Notre dossier sur "les complices de l’islamisme" qui fait la une de "Marianne" cette semaine a provoqué de vives réactions. Beaucoup ont critiqué la forme. Pour mieux ignorer le fond ? La preuve par l'enquête que nous avons consacrée à Mamadou Daffé, imam à la mosquée du Mirail à Toulouse. Mohammed Merah et Kévin Chassin, qui s'est récemment fait exploser en Irak, ont fréquenté cette mosquée.
La paille plutôt que la poutre. Le doigt plutôt que la lune. La forme plutôt que le fond. On ne sait quelle expression retenir pour résumer une partie des réactions suscitées par notre dossier sur « Les complices de l'islamisme ». Il en va ainsi de notre enquête « Que faire avec un imam qui prêche l'apartheid ? » qui évoque « l'œuvre » pour le moins troublante de Mamadou Daffé, l'imam de la mosquée du Mirail, à Toulouse, aussi appelée mosquée de Basso Cambo.
Ainsi, Julien Salingue, invité régulier de l'émission « Les Zinformés » sur Beur FM, pourfendeur peu objectif de notre dossier sur le site Acrimed, nous a-t-il aussi gratifié d'un texte sur le blog « Résiter à l'air du temps » pour nous adresser ses ironiques félicitations : « Toutes mes félicitations, encore, pour les moments de bravoure littéraire qui égayent la lecture de ce pesant dossier, avec entre autres les “portraits” que tu nous proposes, riches en informations essentielles et exempts de tout cliché. Ainsi, de Mamadou Daffé, imam à Toulouse : “Il est si franc de poignée de main et si bel homme, son large sourire d’ivoire surtout, tranchant sa peau d’ébène, son large sourire (sic), est si conforme aux canons de la beauté ethnique prisée par Vogue et GQ, que Mamadou Daffé, scientifique de profession, précisément chercheur à l’Institut de pharmacologie et de biologie structurelle du CNRS, passe pour l’imam idéal.” »
Une critique sur la forme qui sera reprise sur les réseaux sociaux, sans que jamais ne soit abordé le fond du problème : le fait que cet homme prêche le pire, sans être inquiété le moins du monde par les autorités françaises... Peut-être le nom de Kévin Chassin dit-il quelque chose à nos contempteurs ? Ou alors son nom d'emprunt, Abou Maryam, leur parle-t-il plus ? Ce Toulousain de 25 ans s’est fait exploser dans une opération kamikaze menée vendredi dernier en Irak. Plusieurs articles ont relaté le parcours de ce jeune français qui a rejoint l’Etat islamique en 2013. Dans un article du Parisien, on peut lire que le garçon est un « fidèle de la mosquée Basso Cambo, au Mirail, où il prie en 2010 aux côtés d’un certain Mohammed Merah ». Dans les colonnes de La Dépêche du midi, le propre demi-frère de Kévin Chassin, pointe du doigt la responsabilité de la mosquée de Basso Combo. Deux sources locales nous confirment, par ailleurs, que le djihadiste français fréquentait bien les lieux.
Mais non, nous aurions eu tort d'évoquer le « guide d'une communauté de 2 000 à 3 000 membres » capable de « faire la promotion de la “main coupée” pour châtier “une femme mecquoise qui a volé sur le marché” ». Car des citoyens lanceurs d’alerte ont en effet compilé sur un CD-Rom les prêches de Mamadou Daffé que Marianne a retranscrit dans ces six pages qui posent tant de problèmes. Mais non, il faut en rester à l'écume médiatique, à « ces descriptions que l’on pourrait considérer comme élogieuses » mais qui « ne servent, écrit Salingue (encore lui), qu’à accentuer, par contraste, la dangerosité politique de ces individus : sous un visage d’ange, une âme de démon. » Que dire alors de la présentation qu’en a fait Le Monde au lendemain de l’affaire Merah ? Est-elle moins sujette à polémique ? « Mamadou Daffé a la cinquantaine élégante, la carrure large, les tempes à peine grisonnantes. Un physique de footballeur qu'on devine aller de pair, en temps normal, avec le calme naturel d'un leader charismatique. »
Traiter de la forme pour ne surtout pas voir le fond. Comme ces propos glaçants tenus par l'imam et retranscrits dans notre numéro de cette semaine : « Lorsque vous tuez, tuez de la meilleure façon, lorsque vous égorgez, égorgez de la meilleure façon. » Kévin Chassin n’a pas eu le temps de suivre ce dernier conseil et d’égorger qui que ce soit avant de se faire sauter. « Je n'ai jamais eu la chance d'égorger quelqu'un », a-t-il confié à son demi-frère, avant d’accomplir sa sinistre besogne. Il avait tout de même trouvé le temps d'écrire, selon l'AFP, « “les têtes vont tomber” » sur son profil Facebook, une tête tranchée à la main ». « Il était allé au marché, en Syrie, et avait vu deux corps décapités par terre. Il voulait faire un foot avec une tête. A la place, il avait fait une photo... », a expliqué son cadet à l'agence de presse.
Nos « amis » de l'émission « Les Zinformés » de Beur FM feront-ils du LOL avec ces informations, se lanceront-ils dans un nouveau pastiche du style « Djihad FM » ?
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