"Les familles chinoises pourront avoir plusieurs enfants: une révolution pour la 2e économie du monde." C'est en ces termes que le site d'information belge RTL évoque la fin de la Politique de l'Enfant Unique en Chine le 29 octobre, selon un communiqué du Parti communiste rapporté par l'agence Chine nouvelle. Et je vous passe les majuscules.
La Politique de l'Enfant Unique a droit à sa page Wikipedia, convenablement actualisée ; elle se décrit donc comme une "politique publique" de "contrôle des naissances" et courut de 1979 à 2015. Les termes diplomatiques employés par l'encyclopédie en ligne ne peuvent évidemment pas transmettre la violence de cette politique. Tout au plus évoque-t-elle des "méthodes autoritaires"...
Le contexte de la Politique de l'Enfant Unique est lié à des idées en vogue: malthusianisme (il y aura trop de bouches à nourrir), hausse du niveau de vie (transmission du patrimoine à un plus petit nombre d'héritiers), et même multiculturalisme (les minorités ethniques ne sont quasiment pas concernées). La Politique de l'Enfant Unique est donc une barrière totalement artificielle dressée sur le chemin de la plus grande ethnie de Chine par le Parti Unique qui contrôle le pays.
On a coutume de dire que la domestication désigne l'état dans lequel la reproduction des animaux est contrôlée par un maître humain ; de ce point de vue, le Parti Communiste Chinois a formellement réussi la domestication de l'Humanité sur son territoire.
Après trente ans, les ravages sont indiscutables. L'indice de fécondité est aujourd'hui de 1,4 enfant par femme. Le nombre de personnes en âge de travailler ne cesse de diminuer, cette population perdant 3,7 millions de personnes l'an dernier. Quant aux personnes âgées, elles représentent désormais plus de 15% de la population.
La démographie est une science lente, mais exacte. En 2050, un Chinois sur trois aura plus de 60 ans. Cette tendance, qui ira croissant, rendra impossible toute forme de "solidarité" intergénérationnelle telle que celles conduites à travers les politiques étatiques de redistribution. Aucune classe active n'arrivera à assumer le fardeau d'un tel entretien. Pour assurer leur retraite, les Chinois ne pourront compter que sur la générosité des enfants qu'ils n'ont pas eu.
Après des décennies de complaisance et malgré leur imperméabilité dogmatique à toute réalité, les autorités communistes ont malgré tout, peu à peu, saisi l'ampleur du problème. La Politique de l'Enfant Unique a donc été progressivement "assouplie" - pour les couples dont les deux, voire un seul membre, était lui-même issu d'une famille soumise à la Politique de l'Enfant Unique ; pour les campagnes, lorsque le premier enfant était une fille ; et aujourd'hui, pour la Chine toute entière, sans restriction.
Malheureusement, c'est trop peu, et trop tard.
Le problème n'est pas dans le raz-de-marée de personnes âgées auquel la Chine devra faire face dans les prochaines décennies. Il n'est pas non plus dans le déséquilibre des sexes où les filles moins "prestigieuses" étaient régulièrement tuées avant ou après la naissance, laissant des millions de mâles sans compagne potentielle. Il s'est logé dans la psyché la plus intime d'un peuple entier.
Un million de fœtus féminins étaient avortés chaque année
à cause de la Politique de l'Enfant Unique.
On ne peut tout simplement pas être soumis à un lavage de cerveau de trente ans et en sortir indemne. Pendant des décennies, l'école, les politiciens, les médias, les lois, les élites ont façonné l'esprit des Chinoises et des Chinois pour leur faire comprendre que l'idée d'une descendance était néfaste. Les enfants étaient décriés jusque dans des campagnes publicitaires. Les couples enfreignant la Politique de l'Enfant Unique étaient sévèrement punis et dénoncés publiquement.
S'il est bien un domaine dans lequel les communistes excellent, c'est le lavage de cerveau. Ils y ont mis les moyens, et ils ont réussi. Nombre de Chinois ne veulent plus d'enfant - du tout. Enfants uniques choyés par leurs parents, ils ont été pourri-gâtés depuis leur premier jour et ne conçoivent plus l'idée du moindre sacrifice matériel pour la génération suivante. L'égocentrisme absolu ne s'autorise pas la concurrence d'une éventuelle descendance.
Même les couples cédant à leur désir d'enfant ne s'imaginent pas avec une fratrie à gérer. Leurs parents se sont sacrifiés pour leur donner un niveau de vie décent ; comment imaginer parvenir à atteindre des résultats identiques en devant gérer non pas un seul mais deux, voire trois bambins? Comment mener une carrière, céder à ses caprices consuméristes et se livrer en même temps aux sacrifices qu'implique une famille? L'hypothèse est totalement impensable, d'autant plus que nombre de couples chinois doivent déjà soutenir des parents âgés.
Pourtant, il les faudrait, ces fameuses familles avec deux ou trois enfants. Il en faudrait des centaines de millions.
Avec une certaine ironie, on peut espérer que le talent des communistes à laver le cerveau de leurs concitoyens marche tout aussi bien dans l'autre sens. Mais même ce talent a des limites. Il faut vingt ans pour bâtir une nouvelle génération. Le travail de désendoctrinement commence à peine. La Chine n'a plus assez de temps. De plus, la mission est autrement plus délicate: il est plus facile de supprimer des enfants jugés surnuméraires et de clouer des familles au pilori que d'inciter les êtres humains à se reproduire, ce qui implique des valeurs positives de continuité et de confiance dans l'avenir... Pas vraiment le genre de partition que savent jouer les nervis du Parti Unique chinois.
Comme le résume une formule limpide, la Chine sera vieille avant d'être riche. Le socialisme l'aura anéantie avec plus de certitude que n'importe quelle catastrophe naturelle.
Il y a des raisons de s'attarder sur l'abandon de la Politique de l'Enfant Unique. Il relève de l'événement planétaire de par l'importance du pays. Mais il permet également de jeter un regard en arrière sur des décennies d'ingénierie sociale et leurs conséquences, un aspect du problème qui rebute quelque peu des éditorialistes européens peu enclins à transposer ces questions à nos contrées. Cette approche est pourtant nécessaire.
On notera ainsi un terme totalement absent du débat démographique en Chine: l'immigration. On ne peut affirmer que les dignitaires du parti soient hermétiques à l'idée, mais elle n'a tout simplement aucune viabilité: quel pays du monde pourrait, en pratique, fournir les cohortes infinies des millions d'immigrés productifs nécessaires à l'entretien des générations chinoises vieillissantes? A travers son seul poids démographique, la Chine est arrivée au terme du jeu de l'avion immigrationniste que d'aucuns plaident pour l'Europe.
La Chine montre que les politiques d'ingénierie sociale étatiques mènent invariablement au désastre. Dans un dernier sursaut de lucidité, elle indique finalement le chemin à suivre: s'il faut assurer l'existence de générations futures pour la population d'un pays, les autochtones sont probablement les personnes les mieux placées pour le faire.
Stéphane Montabert - Sur le web et sur Lesobservateurs.ch, le 5 novembre 2015
Chère Mme Lauwaert, je ne sais pas si vous avez des enfants ou non ; je suppose qu’en toute cohérence, vous n’en avez pas.
La logique démographie est extrêmement simple: les gens qui ne font pas d’enfant finissent par mourir et disparaître dans l’oubli. Il en est de même de la culture et des valeurs qu’ils défendent. Il est déjà assez difficile de les transmettre à ses propres enfants, alors imaginez auprès de parfaits inconnus!
Vous pouvez plaider toute votre vie contre la surpopulation et ses méfaits, vous parviendrez au mieux d’autres coreligionnaires apparentés à disparaître avec vous. J’écris le terme “coreligionnaires apparentés” parce que je doute que vos “raisins trop verts” ne vous prêtent la moindre oreille, et encore moins qu’ils tiennent compte de vos propos. Les seuls que vous pouvez parvenir à convaincre sont ceux qui devraient se reproduire pour perpétuer votre discours. Ce qui n’est pas le moindre des paradoxes, vous en conviendrez.
On peut longtemps poser la question de l’éducation des enfants et des raisons pour lesquelles ils viennent au monde. Certains groupes (comme les Palestiniens) avouent ouvertement qu’ils en font pour regarnir les rangs de leurs combattants. Dans d’autres pays du monde (mais peut-être les nôtres aussi et dans pas longtemps) c’est la seule assurance-vieillesse fiable. Ailleurs encore, c’est pour obéir à des besoins biologiques, ou à un désir de transmettre.
Car le problème est moins dans le nombre d’êtres humains que dans leurs qualités respectives. Un aspect des choses bien rarement pris en compte par les apôtres de la décroissance. Notre planète pourrait vivre avec dix ou vingt milliards de Thomas Edison et de Marie Curie ; elle mourrait probablement avec seulement quelques millions de Gengis Khan.
Au final, cela ne change pas grand-chose: ce sont les vainqueurs qui écrivent l’histoire, dit-on, et en démographie les vainqueurs sont ceux qui font des enfants. Point à la ligne.
La Chine a perdu. Quant aux pays européens, leurs taux de fécondités artificiels ne montrent que l’ampleur du remplacement en cours. Et ceux qui nous succéderont pourront bien rire des thèses de la surpopulation tenues par l’espèce disparue qu’ils auront remplacé.
plus il y a d’humains sur la planète, plus la catastrophe est grande et plus elle deviendra grande avec surpopulation, toutes les pollutions, les migrations, les conflits pour les terres cultivables et l’eau, plus on a besoin d’énergie, la surpêche augmente encore, le déboisement aussi – dans tous les domaines! plus il y a d’humains pire c’est !
jusqu’à ce qu’on doive faire une bonne elimination avec une bonne guerre…
n’est-il pas plus simple de réduire la population en faisant de moins en moins d’enfants?
L’affaire des Chinois, ce n’est pas qu’ils manquent de population c’est qu’ils ont éliminé systématiquement les bébés féminins et maintenant ils commencent à proposer 2 hommes pour 1 femme… c’est pareil en Inde avec les avortements sélectifs !
La seule solution c’est la dénatalité et la décroissance mais ça on ne veut pas en parler car c’est contraire à certains intérêts.
En tous cas plus il y a de machines qui font le travail des humains moins il faut d’humains. là où le bât blesse c’est que les bénéfices obtenus par les machines qui font le travail des humains doivent être redistribués aux humains qui vivent sans travail au lieu d’aller dans la poche du propriétaire des machines.