Europe, les partis font l’autruche

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Le dialogue entre la Suisse et l'Union européenne est dans l'impasse. Les partis évitent pourtant le sujet, de peur de faire le jeu de l'UDC.

A l'agenda de la prochaine législature, elle constituera sans doute LA question. Pourtant, l'Europe est curieusement absente du débat qui s'est engagé en vue des élections fédérales d'octobre. "La campagne ne fait que commencer, mais je sens chez les partis une frilosité, voire une angoisse à aborder le dossier pourtant crucial de nos relations avec l'Union européenne, par crainte de faire le jeu de l'UDC, très agressive sur le sujet" , confirme la conseillère aux Etats PDC Anne Seydoux-Christe (JU).

Le parti souverainiste a en effet miné le terrain. Son initiative "Contre l'immigration de masse", acceptée le 9 février 2014, donne trois ans, pas un jour de plus, au Conseil fédéral pour limiter l'immigration.

Pour autant, le gouvernement ne veut pas mettre en péril la libre circulation des personnes avec l'UE, soit le droit, pour les ressortissants européens, de s'établir en Suisse s'ils ont un contrat de travail. Berne a donc proposé à Bruxelles de renégocier l'accord. Pas question, répondent jusqu'ici sans fléchir les Vingt-Huit. C'est l'impasse.

 

Spectre des "juges étrangers"

 

L'UDC a lancé une autre torpille avec l'initiative intitulée "Le droit suisse au lieu de juges étrangers", dont la récolte de signatures en cours doit doper sa campagne électorale. Le texte, qui fait primer la Constitution fédérale sur le droit international, vise notamment l'accord institutionnel en projet avec l'UE. Lasse de réserver un traitement spécial aux Suisses, la Commission européenne aspire en effet à simplifier ses relations avec eux. En clair, elle veut que les accords bilatéraux s'adaptent dynamiquement aux développements de l'Union, sans devoir renégocier à chaque fois avec Berne. Tant que l'écueil de l'immigration n'aura pas été surmonté, cependant, la conclusion d'un accord institutionnel est compromise.

Ces enjeux européens majeurs, personne ou presque ne les thématise pour l'instant. Au grand dam de l'UDC: "Cela fait partie d'une stratégie concertée de nos adversaires" , accuse le conseiller national Luzi Stamm (UDC/AG). "Moins on parle d'Europe, et moins ils nous donnent de grain à moudre."

Sujet tabou? Bien que partisan de l'adhésion de la Suisse à l'UE, le Parti socialiste ne lui consacre par exemple pas une ligne dans son programme électoral. Le conseiller national Carlo Sommaruga (GE) explique: "Si elle ne figure pas dans notre plateforme, centrée sur des questions concrètes qui touchent les citoyens, c'est parce que ses enjeux dépassent le cadre de la politique intérieure. Et tant que nous ne connaissons pas le résultat des négociations avec Bruxelles, il n'y a pas matière à débat."

De fait, seul le Parti libéral-radical annonce jusqu'ici la couleur, avec une campagne d'annonces "Bilatérales oui, adhésion non". "Si le PLR progresse dans les sondages, c'est en partie grâce à sa position claire et compréhensible sur l'Europe", estime son conseiller national genevois Christian Lüscher. "A contrario, l'UDC baisse un peu les yeux, parce qu'elle se rend compte des conséquences de ce qu'elle a fait voter au peuple. Quant à la gauche, elle observe un silence assourdissant, car elle sait que les citoyens ne soutiennent pas son projet d'adhésion à l'UE."

Reste une certitude: aujourd'hui fantomatique, l'Europe se rappellera très vite au souvenir des partis une fois les élections fédérales passées. Le temps presse en effet pour permettre aux étudiants et aux scientifiques suisses de retrouver leur place pleine et entière au sein des programmes européens Erasmus et Horizon 2020. Quant aux compagnies électriques, elles piaffent de pouvoir intégrer le marché continental.

"La discussion sur la Grèce montre cependant que l'UE est déterminée à faire respecter les principes", analyse Carlo Sommaruga. "La négociation s'annonce donc difficile, et la Suisse devra sans doute prendre acte du prix à payer pour sa participation au marché unique."

 

Nouveau vote probable

 

"Avant 2017 et le référendum en Grande-Bretagne sur une possible sortie de l'UE, je ne vois pas Bruxelles faire la moindre concession à la Suisse sur la libre circulation" , abonde la PDC Anne Seydoux-Christe.

Beaucoup se préparent dès lors à une nouvelle votation européenne, y compris l'UDC Luzi Stamm. "Je crains que nos adversaires, sous l'appellation trompeuse "Pour ou contre les bilatérales", ne cherchent alors à faire accepter au peuple les diktats de l'UE." LA LIBERTE

 

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2 commentaires

  1. Posté par Le pragmatique le

    Je viens de donner aujourd’hui le formulaire pour l’initiative UDC pour la primauté du droit suisse au représentant d’une importante société.

    Et 5 signatures, 5 !

  2. Posté par Pierre H. le

    L’UE telle qu’elle se dessine n’est faite que pour les holdings, et encore, qu’on ne me dise pas que Nestlé a besoin qu’on soit dans l’Europe pour faire du business… Et avec ces holdings, on ira de plus en plus vers l’Etat Big Brother avec plus que quelques holdings qui possèdent tout, et des numéros, nous ! C’est pourquoi les capitalistes imposent des politiques socialistes. Pour un règne sans partage et pour empêcher toute concurrence d’émerger. Nous avons donc à faire avec des capitalistes qui, une fois qu’ils ont réussi, refusent les règles capitalistes de lois du marché et de la concurrence et boulonnent le monde dans un système socialiste. Mais les mêmes, à l’époque où ils étaient encore en train de se développer, auraient-ils prôné le socialisme ? George Soros en train de faire fortune, je veux dire en plein dans le processus avec le vent en poupe, aurait-il prôné le socialisme ? Sûrement pas ! Mais une fois arrivé, alors là oui, pour protéger ses assets. L’UE n’existera jamais et n’a jamais existé en tant que nation. Peut-être que l’UE, si nous ne la rallions pas, nous causera des tracasseries administratives juste pour emmerder. Quelle petite philosophie ! C’est bien la preuve que ce qui intéresse les oligarques de l’UE n’est pas le bien-être des “Européens”. Pourquoi devrions nous d’ailleurs adhérer à l’UE ? Parce que nous sommes physiquement sur le continent européen ?? Voyons plus loin que cette Union mort-née. Il y a la Chine et le plus grand pays du monde, la Russie, qui a une démographie et une évolution technologique potentielles immenses…

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