Des raisins trop verts.... La déconvenue des migrants
Dans “Le Grimpeur Maudit” j’ai expliqué comment j’avais découvert la montagne lors de vacances dans le Valais et puis rencontré l’alpiniste belge Claudio Barbier (voir www.claudiobarbier.be ) qui m’avait sensibilisée à la protection de la nature. Après sa mort j’ai rencontré ses amis qui m’ont parlé de lui et, au fil des années, m’ont raconté leurs expéditions vers les montagnes lointaines…
Quand Mountain Wilderness http://www.mountainwilderness.fr/IMG/pdf/thesesdebiella-2.pdf
est né je m’y suis fatalement intéressée et ai participé aux manifestations au Mont Blanc, Grimsel etc. http://www.mountainwilderness.org/mountainwilderness/chronology/
Un jour, en 1989, je suis allée à une réunion à Biella et à cette occasion le président de MW, Carlo-Alberto Pinelli m’avait invitée à séjourner au camp de base du K2 lors de leur expédition Free K2 prévue pour août 1990. J’ai longtemps hésité car le prix était excessif pour mes finances. En fait, si j’y suis allée, c’est grâce à l’insistance de ma fille qui avait décidé de m’offrir le voyage… Cette expérience m’avait bouleversée au point de vouloir retourner dans la région, mais seule, pour pouvoir jouir pleinement de la beauté des montagnes du Nord Pakistan, cette région mythique aux confins de l’Afghanistan, Tadjikistan et Chine.
Donc en 1991 j’ai parcouru le trekking Biafo-Hispar avec deux porteurs Hunza (ismaélites) et trois porteurs Balti (shiites) Nous avons eu du mauvais temps et en arrivant à Karimabad je me suis rendue compte que nous avions eu de la chance car cela aurait pu tourner très mal … C’est devenu un “souci de conscience” car j’avais risqué la vie de ces hommes, égoïstement, pour satisfaire mes élucubrations existentielles… J’ai donc voulu remercier l’un de ces accompagnateurs en organisant son séjour en Suisse pour qu’il puisse y suivre une formation d’accompagnateur d’excursions dans le cadre du Club Alpin Suisse.
En 1992 il est venu pendant trois mois chez moi, dans le Tessin et a pu suivre de nombreuses activités, d’autant plus qu’à l’époque j’étais membre actif du secours en montagne. Pendant ces trois mois et en côtoyant d’autres Pakistanais (sunnites) j’ai pu suivre leur évolution: leur enthousiasme à leur arrivée et puis leur lente désillusion et la montée progressive de leur agressivité envers cet Occident trop inaccessible.
N’est-ce pas l’expérience que font de plus en plus de requérants d’asile à qui on a promis monts et merveilles et qui découvrent une réalité choquante? Mon « ami » pakistanais a pu rentrer chez lui, mais nombreux sont ceux qui ne peuvent pas le faire car ce serait non seulement avouer leur échec mais aussi la faillite des familles qui ont vendu leurs biens pour pouvoir financer le “voyage de l’espoir”.
Nous devons essayer de comprendre ces mécanismes pour mettre fin à ces drames. A l’épreuve des faits, mes « amis » et moi avons perdu nos illusions et cessé d’être « amis ».
Fin 1992 je suis allée travailler dans un orphelinat en Inde comme je le raconte dans “Les oiseaux noirs de Calcutta”. Dans “Des raisins trop verts” je résume mes aventures pakistanaises et indiennes et fais un bilan de ces années qui ont ébranlé ma vie. En parlant avec mes amis qui ont fait de nombreuses expéditions, nous arrivons aux mêmes conclusions… L’alpinisme que nous avons connu n’existe plus… Les personnages que nous avons côtoyés sont restés légendaires… Nous avons vécu intensément pas seulement l’alpinisme mais surtout la découverte d’autres civilisations.
Devenir vieux c’est également pouvoir se dire que nous avons eu la chance de vivre une époque extraordinaire mais c’est aussi l’obligation morale d’en tirer les conclusions et si possible de mettre en garde pour que tout cela n'ait pas été inutile.
Anne Lauwaert
« Des raisins trop verts ou les déconvenues des migrants »
Publié chez Mon Petit Editeur – 14 rue des Volontaires – 75015 Paris
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