Lorenzo Vidino est directeur du Programme sur l'extrémisme au Centre for Cyber and Homeland Security de l’Université George Washington. Il est l’auteur du livre The New Muslim Brotherhood in the West. Il a témoigné comme expert devant le Comité sénatorial permanent de la sécurité nationale et de la défense, le 11 mai à Ottawa.
(capture d'écran de la vidéo du témoignage de M. Vidino : source)
(Ottawa Citizen) - Les autorités devraient être préoccupées de l’emprise invisible de la Confrérie des Frères musulmans sur des segments de la communauté musulmane diversifiée du Canada, prévient un expert américain de la sécurité.
Le mouvement des Frères musulmans a implanté son interprétation revivaliste de l'islam, ainsi que son idéologie politique et son activisme chez certains musulmans du Canada. Le mouvement se considère comme les vigiles des musulmans et les intermédiaires entre eux et le reste de la société, a récemment déclaré Lorenzo Vidino, spécialiste de l'islamisme et de la violence politique, devant le Comité du Sénat sur la sécurité nationale.
«Les Frères musulmans visent essentiellement à être les vigiles des communautés musulmanes ; et à agir comme interlocuteurs privilégiés, en tant que leaders auto-proclamés des communautés musulmanes, chaque fois que les politiciens, les gouvernements ou les médias cherchent à obtenir le 'point de vue musulman', si tant est qu’une telle chose existe», a-t’il dit.
Lorenzo Vidino dirige le programme sur l'extrémisme à l'Université George Washington et est l’auteur du livre The Muslim Brotherhood in the West (Columbia University Press, 2010). Il ne voit pas de liens directs avec le terrorisme parmi les partisans occidentaux du groupe. En fait, certains d’entre eux œuvrent à prévenir la radicalisation violente, a-t-il dit.
«Ce serait une erreur d'analyse d’amalgamer ces groupes, comme certains le font, avec Al-Qaïda ou Daech. Ces groupes ne planifient pas des attaques en Occident, et en fait, dans de nombreux cas, ils les condamnent».
Le problème est plus indirect, ajoute Vidino. «De manière générale, le mouvement n'a pas renoncé à la violence comme outil pour faire avancer son agenda». Tactiquement, il ne recourt pas à la violence, «mais c'est à contrecœur», a-t-il dit.
«Leur discours mêle les questions de politique étrangère à des questions telles que les caricatures et ainsi de suite, dans le cadre d'un grand scénario prouvant que l'Occident déteste les musulmans et l'islam. C’est ce discours de victimisation qui mène à la radicalisation violente, et la Confrérie généralise ce discours. Elle lui fournit un environnement fertile.
«Ce genre de discours dans l'esprit d'un jeune de 16 ou 18 ans est extrêmement dangereux, car la violence est justifiée quand les musulmans sont sous attaque. Si c’est correct à Gaza et en Afghanistan, pourquoi pas en Occident, où vous me dites que l’islam est également attaqué?»
La Confrérie des Frères musulmans est une organisation terroriste interdite dans certains pays du Moyen-Orient et ailleurs, notamment l’Égypte, où elle est née. Les Frères musulmans ont toutefois un profil différent en Occident.
Pour commencer, il n'y a pas de groupe s’identifiant comme les «Frères musulmans» en Amérique du Nord. Au Canada, il y a plutôt quelques centaines de partisans sophistiqués, avec un bon savoir-faire politique, et qui sont bien financés. Ils ont créé, au cours des 50 dernières années, des organisations très visibles qui s’expriment haut et fort, et qui représentent une très petite partie de la communauté musulmane. Ils exercent une influence disproportionnée sur les mosquées, les écoles et les espaces où les musulmans se réunissent, dit Vidino.
Bien qu'ils ne reçoivent pas de directives des capitales arabes, ils «font partie intégrante d’un réseau informel ayant des relations étroites basées sur des liens personnels et financiers, et au bout du compte, ce qui importe le plus, c’est l'idéologie. Ils partagent tous une certaine vision du monde».
Des groupes font parfois de grands efforts pour rompre ou masquer ces liens, a dit Vidino au Comité. Il a ajouté que ces groupes comprennent la Muslim Association of Canada (MAC) et CAIR-CAN, renommé le Conseil national des musulmans canadiens (CNMC).
Vidino a identifié un autre groupe, à savoir The International Relief Fund for the Afflicted and Needy – Canada (IRFAN). Le gouvernement a révoqué le statut d'organisme de bienfaisance d’IRFAN après avoir allégué que ce groupe avait transféré près de 15 millions de dollars à des groupes affiliés au groupe terroriste palestinien Hamas entre 2005 et 2009. IRFAN est inscrit depuis lors sur la liste canadienne des organisations terroristes.
Ihsaan Gardee, directeur exécutif du CNMC (ancien CAIR-CAN), accuse Vidino d’être mal informé.
«Le CNMC est une organisation communautaire indépendante, non-partisane et à but non lucratif vouée à la défense des libertés civiles des Canadiens, et ayant 15 ans d’expérience à son actif, a déclaré Gardee. Le CNMC n’est pas un groupe religieux ; il n’a pas, et n’a jamais eu, d’affiliations ou de liens, idéologiques ou autres, avec la Confrérie des Frères musulmans ou tout autre groupe étranger».
La Muslim Association of Canada (MAC) n'a pas répondu à notre demande de commentaire. Son site Internet indique toutefois qu’elle prend racine dans les enseignements de l’Égyptien Hassan al-Banna, qui a fondé la Confrérie en 1928 pour faire renaître et intégrer les enseignements et pratiques islamiques traditionnels, tels que la charia, dans la société moderne.
Lorenzo Vidion a conclu son témoignage devant le Comité du Sénat avec le conseil suivant: «Transigez avec eux en toute connaissance de cause. Soyez conscients qu’ils ont un agenda».
Source : Beware of the Muslim Brotherhood, expert warns, par Ian Macleod, Ottawa Citizen, 16 mai 2015. Traduction par Poste de veille
Extrait de: Source et auteur
Si l’Amérique du Nord est à son tour touchée directement sur son territoire par ce fléau, on pourrait imaginer que les Américains réagiront plus vigoureusement que les pays européens, et que ces derniers seront ensuite entraînés par leurs homologues d’Outre-Atlantique. La Suisse pourrait par exemple chasser les frères Ramadan et Nicolas Blancho de son territoire et les envoyer en Egypte (pays d’origine des beau-parleurs Ramadan). Là-bas, on saurait comment s’occuper de ces gugus.
«Méfiez-vous des Frères musulmans au Canada»
Seulement au Canada? Pas aussi partout ailleurs?