Le dimanche 10 mai a eu lieu le premier tour des élections présidentielles polonaises. Elles ressemblent étonnamment à nos élections de 2007 et de 2012 : l’UMP et le PS se livrant un combat de pacotille après avoir éliminé au deuxième tour le FN ou l’UDF qui faisaient vingt petits pour cent, et quelques autres sans importance. D’ailleurs les Polonais trouvent ça très ennuyeux : ils ont atteint la participation record de 49,4 %, soir encore moins qu’en 2005 où on avait atteint 49,74 % (par parenthèse : on a annoncé à midi 14,6 % de participation dans la matinée, d’où l’on peut déduire qu’environ 29 % des Polonais ne vont pas à la messe le dimanche matin).
En 2010, on était remonté à 54,94 % du fait de la sensation provoquée par la mort du président Lech Kaczyński (et d’une bonne partie du gouvernement et des responsables de l’armée) à la fin de son mandat, comme le hasard fait bien les choses, dans un tragique accident d’avion près de Smolensk, qu’il survolait dans le but de commémorer avec son homologue russe le massacre des officiers polonais à Katyń. Il y a de mauvaises langues qui disent que Donald Tusk, son premier ministre d’alors, était impliqué dans l’accident, d’ailleurs il a survécu, mais il ne s’est pas présenté aux élections.
Le parti de Tusk, PO (Platforma Obywatelska, soit plate-forme citoyenne), a présenté en 2010 celui qui assurait l’intérim, à savoir le président du Parlement Bronisław Komorowski, qui a été élu contre le frère jumeau du président décédé, et s’est représenté cette année avec des projets de réforme constitutionnelle et de coopération européenne et OTANienne, porté à bout de bras par les media, et est arrivé deuxième avec 32,2 % des voix, derrière Andrzej Duda à la tête de PiS (Prawo i Sprawiedliwość, soit droit et justice, le parti des frères Kaczyński) qui a atteint 34,8 % avec un projet de coopération européenne et OTANienne et de mesures favorables à l’Église et aux familles. Le troisième, Paweł Kukiz (20,4%), est un peu spécial : un chanteur de rock dont on souligne le libertarisme passé, vous voyez bien qu’il a chanté en 1992 une chanson anticléricale, il parlait, ciel! d’un prêtre saoûl qu’il fallait aider à descendre les escaliers, et voilà qu’il s’est tristement distingué par des propos polémiques : je rejette la gay pride « parce que ça me donne mal au cœur de voir deux messieurs s’embrasser », et à l’occasion de la promotion d’un(e) transsexuel(le) : « il suffisait de se faire faire l’ablation des parties pour avoir le poste » ; et puis : « trois millions d’émigrés polonais, c’est la disparition du peuple polonais à terme ». Il se dit opposé au jeu de parti mais a milité en 2005 pour Donald Tusk, et a joué cette année la querelle de chapelles, ce qui lui a fait perdre 4,4 % des voix (Janusz Korwin-Mikke, qui l’a choqué par ses propos). Notons qu’il y avait onze candidats (signe, sait-on jamais, d’une tentative de la part de certains de changer les choses), dont Magdalena Ogórek (SLD, Sojusz Lewicy Demokratycznej, soit union ou alliance de la gauche démocratique) qui était présentée par les media russes comme l’amie de la Russie, et qui a fait tomber son parti à 2,4 %.
Dans les programmes des deux candidats maintenant en lice, on distingue des lignes nettes : pas d’attaque frontale contre l’Eglise mais une défaveur plus ou moins marquée envers les tendances imposées (sécularisation, avortement, mariage et adoption gays) ; en politique étrangère, les deux candidats affirment se reposer sur leurs alliés (ça ne vous rappelle rien ? Cherchez… le général Beck!) plutôt que sur l’étoffement de leur armée (mais le président sortant a fait voter une augmentation du budget militaire). Andrzej Duda a précisé qu’il subordonnait l’adoption de l’euro à l’alignement du niveau de vie. Last but not least : le président sortant a annoncé des mesures contre le cumul des mandats !
(sources : wyborcza.pl, www.tvn24.pl)
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