L’homosexualité traitée comme une race, une ethnie ou une religion?

Yves Nidegger
Avocat, Conseiller national UDC, Genève

 

 

 

 

L’homosexualité traitée comme une race, une ethnie ou une religion?

Le Conseil national traitera en mars l’initiative parlementaire du socialiste Mathias Reynard qui veut inclure l’appartenance à une « communauté fondée sur l'orientation sexuelle » au catalogue des groupes protégés par la norme antiraciste (art. 261 bis CPS) aux côtés de la « race », de l’ « ethnie » et de la « religion ». Mauvais timing : la norme antiraciste a été jugée contraire à la liberté d’expression dans l’affaire Perincek à Strasbourg, il devrait donc plutôt être question de la corriger que de l’aggraver par des ajouts hasardeux.

Pour le surplus, il n’est dans l’intérêt ni de la société ni des personnes concernées d’associer dans le code pénal l’orientation sexuelle à la notion de race, d’ethnie ou de religion. La notion de race renvoie en effet à un génotype acquis et transmis par l’hérédité qui conférerait aux individus des caractéristiques communes identifiables de l’extérieur. Le député socialiste voudrait stimuler les stéréotypes qu’il ne s’y prendrait pas autrement. Ceci vaut aussi pour la notion d’ethnie qui renvoie à un groupe social dont les membres s'identifieraient entre eux par une ascendance, une culture ou un vécu commun. Et plus encore pour la notion de religion, définie comme un système de croyances débouchant sur une pratique partagée. Promouvoir, comme le fait Reynard, une norme pénale, qui crée elle-même les stéréotypes qu’elle se propose de réprimer, relève autant de l’absurde que du sabotage, dès lors que l’acceptation de la différence en matière d’orientation sexuelle n’a jamais été aussi grande que dans la société d’aujourd’hui.

On l’a compris, ce n’est pas la discrimination qui est dans le viseur socialiste mais, une fois de plus, la liberté d’expression qui est la condition d’exercice de la démocratie et des autres droits fondamentaux. Cette liberté existe pour se prémunir de l’officialisation d’une pensée unique imposée par la loi ou la menace, que ce soit par une majorité ou une minorité influente. Le recours au droit pénal aux fins de condamner des opinions ou intimider ceux qui les portent est fondamentalement contraire à la démocratie. Espérons que le parlement le comprenne.

Yves Nydegger, Editorial UDC, 2 mars 2015

 

6 commentaires

  1. Posté par patrick le

    L’homosexualité est une déviance sexuelle qui ne doit pas être banalisée sinon on contribue largement à l’effondrement d’un Empire, d’une Nation, (voir l’empire romain) en suivant une telle logique, un tel principe, la zoophilie, la pédérastie ..etc, n’aurait aucune raison d’être interdite ensuite l’anarchie la plus totale se généraliserait avec toutes les conséquences que ça entraîneraient !.

  2. Posté par François le

    Chaque fois que j’ai eu l’occasion d’entendre Yves Nydegger prendre la parole ou de le lire j’ai été séduit par la qualité de son argumentation. Ici à nouveau l’argumentation d’Yves Nydegger est excellente et je la partage totalement : ainsi qu’il le dit l’homosexualité ne doit pas être traitée comme une race, une ethnie ou une religion.

  3. Posté par donerp.. le

    De FRANCE. En France, nous avons subi la résolution du mariage homosexuel. L’homosexuelité est avant tout une affaire de pratique sexuelle, qui conditionne des sentiments d’affection entre deux personnes du même sexe. Ce qui se passe derrière la porte de la chambre à coucher, s’il y a accord des partenaires, quelque soit le sexe des partenaires, est du domaine privé et non pas du législateur. Pour nous il y avait des problèmes plus graves et vitaux à régler, nous avons une mauvaise excuse, notre gouvernement avait intérêts à éluder ces problèmes, des incapables irresponsables, des voyous.

  4. Posté par Sancenay le

    Le sujet utilise un nouveau sujet” clivant” , ou censé l’être, comme on dit dans le jargon de la pensée utilitariste ceci, dans la seule fin de diviser pour régner . Car de l’humanité des uns comme des autres les tenants et aboutissants du Système se contre-foutent. Comme ils auraient bien tués le uns dans le ventre de leurs mères, ils “seringueraient” volontiers les autres sur leur lit d’hôpital, histoire de se partager le gâteau en parts plus consistantes entre gens plus “destinés à vivre” ( citation ) que d’autres, ceci sans considération de classe, de race ou de communauté, bien sûr car chez ces saints hommes de la religion du “Progrès” contre l’humanité on “tolère” tout le monde, à condition de n’être pas trop nombreux à partager .

  5. Posté par Sandro Chevalier le

    Ah bon? Depuis quand la notion de “race” doit être visible de l’extérieur? Que voulez-vous dire par là? On ne peut être “raciste” qu’envers les noirs? Les personne qui ont les yeux bridés ou qui portent le voile? N’importe quoi… On peut aussi être raciste envers un Français… qui parle la même langue et a la même couleur de peau que la majorité des Romands. Il en va de même donc pour les discriminations envers les gays.
    Vous dîtes ensuite qu’une ethnie se définit notamment par un “vécu commun”. La communauté homosexuelle en a malheureusement bien un de vécu commun… Celui d’avoir eu à affronter des gens comme vous tout au long de leur vie! Des personnes qui estiment que les gays sont des citoyens de seconde zone et qui ne peuvent bénéficier des mêmes droits. Alors même qu’ils sont tenus aux mêmes obligations.

  6. Posté par Economico le

    Le rôle du législateur est de donner un cadre juridique général indépendamment des spécificités de chaque individu. Nos politiciens passent vraisemblablement beaucoup trop de temps à vouloir formaliser des droits qui existent déjà. Je doute que l’on impose à une société de devenir plus tolérante.

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