Après le tsunami lacrymal de la semaine dernière, rappelons quelques vérités
Le terrorisme est né à peu près au même moment que le Christ. C'est plus qu'une coïncidence ! Si le Christ a été crucifié, c'est parce que quiconque se disait messie ou en avait la réputation était une menace pour l'empire romain. Cela ne signifie pas que le Christ était un terroriste, mais il a certainement parlé d'un autre royaume et comme les autorités ecclésiastiques, militaires et civiles de l'époque ne faisaient pas dans la dentelle, impossible pour elles de comprendre que Jésus n'était pas un terroriste, n’était pas un zélote, pas un "lestes" (bandit), ne visant qu'à tout faire sauter.
Les zélotes, justement, secte de Juifs révoltés contre l'ordre romain et prêts à tout pour le détruire, ont précipité la chute de ce qui restait d'un État juif. D'abord en provoquant par leurs attaques la chute de Jérusalem qui s'est effondrée dans la famine, les femmes éventrées, les hommes égorgés et les bébés écrasés par les légionnaires. Ensuite par l'attaque de Masada qui a conduit toutes les familles juives réfugiées dans cette forteresse à se suicider en se jetant au bas des murailles.
Après ces tragédies, la situation des Juifs est devenue pour le moins précaire dans l'empire romain puisqu'ils passaient pour des terroristes à éliminer par tous les moyens. Grâce à l'historien Flavius Josèphe qui avait été lui-même un zélote (avant de mesurer la folie ou l'inutilité du terrorisme), les Juifs purent redevenir des citoyens romains, mais pas des citoyens de Jérusalem.
La tragédie des Juifs dans les deux premiers siècles de notre ère a constitué une sorte de matrice pour tous les mouvements qui se sont révoltés contre l'ordre du monde. Des sectes millénaristes du moyen âge aux nihilistes russes du XIXème siècle, on s'est inspiré des textes apocalyptiques de l'Ancien ou du Nouveau Testament pour exterminer des populations ou lancer des bombes contre les tsars.
Attendre un autre monde, c'est risquer de devenir un terroriste. D'où la position de certains qui voudraient éliminer toute religion pour que la paix et la sécurité soient garanties. Cela éliminerait-il l'attente, dans le cœur de chacun d'entre nous, d'un autre monde. On peut en douter pour deux raisons.
Les mouvements totalitaires du vingtième siècle, nazisme et communisme, voulaient éliminer la religion et fabriquer un paradis terrestre. Le résultat, des massacres et des exterminations sans pareil.
La deuxième raison est le bon sens. Il nous dit qu'un être humain qui n'attend pas autre chose que ce qui est, n'est plus tout à fait humain. En tout cas, c'est cette attente qui nous distingue des animaux. Eux sont parfaitement contents d'être ici-bas. Pas nous. Ce qui nous anime n'est pas qu'une soif de satisfaire nos besoins. C'est aussi un désir. Et là, pour une fois, les psychanalystes ont quelque chose à nous dire. Un désir ne peut jamais être satisfait comme un besoin. En fait, il ne trouve jamais sa pleine satisfaction. Ainsi l'attente d'un autre monde a sa source dans le désir humain. Cette attente n’est pas une maladie, comme certains voudraient nous le faire croire. Elle accompagne chacun d’entre nous tout au long de sa vie.
Cette attente, enfin, est légitime puisqu'elle fait toute notre dignité. En même temps, il faut savoir que, comme l'aurait dit hier Flavius Josèphe ou comme le dirait aujourd'hui Emmanuel Carrère, il faut accepter que jamais nous ne goûterons pleinement au fruit de notre attente sur cette terre, dans l’espace et dans le temps, lors de nos errances dans les allées de nos bien-aimés supermarchés.
Jan Marejko, 13 janvier 2015
Cette attente nous distingue des animaux. Ce n’est pas certain. Car le jour où j‘ai lu, dans « les vers dorés de Pythagore » (Antoine Fabre d’Olivet), qu’un antique sage dont j’ai oublié le nom affirmait que les animaux tendent à devenir humains, mon coeur et mon intelligence ont résonné.
Vous ai-je dit qu’en Genèse 1:26 j’ai lu « descendre dans et avec » au lieu de « dominer sur » les poissons, les oiseaux, les animaux et la terre? Mais, en Genèse 1:28, cette affirmation est répétée avec un ajout. Un verbe qui est, dans le dictionnaire, traduit effectivement par « dominer ». Pourtant ce verbe vient de, tenez-vous bien, brebis! Que vous pouvez lire « brebifiez ». et là ce n’est pas « sur » ni « dans et avec ». Ce qui aussi résonne avec « faites de toutes les nations de disciples ». Autrement dit, si ma mémoire est bonne, des « apprenants », et pas des singes savants. Je sais, « apprenant » me hérisse tant il me rappelle la bien pensance scolaire. Je n’en suis pas moins un apprenant. Autrement dit quelqu’un disposé à recevoir, comme l’est l’enfant. Reste à savoir ce qu’est « scandaliser » un enfant. Jan Marejko, qui je crois connait le grec, pourrait nous éclairer à cet égard.
Le désir de connaitre ce qu’est la mort est un retournement qui libère des désirs orientés vers le monde. Le désir de connaitre la vérité n’est pas un désir de mort mais un désir de connaitre de source sûre l’intuition qu’on conservait par devers soi, ayant peur de l’examiner, l’intuition que ce que l’on est vraiment ne peut pas mourir. Cette quête est tout de même plus enthousiasmante que d’aller se perdre dans les objets du monde pour oublier qu’on ne veut pas connaitre la vérité sur la mort. Ce qui pourrait apparaitre comme un intérêt morbide est en réalité une quête de la Vie avec un grand V, la vie éternelle.
Encore un mot de Jan Marejko qui inspire! Hier c’était le vide, aujourd’hui le manque! Inséparables.
Je ne comprends pas les mots de Renaud. Mais me saute aux yeux ces paroles: trois choses demeurent, la foi, l’espérance et l’amour. Lesquelles prennent une autre tournure que celle que j’ai reçue à a lumière de l’enseignent qui m’a été dispensé.
L’amour, comme celui de mon prochain, implique une quête de connaissance de lui et une distance. Laquelle ne sera jamais réduite. Savez.vous, par exemple, que les protagonistes qui se louent dans le cantique des cantiques ne se rencontrent pas?
La foi, en hébreu, a une notion d’entrainement, de persévérance. Le mot « entraîneur » (de football) en dérive.
Et l’espérance implique un ailleurs, une autre réalité! Un « plus »… mais, dès que vous l’avez, vous êtes finis!
L’homme a horreur du vide et ne supporte pas le manque. Il meuble et fabrique. Des religions et des veaux d’or. Le royaume des cieux est forcé et ce sont les violents qui s’en emparent… Quelque chose manque à ces paroles du Christ! Car ce royaume là ne connaît pas la coercition! Et, disait-il encore, il est en vous et au milieu de vous! Et si vous ne redevenez des enfants vous ne pouvez pas le voir et pas y entrer. A un autre il a dit « si tu ne nais de nouveau »! mais c’est une autre histoire! Ce sera donc tout pour ce jour.
Oui, Renaud, toute la question est de savoir comment orienter notre désir. Vers la mort ou vers la vie ?
Le désir humain qui s’attache à autre chose qui ce qui est, à un autre monde, est un désir qui ne connait ni sa source ni sa finalité. On peut jouer à ce jeu du désir masqué toute sa vie et on peut aussi décider de le démasquer. Cela ne tuera pas le désir mais cela l’orientera tout autrement. Le clip de Michael Lonsdale sur le fils prodigue tombe à pic.
Le totalitarisme se caractérise notamment par la mise en place d’une religion politique, le culte du chef et la non-tolérance de l’opposition politique
Le nazisme a décliné depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale, tandis que le communisme a décliné depuis la fin de la Guerre froide
Aujourd’hui, il y a deux totalitarismes qui menace le monde entier :
-Le totalitarisme islamique qui se caractérise par son attachement à l’Oumma et par l’oppression des femmes, des minorités religieuses, mais aussi des partisans de la laïcité. Il plaide pour la mise en place d’un califat mondial, l’imposition de la charia, les conversions forcées à l’islam et l’élimination des infidèles. Il prend généralement la forme de l’axe Ankara-Doha-Riyad, mieux connu comme l’axe du fondamentalisme sunnite
-Le totalitarisme néoconservateur qui se caractérise par son attachement à un monde ou l’Amérique est l’unique superpuissance et par son hostilité envers des pays comme la Chine, l’Iran, la Russie, la Syrie et le Venezuela. Il plaide pour l’homogénéisation culturelle et la mise en place d’une dictature mondiale où l’Empire américain joue le rôle de “police mondiale”
Au fond, l’islamisme et le néo-conservatisme sont les deux faces d’une même médaille, comme les deux formes de totalitarisme sont pour l’unification du monde, l’élimination des frontières, la destruction des États-nations et la création d’une utopie