Professeurs voulaient interdire à leurs étudiants les mots « immigrants illégaux », « mâle », « femelle », etc.

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À l’université de l’État de Washington aux États-Unis, on ne badine pas avec le vocabulaire. À la fin du mois d’août, les étudiants de plusieurs cours d’éthique et de théorie critique se sont vu notifier que l’emploi des expressions « immigrants illégaux », « personnes de couleur », « femelle », « mâle » ou « homme blanc » devenait passible de sanctions pouvant aller d’une mauvaise note jusqu’à l’annulation des résultats obtenus au cours du semestre.

L’objectif de la mesure étant de lutter contre les discriminations, « l’utilisation de termes racistes, sexistes, homophobes, transphobes, xénophobes (…) en classe ou dans les travaux ne sera pas tolérée », précise Selena Lester Breikss, l’une des deux professeures à l’origine de ces nouvelles règles.

La seconde, Rebecca Fowler, a expliqué au site d’information « Campus Reform » que l’emploi générique d’expressions comme « immigrants illégaux » pour parler de situations humaines très diverses incitait « à la déshumanisation systématique » des personnes visées. Les étudiants devront lui préférer par exemple l’expression « migrant sans papiers », jugée moins stigmatisante.

Cette interdiction s’inspirerait directement du AP Stylebook, le célèbre guide de rédaction de l’agence de presse américaine Associated Press (AP). Depuis 2013, l’agence recommande (elle n’interdit pas) de ne plus parler de « migrants illégaux » ; l’adjectif « illégal » ne pouvant pas qualifier une personne, mais uniquement une action comme le fait de vivre ou d’entrer illégalement dans un pays. On ne sait pas si criminel peut encore désigner des gens ou uniquement des actes. Un corset lexical que préconise aussi l’ONG militante Human Rights Watch, pour qui l’emploi de ce terme « renforce également les préjugés envers les ressortissants de certains pays ».

Malgré ces cautions issues du correctivisme politique, à l’université de Washington State, la nouvelle règle lexicale n’a pas plu à tout le monde. Des étudiants ont contesté la mesure, jugeant qu’elle contrevenait à leur liberté d’expression. Une position rapidement soutenue par des médias conservateurs, révèle le Washington Post. La polémique grandissant, la direction de l’établissement a publié un communiqué pour la désamorcer, assurant « qu’aucun élève ne pourra se voir retirer des points d’examen à cause de l’emploi de termes jugés offensants pour certains ».

 

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