Les travaillistes britanniques en quête de crédibilité économique

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Ed Miliband promet la discipline budgétaire, tout en se faisant l'avocat des gens "ordinaires".


LONDRES

Florentin Collomp

A l'automne dernier, Ed Miliband avait oublié de prononcer, devant le congrès du Parti travailliste, à Manchester, un passage de son discours consacré au déficit. Au même endroit, hier, il a placé la question de la responsabilité budgétaire au centre de son programme électoral. Une occasion pour le candidat au poste de premier ministre du Royaume-Uni, lors des élections du 7
mai, d'attaquer de front ses deux principales faiblesses: son image personnelle et le crédit de son parti pour gérer les finances du pays.

Sur ces deux questions, c'est une métamorphose. Depuis le début de la campagne, le candidat travailliste semble plus à l'aise, galvanisé par la compétition avec son adversaire David Cameron. Constamment raillé pour sa gaucherie, son absence de charisme, ses déclarations confuses, il apparaît dans les meetings et débats télévisés plus sûr de lui, souriant, détendu et ferme à la fois.
"J'ai été testé depuis cinq ans, c'est normal. Je suis prêt. Je me battrai pour vous",
a-t-il déclaré dans un élan d'optimisme. Cette confiance retrouvée a permis aux travaillistes de prendre l'avantage sur les conservateurs, distancés de quelques points dans les sondages en fin de semaine dernière, même si l'écart s'est à nouveau inversé depuis, dans une compétition extrêmement serrée.

Sur le fond, pour tenter d'infléchir la défiance de l'opinion quant à leur crédibilité pour gérer l'économie, ils mettent la discipline budgétaire au coeur de leur programme. Plutôt qu'une liste de promesses, Ed Miliband offre
"un engagement clair d'équilibrer les comptes".
Il promet de réduire le déficit chaque année, d'inverser la courbe de la dette et de dégager un surplus budgétaire en fin de mandat. Une manoeuvre tactique habile. Pointant du doigt
"20
milliards de livres
(28,6 milliards de francs)
de promesses non financées",
il a beau jeu de dire que
"ce sont désormais les tories qui sont le parti de l'irresponsabilité",
eux qui ne cessent de mettre en garde contre le
"chaos"
économique en cas de victoire des travaillistes après cinq ans d'austérité.

"Pas de clarté supplémentaire"

Il est vrai que, ces derniers jours, les conservateurs ont sorti de leur chapeau plusieurs cadeaux (baisse des droits de succession, huit milliards de livres par an pour le service de santé, gel des tarifs des chemins de fer pendant cinq ans) qui tranchent avec leur objectif d'austérité.

Derrière l'affichage, l'engagement des travaillistes reste suffisamment vague pour ne pas être trop contraignant.
"Le programme du Labour n'apporte pas de clarté supplémentaire. Il peut signifier des coupes budgétaires comprises entre zéro et 18
milliards de livres",
décrypte, perplexe, Paul Johnson, de l'Institute for Fiscal Studies. Les travaillistes comptent augmenter les impôts des plus riches: rétablissement du taux à 50% de l'impôt sur le revenu (au-dessus de 150
000
livres par an, soit dès 215
000 francs), création d'une "mansion tax" sur les propriétés de plus de deux millions de livres (d'au moins 2,86 millions de francs), suppression du statut fiscal "non-dom" qui permet d'être exonéré sur les revenus à l'étranger.

Face aux conservateurs qui ne misent que sur la croissance de l'économie, Ed Miliband veut que cela se traduise dans la vie des gens
"ordinaires".
Il propose à cet effet une hausse du salaire minimum, la suppression des contrats de travail "zéro heure" ultraflexibles, la réduction des droits d'inscription universitaires de
9000 à
6000 livres (de près de 12
900 à 8600 francs), une aide à la garde des enfants, le gel des tarifs de l'électricité et du gaz, ainsi que ceux des trains pendant un an. Rien de révolutionnaire.

"Dans la rhétorique, c'est un programme de gauche populiste, qui tranche avec celle du New Labour de Tony Blair et Gordon Brown, très probusiness. Sur le fond, cela reste de la social-démocratie de centre droit loin du marxisme décrié par la presse conservatrice",
analyse Steven Fielding, professeur de sciences politiques à l'université de Nottingham.

Les conservateurs doivent répliquer aujourd'hui, avec la présentation de leur propre programme.

LE FIGARO

 

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