Le moment n’est-il pas venu de placer les pétromonarchies du Golfe devant leurs responsabilités morales et religieuses ?
Avec une superficie de 2.149.690 km², l’Arabie Saoudite est un très vaste pays. C’est le 13ème plus grand pays de la planète. En revanche, sa population est relativement faible : 30 millions seulement, soit une densité de 14 habitants au kilomètre carré. Son PIB est très élevé et le chômage y est insignifiant. Les énormes revenus pétroliers et gaziers font du pays un vaste chantier, toujours en manque de main d’œuvre. Pour mener à bien tous ses projets de construction, il doit donc faire appel à de très nombreux travailleurs étrangers, venus principalement d’Asie du Sud et du Sud-Est : Bangladesh, Pakistan, Philippines, Inde et Indonésie principalement. Ces travailleurs forment actuellement 30 % de la population du royaume.
Le Royaume d’Arabie Saoudite est la première économie du monde arabe. Il abrite également les deux principaux lieux saints de l’islam, situés à La Mecque et à Médine. Ce poids économique et religieux fait jouer au royaume un rôle de premier plan au Proche-Orient et au-delà. Dans les crises irakiennes et syriennes, Riyad est un acteur incontournable. Le soutien saoudien à différents mouvements d’opposition armée, en Syrie, a largement contribué à la déstabilisation de ce pays et à l’escalade guerrière.
Pour toutes ces raisons, il serait normal, voire moral, que l’Arabie Saoudite accueille un grand nombre de réfugiés syriens. Il est à noter que ce ne sont pas les pays arabes les plus riches qui ont reçu le plus grand nombre de ces réfugiés : ils sont 1,1 million au Liban, 620.000 en Jordanie, 225.000 en Irak et 140.000 en Égypte. La Turquie, pays non arabe mais voisin de la Syrie, compte quant à elle 1,6 million de réfugiés syriens sur son sol.
Accueillir des réfugiés syriens dans le royaume des Saoud ne serait pas très compliqué, logistiquement parlant : le pays a une longue frontière commune avec la Jordanie, terre de premier accueil pour un grand nombre de Syriens. Inutile de rappeler que la langue de l’Arabie Saoudite est… l’arabe, langue qui est également celle des Syriens. Enfin, le royaume a beaucoup d’expérience en matière de gestion de visiteurs en grand nombre : chaque année, des millions de pèlerins affluent dans le pays, pour le pèlerinage de la Mecque. Le développement économique et les grands chantiers du royaume devraient même permettre de donner facilement du travail à nombre de réfugiés.
L’Arabie Saoudite a donc l’espace, les moyens, l’expérience et la proximité culturelle et religieuse pour accueillir des centaines de milliers de Syriens. Malheureusement, il semblerait que ce soit la volonté qui fasse défaut. Le royaume s’est jusqu’à présent refusé à accueillir les Syriens, préférant apporter une aide financière aux pays arabes de premier accueil. Son (mauvais) exemple a été suivi par les autres prospères monarchies de la région : les Emirats Arabes Unis, Qatar, Bahreïn et le Koweït ont également fermé leurs portes aux Syriens alors que, comme leur grand voisin, ils en avaient les moyens.
Le moment n’est-il pas venu de placer les pétromonarchies du Golfe devant leurs responsabilités morales et religieuses ?
Source: http://www.bvoltaire.fr/hervecheuzeville/arabie-saoudite-terre-dasile,203126
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