Les relations entre la Suisse et l’UE : Face aux partis, le citoyen est-il bien informé?

Albert Leimgruber
Rédacteur
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  1. Les relations entre la Suisse et l’UE

Le 18 octobre, les Suisses se rendront aux urnes pour élire un nouveau parlement. Les partis politiques motivent leurs troupes afin de mobiliser et d’élargir leur électorat. Comme lors de chaque campagne électorale, les partis politiques ont rédigé un programme électoral. Celui-ci à deux objectifs : placer les thèmes de la campagne et préciser le positionnement du parti face aux dossiers politiques.

 

Cette année, l’Europe connaît la plus grave crise migratoire depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Des drames, tels que la mort de plus de 70 réfugiés, encore tout récemment dans des conditions épouvantables, indiquent que la situation n’est de loin pas sous contrôle. Les accords de Schengen/Dublin ne fonctionnent pas. Pendant ce temps, la Grèce est soumise à un régime d’austérité imposée par Bruxelles. La pauvreté augmente, l’accès aux soins est réservé à une clientèle aisée, la chômage augment en flèche, de plus en plus de grecs sont contraints de manger de la soupe distribuée par des bénévoles, nombreux sont ceux qui ne voient plus d’issue et choisissent le suicide. L’Angleterre et l’Autriche entament un processus de réflexion quant à leur maintien dans l’UE. Toute une génération a été sacrifiée en Italie, en Espagne et au Portugal. Le rêve européen a viré au cauchemar. L’Europe va mal, très mal, et la Suisse est directement concernée.

 

Celui qui s’attend à ce que le sujet européen se trouve au centre de la préoccupation des partis politiques en campagne se trompe. Le PS n’en parle même pas dans son programme électoral. Les partis du centre veulent renforcer les liens entre la Suisse et l’UE, mais n’osent pas l’affirmer haut et fort. Le Conseiller fédéral Schneider-Ammann est même intervenu pour stopper le lancement d’une campagne pro-bilatérales. Circulez, il n’y a rien à voir !

 

Le positionnement des partis

Seule l’UDC se profile sur la question, mais est systématiquement marginalisée par la classe politico-médiatique. Car le parti national-conservateur a commis l’impensable : il a lancé (et gagné !) une initiative populaire visant à introduire des quotas d’immigration.

 

En détail nous observons le tableau suivant :

 

  • Le Parti socialiste est le dernier parti à demander l’adhésion de la Suisse à l’Union Européenne (programme du parti) mais évite sagement d’évoquer le sujet dans son programme électoral. Etant donné que même son propre électorat ne le suit plus sur cette question, il érige la voie bilatérale comme dogme, mais refuse encore et toujours d’exclure une adhésion.

Pour le PS, une adhésion à l’UE permettrait à la Suisse de prendre part aux décisions qui concernent aussi notre pays. En réalité, une Suisse membre de l’UE ne représenterait qu’environ 1.5% du parlement européen qui lui-même n’a pas de réel pouvoir. Au sein du Conseil des ministres et de la commission (donc là ou sont prises les décisions importantes), la Suisse serait représentée par un ministre, respectivement un commissaire sur 29 (UE 28 + la Suisse), ce qui correspond à 3.45%. Mais rien ne garantit que le ministre et le commissaire représentent réellement la majorité populaire Suisse.

En bref : une adhésion à l’UE ne permet pas à la Suisse d’influer réellement les décisions européennes. La perte des outils démocratiques (initiative et référendum) sur les questions tranchées à Bruxelles ainsi que la soumission du droit suisse au  droit de l’UE aboliront purement et simplement la démocratie et la souveraineté de notre pays.

  • Le PDC et le PLR prônent la voie bilatérale et excluent l’adhésion. Le PLR est plus communicatif à ce sujet : il affiche clairement son refus d’adhérer. Les deux partis du centre considèrent la voie bilatérale comme immuable et sans alternative. Ils semblent prêts à accepter toutes les conditions de Bruxelles tant que l’adhésion est évitée.

Selon ces deux partis, la voie bilatérale doit être inscrite dans la Constitution. Or, ceci représente une perte de souveraineté pour la Suisse, car tout pourra être imposé à notre pays, lorsque cela concerne les accords bilatéraux.

  • L’UDC défend elle aussi la voie bilatérale, mais à certaines conditions. Elle souhaite limiter les accords à l’économie et ne pas lier le destin de la Suisse aux décisions prises à Bruxelles. Le parti est opposé à l’adhésion ou à un contrat-cadre liant la Suisse institutionnellement à l’UE.

 

En résumé, on peut observer que le PS est mal pris, car sur la question européenne il ne représente qu’une infime par de la population et environ la moitié de son électorat. Les partis du centre n’ont pas de message clair à transmettre. Seule l’UDC présente un programme cohérent et conséquent. Il n’est donc pas surprenant que les relations entre la Suisse et l’UE ne fassent pas l’objet d’un large débat avant les élections.

 

Albert Leimgruber, rédacteur en chef Voix Libre, 3 septembre 2015, à suivre

 

 

 

 

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