29,5% ! Un résultat incroyable. Beaucoup plus fort qu’en 2007, car à l’époque, l’UDC comprenait encore les voix du futur PBD. La Suisse qui vire à droite : toute la barre à tribord, comme on dirait en termes de marine ! Cela, pour des raisons profondes, bien au-delà de la seule « peur des mouvements migratoires » mise en avant par de timides – ou perfides – analystes.
C’est un véritable changement de paradigme pour notre pays, une mutation politique, mais aussi sociologique, culturelle même ! Sans doute, cette fois, enfin, l’adieu à Mai 68, à une toute une génération née de cette idéologie. Nous entrons maintenant dans autre chose. Une autre époque, qui rejette autant les rêves libertaires que le libéralisme financier sans entraves. Nous assistons au retour de valeurs traditionnelles. Le retour, aussi, puissant, de l’idée de frontière. Celle qui, à l’intérieur, protège le faible, le fragile, le chômeur, contre la concurrence trop facilement importée de l’étranger par certains employeurs hélas bien peu patriotes, ne voyant que leur profit immédiat.
Face à l’étendue de cette mutation, face à l’importance du message délivré par l’électorat le dimanche 18 octobre 2015, je vous dirai franchement que le sort de Mme Widmer-Schlumpf m’est parfaitement égal. Elle peut rester au Conseil fédéral, partir, retourner respirer l’air (tellement plus sain !) des Grisons, cela n’a aucune importance. Et la focalisation des esprits, dans toute la presse suisse, sur le destin de cette dame révèle davantage les préoccupations de sérail de toute une génération de journalistes anti-Blocher, tellement heureux de son départ en décembre 2007, qu’ils ont passé huit ans, dans leurs circuits fermés, en adoration devant une ministre qui ne présente pas, en réalité, tant d’intérêt. Elle a peut-être fait de bonnes choses, et puis peut-être pas : cela n’a aucune importance !
Pourquoi ? Parce que tout l’épisode Widmer-Schlumpf est né d’une trahison. A Berne, à l’approche du 12 décembre 2007, le socialiste Christian Levrat, le Vert Ueli Leuenberger, le PDC Christophe Darbellay ont aiguisé leurs poignards. On est allé chercher, à Coire, une ministre cantonale des Finances qui faisait sans doute du bon boulot, on l’a mise au parfum, elle est partie dans la combine, et au final le putsch anti-Blocher a pu se produire. Eh bien huit ans plus tard, Madame la Grisonne, voici venue l’heure de l’addition. Si, par hasard, elle devait s’avérer salée, je n’en serais, pour ma part, pas exagérément malheureux. Ai-je été assez clair ?
Mais il y a maintenant, fin 2015, un tout autre son de cloche que celui de l’automne 2007 : il ne s’agit plus de Christoph Blocher. Elle s’est éloignée, l’ombre du Commandeur ! Au point qu’une nouvelle génération UDC, cella de sa fille Magdalena, par exemple, celle du brillant patron de la Weltwoche, Roger Koeppel, occupe maintenant la scène. Dès lors, l’ambiance entre l’UDC et les autres partis gouvernementaux paraît moins dramatique qu’il y a huit ans. L’UDC a gagné les élections, elle a réalisé son meilleur résultat historique, elle est en force, en puissance. C’est cela qui compte, et non le petit bal des prétendants au Conseil fédéral.
Mieux que moi, mes confrères tétanisés pas le sérail de la Coupole fédérale vous diront tout de même qu’il y a un calendrier : 31 octobre, Assemblée générale du PBD, où Mme Widmer-Schlumpf pourrait nous éclairer sur ses intentions. 13 novembre : délai pour les candidatures des sections cantonales UDC pour un éventuel deuxième siège. 20 novembre : décision des groupes des Chambres fédérales. Enfin, mercredi 9 décembre, Jour J : réélection complète, comme tous les quatre ans, du Conseil fédéral.
Mais rien de cela n’a de réelle importance. Intéressons-nous aux thèmes ! Le virage à droite du 18 octobre influencera directement l’avenir de nos assurances sociales, celui de nos retraites, nos rapports avec l’Union européenne, notre gestion des flux migratoires, nos décisions sur l’avenir de l’agriculture, de la défense nationale, toutes choses infiniment plus importantes que de savoir « quelle va être la décision de Mme Widmer-Schlumpf ». Ce que l’Histoire politique suisse retiendra de l’automne 2015, c’est le 18 octobre. Avons-nous simplement pris la mesure de ce qui s’est produit ce jour-là ?
Pascal Décaillet, Édito publié ce matin, en italien, en première page du Giornale del Popolo - Jeudi 22.10.15
EWS n’a pas aimé les résultats de dimanche dernier, surtout dans son canton. Les bruits commencent à courir… Pour le “Blick”, elle est tout près de la porte de sortie…
http://www.blick.ch/news/politik/polit-krimi-widmer-schlumpf-nahe-am-ruecktritt-id4290902.html
Sur ce site, on ne va pas trop pleurer…
@Marcassin:c’est un duel fabuleux!Un intellectuel bardé de diplômes et de masters,idéologiste dans l’âme,grande gueule,politicien filoutard,donc d’une grande intelligence tactique et son adversaire:un homme remarquable de simplicité,homme de terrain ,homme du présent constant,homme connu et très aimé dans son canton,très bon gestionnaire avec du bon sens.Certes,parfois il est un peu “bouguoneu”.Les fribourgeois trancheront.
“Le Temps” ou “L’hôpital qui se fout de la charité”, parce que l’on sait évidemment, qu’il n’y a eu ni magouilles, ni menées quant à l’élection d’EWS.. tout s’est passé avec fair-play et dans la transparence !!J’espère que ce canard finira par perdre toutes ses plumes..
http://www.letemps.ch/suisse/2015/10/22/ivre-pouvoir-udc-attaque-christian-levrat
L’image de l’aiguisage des couteaux est particulièrement pertinente! En effet, je me souviens qu’un certain conseiller national genevois s’est vanté sur GHI d’avoir participé à « la nuit des longs couteaux ». Il en était fier! Pour un socialiste, parangon de vertus, c’est tout de même un comble de faire référence à la « nuit des longs couteaux »!
Mais oui, le 18 octobre la donne a changé en Suisse et cela entraînera des modifications au niveau des futures décisions du peuple. Le Conseil fédéral n’a pas voulu comprendre le raz-le-bol des citoyens, cette fois-ci j’espère qu’il retroussera sérieusement les manches.
Quant à EWS elle est arrivée par opportunisme et tricherie et déloyauté vis-à-vis de son parti et elle est donc parfaitement illégale au CF !
Le socialiste Christian Levrat trouvera Jean-François Rime sur son chemin.
Les magouilleurs auront probablement un membre de moins…
Faut pas rêver EWS va s’accrocher à son siège, elle est tellement avide de pouvoir que garder ses petits-enfants dans les Grisons ne va pas la satisfaire.
Si je me souviens bien, il y a quatre ans, EWS avait dit avoir commencé à faire ses valises… Le petit jeu des magouilleurs parlementaires lui a permis de rester à son poste.
Comme elle aime les chiffres, elle va certainement faire ses petits calculs. Si elle veut éviter de vivre ce qu’elle a infligé à quelqu’un d’autre, elle va bientôt rédiger un petit discours d’adieu…
Eh oui ! EWS. Les mensonges se paient un jour. Inévitablement…
On peut pas dire que le règne de EWS a amené “le libéralisme financier sans entraves” du moins pas au niveau bancaire. Au niveau bancaire, le CF a pris des mesures réglementaires prudentielles pour éviter que les grandes banques spéculent sur les marchés internationaux et qu’ils fassent appel au contribuable Suisse lorsqu’ils se brulent les doigts. Si recapitalisation des banques était nécessaire, le CF a probablement été trop loin sur le terrain réglementaire. La nouvelle composition du parlement qui devrait se traduire par une nouvelle composition apportera certainement un peu plus de pragmatisme. Il n’est pas nécessaire d’être plus royaliste que le roi.
Par contre sur le dossier du dumping salariale, on peut dire que les petites mesures cosmétiques suite au 9 février ne risquait pas de produire d’effet. On peut dire que les nouveaux parlementaires ne vont pas s’ennuyer pour rétablir un certain équilibre sans faire appel à la dépense budgétaire. Le nouveau couple UDC-PLR forcé va devoir faire preuve de créativité et d’innovation politique.
Bien vu Pascal Décaillet, dommage pour les fautes de frappe qui écornent le texte.