Dans le Figaro Vox, André Bercoff écrit notamment (extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page) : C'est ce vide quasiment abyssal qui semble régner sur la politique étrangère de la France, et ce, depuis quelques années. Sarkozy voulut se débarrasser de Kadhafi au nom de la liberté et des droits de l'homme, mais ce faisant, il a complètement ignoré le fait qu'une dictature peut en cacher une autre, pire encore. Résultat des courses : la voie des grandes migrations fut ouverte avec fracas. Le choix, dramatique mais incontournable, oppose les dictatures militaires à l'enrégimentation de l'islamisme radical, dont l'ambition est précisément et irréversiblement la mainmise implacable, policière et punitive sur la totalité de la vie quotidienne.
André Bercoff : Voilà pourquoi Poutine est aujourd'hui au centre du jeu: il joue aux échecs en calculant à six coups d'avance, alors que nous jouons à la belote en brandissant bruyamment nos sains principes. Un examen à peu près lucide du paysage moyen-oriental aurait montré à nos gouvernants que le rapport de force modèle plus que jamais les situations et qu'entre deux maux, il faut continuer de choisir le moindre (fin des extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page).
Sur Boulevard Voltaire, Dominique Jamet écrit notamment (extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page) : « Les mois puis les années passant, une première évidence a fini par pénétrer des dirigeants politiques qui semblaient postuler pour le titre des plus bêtes du monde : Bachar n’était ni aussi seul à l’intérieur de son propre pays, ni aussi isolé par rapport au reste du monde qu’ils l’avaient cru et proclamé. Une deuxième, encore plus importante, s’est imposée depuis plus d’un an. Ce n’est pas Bachar mais bien Daech qui met en danger la paix de la région, du Moyen-Orient et du monde, et c’est encore Daech dont les crimes surpassent encore en horreur ceux du régime syrien » (fin des extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page).
De son côté, le site Aleteia publie un entretien avec Maria Saadeh, chrétienne, députée au Parlement syrien (extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page) :
Aleteia : Pourquoi avoir choisi soudain de devenir députée du parlement Syrien alors que rien ne vous y destinait ?
Maria Saadeh, architecte, chrétienne, députée au Parlement syrien : En tant que citoyenne et femme syrienne j’estime que vos gouvernements n’ont pas le droit de sélectionner qui peut représenter ou non la Syrie. Pour cette raison j’ai estimé qu’il fallait que je rentre au parlement pour avoir une tribune légale afin de parler au nom du peuple syrien et refléter au mieux la réalité et pour transmettre un message à l’occident : « vous avez commis une grande erreur, en détruisant notre état, notre histoire et notre patrimoine ».
Que répondez-vous à ceux qui vous accusent d’être élue au service d’un régime dictatorial ?
Ce sont les occidentaux qui se permettent de juger que notre société est sous une dictature. Les Syriens quant à eux, les premiers concernés, sont loin de penser cela. Ce n’est pas du droit des occidentaux de proclamer que c’est un régime dictatorial. Seuls nous, Syriens, vivons au quotidien dans la société syrienne, il n’y a que nous qui sommes en mesure de juger le gouvernement syrien. Il n’y a que nous qui avons connu la situation avant la guerre et maintenant et qui pouvons donner notre avis sur la situation politique du pays. La Syrie est le berceau des civilisations, de l’Histoire et des religions, c’est une terre qui appartient à l’humanité toute entière et aujourd’hui nous devons faire face à la monstruosité. Sous le prétexte de s’attaquer au régime, vos gouvernements détruisent le patrimoine de l’humanité.
Au début de la crise Syrienne, qui manifestait pour réclamer une société plus « démocratique » ?
Laissez-moi vous donner un exemple, et vous jugerez. Comme architecte j’avais un chantier et des ouvriers sous ma responsabilité. Au début de la crise et des manifestations, mes ouvriers avaient abandonnés leur poste. J’ai finalement compris que les islamistes déjà présents, les payaient pour manifester : pour une heure ils touchaient 500 livres syriennes tandis que les organisateurs eux, recevaient 1000 ou 2000 livres syriennes. Cela représente plus d’une journée de travail ! Vous imaginez donc quel succès cela a rencontré.
Quelle est votre position face à l’engagement de la Russie dans votre pays ?
Nous avons une grande relation historique avec l’occident, mais aujourd’hui le peuple syrien ne se fait plus d’illusion quant à l’attitude extrêmement agressive de l’occident. Dans le même temps, la Syrie ne peut pas affronter seule cet ennemi redoutable qu’est l’Etat islamique, elle doit trouver de nouveaux partenaires, la Russie en est un. Tous les états qui sont volontaires pour participer à l’effort de guerre sont les bienvenus.
Un gouvernement de transition peut-il aider à la réconciliation ou bien faut-il que Bashar Al-Assad reste coûte que coûte à la tête de l’Etat syrien ?
Bashar Al-Assad ne doit quitter ses responsabilités qu’après une décision populaire du peuple syrien et de lui seul. Son départ, si départ il y a, ne doit en aucun cas être le résultat de pressions issues de l’extérieur de la Syrie (fin des extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page).
Michel Garroté, 29 septembre 2015
Et le minable petit fonctionnaire en chef européen retourne sa veste…
On dirait qu’il vient d’ouvrir les yeux sur la réalité.
Est-il en train de comprendre que les peuples européens ne veulent plus de cette Europe là et que le révolte gronde dans les chaumières?
Grand retour en arrière: l’UE veut des relations normales avec la Russie
L’UE est apparemment très impressionnée par les actions de Vladimir Poutine en Syrie: le président de l’UE Jean-Claude Juncker dit soudain que la relation de l’UE avec la Russie ne doit pas être dictée par les Etats-Unis . Il a appelé à une normalisation des relations – et donc indirectement à un terme aux sanctions.
http://deutsche-wirtschafts-nachrichten.de/2015/10/08/grosse-rolle-rueckwaerts-eu-will-normale-beziehungen-zu-russland/
Cette Syrienne chrétienne montre , dans ses réponses, une grande cohérence.
La France n’a, hélas, jamais compris la complexité de la politique syrienne (voir “Câbles et reportages” , d’Albert Londres, années 20). Et maintenant, moins que jamais.
Quelle mouche a piqué nos gouvernants, en les faisant décider, tout d’un coup ,que Bachar El Assad devait être renversé au profit d’un “printemps” complètement fantasmé , d’où naîtrait forcément un chef démocrate ?
Décision d’autant moins cohérente qu’ils soutiennent un Président ( non réélu depuis 9 ans) d’une Palestine non moins fantasmée, notoirement corrompu.
Je ne sais si l’intervention de la Russie aidera vraiment les Syriens à recouvrer la paix; à organiser des élections au mieux des intérêts de cette population éprouvée. Car l’intervention russe en Afghanistan n’avait pas été couronnée de succès ( ni pour les p’tits gars russes, ni pour les Afghans) . L’intervention américaine n’a pas réussi non plus; cela se constate aujourd’hui encore.
Merci d’avoir relayé les propos de Maria Saadeh! Ca, c’est de l’information! En marge, en saisissant ” la Syrie que vous ne connaissez pas “, vous verrez un diaporama de prises de vue magnifiques. Particulièrement émouvant. Et évocateur d’un pays “où coulent le lait et le miel”. Où coulaient… ? Ces images “concrétisent”, en quelque sorte, une Syrie que nous ne connaissons pas. Et elles communiquent l’envie d’y aller!