Entretien avec Jean Sévillia, Redacteur en chef adjoint au Figaro Magazine
Source et auteur : Boulevard Voltaire. Interview : Charlotte d'Ornellas, 27 décembre 2014
À la suite de l’éviction d’Eric Zemmour d’I>Télé, Boulevard Voltaire lance un appel à la liberté d’expression que vous pouvez signer ci-dessous. Et interroge chaque jour un invité différent pour connaître sa réaction. Aujourd’hui, Jean Sévillia…
Qu’est ce qui vous a le plus choqué dans cette « affaire » Zemmour ?
C’est un ensemble, mais c’est avant tout un événement qui s’inscrit dans la continuité, ce n’est vraiment pas nouveau. Le terrorisme intellectuel qui existe en France est déjà très ancien, j’avais écrit un livre qui retraçait les 50 dernières années de dictature de la pensée il y a déjà 15 ans ! Nous avons déjà connu cent fois ces cabales qui visent à empêcher quelqu’un de s’exprimer. Cela prend une ampleur extrême cette fois-ci, eu égard à la place extrême que Zemmour a pris dans les médias et à la star qu’il est devenu depuis deux ans. Son livre est un phénomène de société : il est l’icône médiatique que l’on prend pour cible ou à laquelle on s’identifie… Mais d’autres ont subi cette même hargne sans n’intéresser personne, Zemmour lui-même n’aurait eu le droit qu’à deux lignes dans quelques journaux si l’affaire s’était passée il y a deux ans.
Comment est-il devenu cette icône, quelque chose a changé ?
Il y a un phénomène de cristallisation autour de son nom à cause de l’actualité générale, à cause de la terrible impuissance de la gauche au pouvoir. François Hollande représentait pour beaucoup de gens de gauche un nouvel espoir et la déception est immense. Paradoxalement, la droite ne se porte pas bien non plus, prise entre des luttes internes et son absence de projets. Zemmour est un personnage plutôt à droite bien entendu, mais qui ne se place jamais dans une catégorie politique partisane, il est donc plus facile de s’identifier à lui. D’autant qu’il dit des choses très fortes sur des questions qui préoccupent les Français.
Et cette nouvelle cabale contre lui n’a vraiment pas l’actualité avec elle !
Il se fait mettre à la porte d’I>Télé à cause de ce qu’il dit sur l’islam en France. Dès le lendemain, des attentats sont commis. On nous dit que ce sont des fous, pourquoi pas, mais des fous qui crient bien « Allah akbar »… Evidemment que beaucoup ont l’impression qu’on se moque ouvertement de nous ! Et s’il y a quelque chose de nouveau en revanche, ce sont les réseaux sociaux qui font office de caisse de résonance et se comportent en réels contre-pouvoirs. On y trouve le meilleur et le pire, les émotions y sont parfois factices et donc dangereuses mais il y a aussi des informations qui circulent.
Les journalistes sont d’ailleurs les premiers à s’acharner sur un confrère…
Là encore, rien de nouveau malheureusement. 80% des journalistes, au niveau national, sont de gauche, dans certains journaux cette moyenne atteint même 90, 95 voire 99%. Le terrorisme intellectuel vise à couper les têtes qui dépassent, c’est exactement le même mécanisme qui se répète depuis des années. Mais il n’y a pas que les idées qui gênent… On ne parle jamais du côté financier de la chose mais il joue sûrement. Zemmour vend beaucoup de livres, réussit très bien et gagne donc beaucoup d’argent. Il y a à l’inverse dans le journalisme beaucoup de « ratés », certains ont un salaire très moyen et sont donc jaloux de cette réussite. Ça compte aussi.
Boulevard Voltaire lance une pétition pour soutenir Zemmour, la signeriez-vous ?
Oui. Mais Zemmour n’est pas non plus le curseur, il n’est pas le centre de la vie politique ou intellectuelle, ce n’est pas le Bon Dieu non plus, il peut se tromper ! Il y a énormément d’écrivains, de philosophes, de théologiens qui disent également des choses très intéressantes et qui méritent notre attention. Les combats politiques ou métapolitiques que nous menons sont des luttes de long terme dans lesquelles chacun à sa place à prendre en fonction de ses talents. Nous avons besoin de tout le monde et la « starisation » à outrance n’est bonne ni pour le combat d’idée, ni pour Eric Zemmour lui-même. Reconnaître un talent, féliciter un certain courage, encourager une parole… très bien. Mais il ne faut pas non plus vivre sa vie en fonction de ce que dit Eric Zemmour : il serait malsain de se cacher derrière un homme qui penserait en toutes choses à notre place. Il fait un travail vraiment important là où il est, donnons lui évidemment toute sa place, mais pas plus que sa place.
Entretien réalisé par Charlotte d’Ornellas
PÉTITION DE SOUTIEN À ÉRIC ZEMMOUR
OUI, j’apporte mon soutien à Éric Zemmour
OUI, je condamne les menaces, les attaques et les sanctions qui visent Éric Zemmour et, à travers lui, la liberté d’expression.
Le mot intellectuel est de trop. Tous simplement parce que ce terrorisme vise justement ceux qui ne sont pas des intellectuels, bien qu’ils puissent en avoir la prétention, ce qui veut déjà tout dire. L’intellectuel lui a décrypté le phénomène, il sait ce que ça vaut. Le terrorisme de meute, le terrorisme de chienneries, le terrorisme des aboyeurs, ceux qui aboient en meute de crainte d’être mordu par la vérité. Pourquoi pas ?
Le suicide français est un excellent livre! Qui ne justifie pas, à mes yeux, les accusations portées contre Eric Zemmour. En parallèle je relis « le camp des saints »! Lequel réduit (presque) celui de Zemmour à de la petite bière! Il est ce que la louche est à la cuillère à thé! En plus vous pouvez mettre des noms et des visages sur les personnages de … 1973! C’est bien simple, je me suis reconnu. J’ai reconnu celui que j’étais hier.
Ceci dit j’ai vu Eric Zemmour dans « la fosse aux lions », dans une émission de la télévision suisse. Il les dépasse de la tête et des épaules!
j’ai vite acheté son bouquin, avec un rabais chez Payot.Comme soutien aussi.
Excellent entretien, j’en partage intégralement la teneur !