Europe Simonetta Sommaruga était en Belgique hier. La commission veut bien d'un "échange de vues" sur la libre circulation des personnes. Mais pas question de renégocier avec Berne sur les principes.
TANGUY VERHOOSEL
Près d'un an après l'acceptation, par les Helvètes, de l'initiative "contre l'immigration de masse", le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a redit hier ses "quatre vérités" à Berne: entre amies, qui ont intérêt à entretenir de bonnes relations, la Suisse et l'Union européenne doivent pouvoir discuter de tout, dans l'espoir de sortir la Confédération d'un mauvais pas. Mais en aucun cas le club communautaire ne renégociera-t-il le principe de la libre circulation des travailleurs.
Jean-Claude Juncker a reçu dans l'après-midi la présidente de la Confédération, Simonetta Sommaruga, qui a par ailleurs rencontré dans la soirée le président du Conseil européen (l'institution des chefs d'Etat des Vingt-Huit), le Polonais Donald Tusk, ainsi que celui du Parlement européen, l'Allemand Martin Schulz.
Discussions régulières
La Suisse et l'UE
"ne sont pas en guerre"
depuis le 9
février
2014, a souligné le Luxembourgeois (qui exècre ce terme). Dans ce contexte, il s'est engagé à poursuivre au plus haut niveau
"des échanges de vues"
qu'il espère
"fructueux",
même s'il n'est pas
"outre mesure optimiste",
afin de démêler l'écheveau de la libre circulation. Mais que les choses soient claires:
"Pour l'instant, on n'a pas pu rapprocher nos points de vue"
sur le malaise créé par les Suisses. On en discutera, bien volontiers et
"régulièrement",
de ce thème, mais ce ne sont pas de
"véritables négociations"
que la commission va engager.Comprenez: Bruxelles s'en tient à la ligne, dure, qu'ont tracée les ministres des Affaires étrangères des Vingt-Huit, en décembre
2014. Il est vrai qu'il a lui-même fait office d'éclaireur.Très sèchement, les Vingt-Huit avaient alors opposé une
"fin de non-recevoir"
à toute demande suisse qui viserait à réintroduire, dans l'accord bilatéral sur la libre circulation des personnes, les principes du contingentement des travailleurs étrangers et de priorité accordée à la main-d'oeuvre indigène. Ils avaient par ailleurs souligné que
"la mise en oeuvre prévue du résultat de la votation risque de porter atteinte au coeur même des relations entre la Suisse et l'UE"
: les sept accords "bilatéraux I", qui sont reliés entre eux par une clause guillotine - au cas où l'un d'entre eux serait dénoncé, l'ensemble de l'édifice s'écroulera. Et que le vote de 2014
"jette un doute"
sur l'intégration de la Suisse au sein de l'espace Schengen.Enfin, ils s'étaient réservé
"le droit de mettre fin"
aux difficiles négociations que Berne et l'UE ont engagées dans le domaine institutionnel - de leur conclusion dépendra, entre autres, celle d'autres accords durables, en particulier dans le domaine de l'électricité - si la Suisse devait renoncer à appliquer les normes européennes en matière de libre circulation.Le Conseil fédéral décidera, le 11 ou le 18
février, de la marche à suivre. Entre le refus catégorique de l'UE de lâcher du lest sur certains principes qui sous-tendent la construction européenne (et sont contestés au Royaume-Uni) et l'apparente volonté du gouvernement suisse d'appliquer à la lettre le résultat de la votation du 9
février
2014,
"les positions demeurent très éloignées et la marge de manoeuvre très réduite",
a reconnu Simonetta Sommaruga.La présidente de la Confédération s'est toutefois réjouie
"d'un premier pas",
qu'elle a réussi à franchir:
"On va continuer à dialoguer."
C'est beaucoup mieux que rien, en effet...
Extrait de: Source et auteur
Suisse shared items on The Old Reader (RSS)
Et vous, qu'en pensez vous ?