L’illusion technologique

Le rôle de l’ingénieur dans notre société est relégué au second plan, voir plus, face à ce que l’on appelle les nouvelles technologies, à la finance et à la gestion commerciale. Cela même si notre société est de plus en plus dépendante des techniques électriques et mécaniques.

L’omniprésence informatique, son impact auprès des jeunes a relégué loin derrière les professions essentielles au bon fonctionnement des infrastructures techniques à savoir celles de la mécanique et de l’électricité, ingénieur ou non. La concurrence entre ingénieur universitaire ou non y est aussi pour quelque chose, il fut en effet un temps, jusque dans les années 80 ou l’on délivrait le titre d’ingénieur ETS à savoir ingénieur d’une Ecole Technique Supérieure, titre très valorisant, trop pour les ingénieurs ETH, à savoir Haute Ecole Technique Fédérale. Evidemment peu de différence. Donc non seulement l’ingénieur ETS est devenu HES, à savoir Haute Ecole Spécialisée, marquant ainsi bien la différence de classe entre Universalité, Polytechnicité (uniquement à Lausanne) et…Spécialité. Mais en plus on a dissous l’ingénieur ETS dans un mélange de métiers englobant le social, la santé, le commerce et l’art pour en faire…une école, par exemple la HES-SO soit la Haute Ecole Spécialisée de la Suisse occidentale. La relégation est particulièrement démonstrative  lors du Salon du livre, sur le stand de la dite école où l’on vantait la possibilité d’un master dans les dites professions, à l’exception bien entendu des ingénieurs, pas de master pour eux. D’ailleurs le titre d’école d’ingénieur a même disparu dans le canton de Vaud pour se mélanger la aussi avec les commerciaux pour devenir  la Haute Ecole d’Ingénierie et de Gestion et. Si la quasi-totalité des futurs ingénieurs HES en mécanique et électricité s’en fiche de ces considérations,  il n’est pas du tout sûr que le manque de valorisation ne soit pas en partie responsable du très proche futur manque d’ingénieurs. Car c’est bien de cela qu’il s’agit et l’on voit les patrons d’entreprises qui commencent à tirer la sonnette d’alarme face au manque de relève.

Il faut aussi observer le manque total de compréhension de la part du grand public de ce que représente une formation en mécanique et en électricité. Et lorsqu’on entend répéter continuellement que le temps d’une formation unique est terminé, que le salarié doit accepter de changer de métier plusieurs fois, on aimerait bien voir le chef des ressources humaines prendre la place de l’ingénieur…désolé mais l’inverse peut se réaliser assez rapidement.

Mentionnons aussi ces directions d’entreprises où le commercial a remplacé l’ingénieur et où le dit commercial, le manager, est totalement incapable de comprendre quoi que ce soit en technique alors que là aussi l’inverse est bien plus facile a réaliser.

Christian Favre,  Essayiste, 4 mai 2015

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

4 commentaires

  1. Posté par Christian Favre le

    Monsieur Beuchat
    ” mais erroné sur certains points..”
    Je peux vous assurer qu’au salon du livre la HES-SO promouvait le master pour toutes les professions à l’exception des ingénieurs, je m’en suis référé.
    D’une manière générale je suis assez contre de vouloir à tout prix donner des titres universitaires à des métiers qui ne le sont pas. Bien sûr pour ce qui concerne celui d’ingénieur ETS/HES, on a abandonné celui de technicien et de technicum (le tec…). La raison était que “technicien” devenait de plus en plus courant pour toute personne qualifiée dans n’importe quel métier, on connaît celui de “technicien(ne) de surface” pour les nettoyeuses et nettoyeurs.
    Donc pour ce qui me concerne, ma position est claire, mon titre est ingénieur électricien ETS et non universitaire.
    Et le sujet principal reste le manque de relève dans cette profession et celle de la mécanique sans que cela émeuve le moins du monde les politiciens qui sont persuadés que l’informatique et l’économie résoudront tout.
    Un exemple: un responsable de matériel roulant ayant le sens de la mécanique et de la résistance des matériaux (y compris en pratique) n’aura pas besoin de se référer à 36 études pour avoir l’intuition des dangers que représentent la fatigue et l’usure du matériel. Sachant cela il saura prévoir bien à l’avance les budgets nécessaires à l’entretien. Le responsable de formation autre que technique n’aura pas cette intuition.

  2. Posté par Lafayette le

    @Beuchat
    L’ingénieur ETS reste souvent malmené par des questions de méconnaissance de ses qualités et il arrive souvent que le simple ingénieur du soir qui a l’habitude de rester bon petit soldat de la hiérarchie soit préféré au vrai ingénieur qui ait apprit à prendre des décisions.
    L’apprentissage ne remplacera jamais des études plus complètes qui donne une meilleure vision et une pus grande polyvalence.
    Mais dans ce sujet ce qui est le plus déplorable c’est de voir que les HES ont voulu resserrer les titres autour de spécialités, qui avant étaient dans un programme commun. Et de ce fait les passerelles entre les spécialités ne sont plus autant ouvertes.
    Et de toute manière ces notion sont bien scolaire, car dans la réalité, quand on considère les normes OIBT 13 depuis l’entrée en vigueur de la libre circulation, cela devient plus un frein qu’un avantage.

  3. Posté par Beuchat René le

    Article globalement intéressant mais erroné sur certains points, notamment sur la partie master en HES. Les masters existent, mais par contre la possibilité d’y faire un doctorat n’existe pas.
    Il existe cependant toujours des passerelles pour passer d’une voie professionnelle (les HES) à la voie académique (Uni et EPFL ou ETHZ) ainsi que dans l’autre sens au pris de 1-2 ans de passerelles.
    Effectivement il manque des jeunes dans ces formations d’ingénierie, dommage car c’est une profession très motivante et qui donne envie d’aller au travail.
    Comme le dit très bien l’article, un ingénieur se reconverti facilement dans un autre métier, l’autre sens est beaucoup plus difficile. Les études ne sont pas faciles, mais très motivantes et enrichissantes, que ce soit dans la voie professionnelle ou académique.

  4. Posté par mia vossen le

    Quand on voit ce que devient l’enseignement, partout au monde sauf en Chine, Corée, Japon…, quand on est prof et qu’on voit des élèves comprenant de moins en moins des matières apprises par coeur comme au Moyen Age, des élèves qui ne savent ni lire ni écrire ni calculer ni raisonner…. on ne s’étonne pas devant cette évolution!

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