vous à quelques soubresauts, car même morte, la bête idiote peut encore bouger. Surtout au contact de cette farce patriote bien assaisonnée.
Puis, envelopper cette dinde dans les trois couleurs. Pour le plaisir des yeux.
Laissez reposer une heure ou deux en paix, et mettez dans un four à bonne température ! Bon appétit.
Pour les traditionalistes, vous pouvez préférer la bonne poule gauloise ou le bon vieux coq gaulois. Mais là de grâce, c’est à traiter avec amour et respect.
Gérard Brazon (Le Blog)
Bonne recette. Mais j’ai un problème : la dinde de Solférino, ou de Vaugirard, est indigeste. La chair est trop sèche, trop rance. Tiens, je vais préparer un goret. Au dessert : un daesch farci aux pruneaux.
db
Jouissif. Un air de Mr. Bean and the Christmas Turkey.
Pas mal. Ça me fait entrevoir les dindes socialos sous un angle plus sympathique.
Y a bon Brazon ! Et pour les animelles z’auriez pas une recette ? Les moutons, ça manque pas en France .