J’ai déjà eu l’occasion d’écrire que l’alliance de l’Occident avec tel ou tel pays musulman, cette alliance doit être considérée comme une alliance tactique à court terme, même si elle est renouvelable pendant un certain laps de temps. Face à l’Etat Islamique (EI) qui veut anéantir les chrétiens en terre d’islam, le régime syrien de Bachar al-Assad n’est pas notre allié stratégique à long terme. Il est, ou plutôt, il devrait être - seulement et provisoirement - un partenaire tactique à court terme.
J’ajoute - afin que les choses soient claires - que je n’ai jamais aimé le clan Assad, notamment parce que j’ai vu de mes yeux les monstruosités perpétrées par le clan Assad contre les Chrétiens au Liban dans les années 1975-1990. Cela dit, lorsque dans le milieu des années 1990, je me suis rendu en Syrie, j’ai été bien obligé d’admettre que la situation des Chrétiens y était bonne. C’est un paradoxe typiquement levantin. Le clan Assad a voulu chasser les Chrétiens du Liban afin de pouvoir annexer ce pays.
Et le même clan Assad, dans son propre pays, la Syrie, a ménagé - et ménage encore - certaines minorités, y compris les minorités chrétiennes, du fait que ce clan est lui-même une minorité (alaouite et donc chiite) dans un pays majoritairement sunnite. C’est dans cet esprit que je considère - aujourd’hui en 2015 - que le régime syrien de Bachar al-Assad n’est pas notre allié stratégique à long terme. Mais qu’il est un partenaire tactique à court terme.
A cet égard, le blog Les Observateurs et ses contributeurs ont été parmi les tous premiers à estimer que reprendre contact avec Bachar al-Assad était une nécessité face à l’expansion territoriale de l’Etat islamique (EI). Or, voici que l’idée fait son chemin y compris aux Etats-Unis. « Au final, il faudra négocier » avec Bachar al-Assad, a déclaré, dimanche 15 mars 2015, le secrétaire d'État américain John Kerry, sur CBS, évoquant une transition politique en Syrie.
Jamais un responsable américain n'était allé aussi loin pour reconnaître un rôle au président syrien. Cette déclaration de Kerry s'inscrit dans le cadre de précédentes déclarations de dirigeants américains. Cela constitue un indéniable changement de stratégie face au terrorisme djihadiste - notamment mais uniquement - celui de l’Etat islamique (EI).
Vendredi 13 mars 2015, le directeur de la CIA, John Brennan, a déjà admis que les États-Unis ne veulent pas d'un effondrement de l'État syrien, qui laisserait le champ libre aux extrémistes islamistes, dont le groupe État islamique (EI). « Aucun d'entre nous, Russie, États-Unis, coalition (contre l'EI), États de la région, ne veut un effondrement du gouvernement et des institutions politiques à Damas », a précisé vendredi John Brennan. « La dernière chose que nous voulons, c'est de leur permettre [aux djihadistes, NDLR] de marcher sur Damas», a ajouté le patron de la CIA.
Kerry avec ses déclarations - dimanche sur CBS - fait écho à la position de l'envoyé spécial de l'ONU sur la Syrie, Staffan de Mistura, qui a affirmé, il y a un mois, que « Bachar al-Assad fait partie de la solution » pour mettre un terme à la guerre civile syrienne. En clair, désormais, pour les Occidentaux, la transition politique passe par la mise en place d'un organe de gouvernement transitoire réunissant opposants et membres du régime syrien. Même la France commence à admettre - à mots couverts - qu'Assad ne peut pas être écarté du pouvoir.
Depuis plusieurs mois, Assad affirme sa disponibilité à prendre part à la guerre menée contre le terrorisme, notamment celui de l’EI. Jusqu'à maintenant, ses appels du pied sont restés - du moins officiellement - lettre morte. Mais pas tant que cela, car en réalité, les États-Unis avertissent déjà Bachar al-Assad - via l’Irak - des bombardements qu'ils lancent en Syrie contre l’EI.
Et des agents du renseignement de plusieurs pays ont renoué avec les services secrets syriens. Bref, tout ce que Les Observateurs ont écrit et proposé ces derniers mois est en train de se réaliser sur le terrain. Cela fait toujours plaisir de découvrir, même après coup, que l’on avait vu juste…
Michel Garroté
http://fr.euronews.com/2015/03/15/john-kerry-nous-devons-negocier-avec-bachar-al-assad/
http://www.lesobservateurs.ch/2015/03/02/sur-le-retour-du-chemin-de-damas/
http://www.lesobservateurs.ch/2015/02/27/allo-damas-passez-moi-bachar-al-assad/
Sans Bachar…. guerre totale dans la région et génocide des “minorités” en particulier des chrétiens!! Il faut dénoncer inlassablement le double jeu des américains, véritables semeurs de troubles, guerres et toutes sortes d’intrigues sur la planète!
per C.S.P.B
Donc il doit y e avoir au moins un et une en Europe qui doit reconnaître s’être aveuglée c’est la France d’abord avec son Hollande de président et Mme Ashton qui répétait les litanies américaines comme elle sait si bien le faire, puisque elle ne sait rien faire d’autre.
Kerry disait pourtant “La Syrie sans Bachar ..après la guerre.” ou est donc la véritable intention US?