Roger Koeppel, Die Weltwoche : Sécurité

 Les États doivent montrer leurs griffes dans les situations graves. Il n'y a pas de liberté sans sécurité.

De Roger Köppel, Die Weltwoche, 1er août 2015

Le principal enseignement à tirer après l'attentat de terroristes islamistes, lourdement armés, contre le magazine satirique Charlie Hebdo est qu'il n'y a pas de liberté sans sécurité. L'État doit protéger ses citoyens. Si l'État se retire de la sécurité, il cède la place à d'autres forces.

Les attentats ont, bien sûr, un rapport avec l'islam. En se distanciant énervés et presque offensés des «radicaux», les musulmans optent pour la solution de facilité. Se distancier ne suffit pas. Ils doivent se mobiliser pour combattre et éliminer de leurs rangs l'abcès que constitue l'islamisme. Tant qu'ils ne le feront pas, ils seront complices des atrocités commises au nom de leur religion. Cela s'appelle la responsabilité.

Personne n'agite le spectre d'une guerre civile de religion. Mais il doit aussi être permis de mettre le doigt sur les points sensibles, de s’en prendre à des opinions théologiques controversées, sans faux ménagements. Faire une analyse critique du Coran ne signifie pas vouloir se débarrasser des musulmans ni les offenser. C'est engager les musulmans à participer à l'élaboration de leur message religieux en faveur de la paix: responsabilité et réforme.

L'ancien chef du renseignement, Peter Regli, dit avec justesse que la lutte contre l'islam militant ne peut réussir que si les musulmans européens, et donc aussi suisses, s'y associent. La Suisse a réussi jusqu'à présent avec sa politique d'immigration à éviter des difficultés telles que celles que connaissent la France ou l’Allemagne. Reste que la méfiance dans la population est grande. Il faut être suffisamment honnête et s’orienter vers une immigration modérée, précisément avec les cultures les plus difficiles à intégrer. Ce n'est pas être xénophobe, mais responsable.

Il ne sert pas à grand-chose que des politiques se bousculent pour être au premier rang dans de grandes marches pour la paix. «Je suis Charlie» est le cri de guerre facile de gens bien intentionnés qui veulent se démarquer moralement de prétendus «islamophobes». La diffamation des critiques de l'islam issus du peuple qui, sous le nom de «Pegida», déstabilisent les élites en Allemagne est devenue une curieuse occupation des faiseurs d'opinion, des politiciens et des journalistes. Au lieu de prendre au sérieux les préoccupations des gens, on les décrie une fois de plus à l’envi avec arrogance. Nous devons avant tout à la démocratie directe d'avoir discuté plus tôt et globalement avec moins de crispations la question de l'islam en Suisse.

Les manifestations pacifiques n'impressionnent pas les terroristes. Les débats spirituels sur les valeurs de l'Occident sont peu susceptibles de dissuader les auteurs de violences. Les attaques terroristes près de chez nous mettent au moins en évidence que la mission prépondérante de l'État ne réside pas dans la redistribution d'argent, mais dans la sauvegarde de l'ordre juridique, ainsi que dans la dissuasion préventive des auteurs potentiels de crimes. Ce n'est pas aux citoyens de se protéger eux-mêmes en faisant preuve de prudence et de retenue. «La satire ne permet pas tout» est un tweet irréfléchi. Mais l'État doit veiller à ce que l'exercice légal des libertés constitutionnelles ne dégénère pas en un risque mortel. Il n'y a pas de liberté sans sécurité. Il faut donner à l'État les outils nécessaires – une façon de voir les choses qui fait aussi son retour.

La Suisse n'est pas un État policier. Au contraire. Elle en est très loin. Nous vivons depuis des décennies dans la paix et l'abondance. Sous la protection des Américains, toute l'Europe s'est consacrée au développement de ses institutions sociales depuis la fin de la dernière guerre mondiale. Aujourd'hui, nous constatons que les États providence non seulement affaiblissent l’aptitude à la défense et impliquent d'énormes charges financières, mais érigent aussi des obstacles à l'intégration des étrangers. Celui qui travaille et doit gagner sa vie s'adapte ou passe son chemin. L'économie de marché a un effet intégrateur et civilisateur énorme. Inversement, l'État providence permet de cultiver son propre mode vie, financé par d'autres, en marge de la société. Si l'Europe souhaite maintenir l'immigration au niveau élevé actuel, elle doit aussi s'américaniser plus, c'est-à-dire devenir plus froide et plus dure. Une forte immigration et un grand État providence s'excluent l'un l'autre.

Il faut faire preuve d'une sérénité héroïque. La sécurité totale reste une illusion. Mais la sécurité doit revenir en tête de la liste des priorités. La possibilité pour des terroristes d'oser se promener avec des lance-roquettes dans les rues d'une capitale dépend de la force et de la crédibilité de l'État à imposer son monopole de l'usage de la force au quotidien. Il est indubitable que la Suisse a aussi un retard à combler en la matière.

L'icône de l'année dernière était l'ancien employé des services de renseignement, Edward Snowden, réfugié à Moscou en héros de la transparence après la révélation de secrets d'État. Le culte bizarre autour de ce traître met en évidence la vision biaisée de larges pans de l'opinion publique. Il est probable qu'entre-temps certains aient commencé à comprendre. Un État qui veut protéger ses citoyens a besoin de services de renseignement efficaces, d'une police et d'une armée.

Peut-être que l'indignation arrogante envers Bush, le président américain honni, se relativise avec le recul du temps. On s'est toujours fait en Europe des idées un peu fausses sur les sentiments de vulnérabilité qu'ont déclenchés les gigantesques attaques terroristes aux États-Unis. Les méthodes étaient peut-être brutales, mais Bush est tout de même parvenu à éviter que de nouvelles attaques ne se reproduisent durant son mandat et à faire revenir la confiance dans la fonction protectrice de l'État. Après les événements de Paris, nous nous rapprochons de nouveau un petit peu des États-Unis. Les États doivent montrer leurs griffes dans les situations graves. Toute autre attitude est une invitation aux terroristes

Roger Koeppel, Die Weltwoche, 1er août 2015

4 commentaires

  1. Posté par Pierre H. le

    Mr Köppel, je pense la même chose que KANDEL. L’islam n’est pas quelque chose de bien à la base et qui aurait été dévoyé par certains fanatiques. L’islam EST mauvais à la base et donc il n’y a pas de bon islam comme il n’y a pas de bon nazisme. Le but de ce culte est de régner sans partage sur la Terre. J’ai des amis chrétiens qui se sont convertis à l’islam car ils se sont mariés avec des femmes musulmanes. Ils connaissent très bien la mentalité de cette culture, ils ont lu le coran, et ils ont tout laissé tomber pour revenir dans le monde occidental et le christianisme. L’islam ne cohabite pas avec quoi que ce soit d’autre et en dehors de lui, rien n’existe. Il ne va que conquérir (c’est sa mission). Par la ruse quand les adeptes sont inférieurs en nombre ou moins fort, puis par la force quand ils sont dominants. Le fait de croire qu’il y a un bon islam et un mauvais islamise ce qui est en train de perdre le monde occidental. Il n’y a qu’un seul islam et sa seule mission est de régner sur Terre sans partage.

  2. Posté par KANDEL le

    Mr Köppel, merci pour votre article auquel j’adhère en grande partie … mais pas en totalité.

    En effet Mr Köppel, il faut commencer par reconnaître l’ennemi et oser le désigner lorsque cet ennemi veut notre assujetissement/mort.

    Mr Köppel, cet ennemi c’est L’ISLAM lui-même, … cette horreur est incompatible avec une société de liberté (les apostats doivent être tués, les non-musulmans doivent se convertir à l’islam s’ils ne veulent pas être tués, les Dames sont des êtres inférieurs aux Messieurs, …).

    Oui Mr Köppel, “L’ISLAM EST UN CRIME CONTRE L’HUMANITÉ”, il faut le dire et le répéter sans cesse, … songez à l’avenir de la Suisse, à l’avenir de vos magnifiques enfants, à la démographie en Suisse (l’explosion démographique des musulmans en Suisse).

    Les seuls musulmans compatibles avec la Suisse de 1291 sont les apostats !

  3. Posté par kevin le

    Enfin un futur bon relais à Berne avec j’espère l’élection de Monsieur Roger Koeppel dont nous apprécions sons sens de l’analyse et ses recherches fondées sur des faits concrets….
    qui a déjà fait quelques dégâts sous la coupole dans le rang des roses…biens pensants….
    dommage que son journal ne soit pas publié en romandie……
    c’est toujours un délice de lire vos articles et recherches bien fouillés..à travers mes collègues alémaniques..

  4. Posté par top gun le

    D’ailleurs, Mr Köppel sauf votre respect, je vous suggère de ne plus appeler musulmans cette population silencieuse, mais bien ISLAMISTES puisqu’ils font partie intégrande, de cette..secte adorateurs des horreurs commises au nom de leur Père sanguinaire.

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