BERNE
Philippe Castella
"Le débat est plié"
: Guy Parmelin (UDC, VD) ne se fait plus beaucoup d'illusions sur la suite du débat énergétique qui occupe le Conseil national toute cette semaine. La direction est donnée, avec une décision capitale prise hier: l'augmentation de 1,5 à 2,3 centimes par kilowattheure du plafond de la taxe pour soutenir la production de courant vert, contre l'avis de l'UDC et du PLR."L'augmentation de coûts va être extrêmement problématique pour l'économie, et donc pour nos postes de travail",
objecte Guy Parmelin. Il pointe du doigt la majorité de centre gauche du Parlement, qui porte cette réforme. Et le Vaudois craint que le Conseil des Etats ne corrige pas le tir, au vu de la forte représentation du PDC, qui soutiendra sa ministre Doris Leuthard.Cent francs par an
Côté libéral-radical, on se montre presque aussi critique:
"Nous ne pouvons pas accepter que le porte-monnaie de tout un chacun soit mis autant à contribution",
appuie Jacques Bourgeois (PLR, FR). Et de souligner qu'avec une taxe fixée à 1,5 centime, ce sont déjà 850
millions de francs par an qui sont mis à disposition de la promotion des énergies renouvelables. La hausse représente une ponction de 500
millions supplémentaires.Elle devrait entraîner une hausse du prix de l'électricité d'environ 5% pour le consommateur. La conseillère fédérale Doris Leuthard évalue l'impact à 100
francs par an au maximum pour un ménage de quatre personnes.Pour Yannick Buttet (PDC, VS), cette augmentation est
"acceptable, car elle permettra un rythme constant de développement des énergies renouvelables dans notre pays".
Pour lui, la rejeter,
"c'est accepter à terme d'être davantage dépendant de l'étranger, une fois les centrales nucléaires hors d'usage".Et même, pour Matthias Reynard (PS, VS), sans cette hausse,
"la sortie du nucléaire deviendrait le début d'une ère d'importation d'électricité d'origine charbonnière, avec un grand dommage écologique et climatique, et sans aucune valeur ajoutée en Suisse même".L'hydraulique repêchée
Les deux Valaisans avaient une autre raison de s'engager pour cette hausse de taxe. Le Parlement a ajouté, parmi les bénéficiaires de ce soutien au courant vert, les grandes installations hydroélectriques. Un choix perçu comme une nécessité, à l'heure où les prix de l'électricité se sont effondrés, en raison notamment du soutien massif de l'Allemagne aux énergies renouvelables. Avec pour conséquence paradoxale de plomber la rentabilité des projets d'investissements dans l'hydraulique.
Battu sur la hausse du plafond de la taxe, Jacques Bourgeois se console, comme directeur de l'Union suisse des paysans, d'avoir pu inclure également les installations de biogaz parmi les bénéficiaires de subventions.
Le Conseil national a d'ailleurs revu tout le système de subventionnement actuel des énergies renouvelables. La rétribution à prix coûtant (RPC) sera remplacée par un système de prime à l'injection. L'objectif, c'est que les installations soient
"récompensées si elles injectent du courant à un moment où la demande est forte et, au contraire, pénalisées si elles injectent du courant à un moment où la demande est faible",
a expliqué le rapporteur de la commission, Roger Nordmann (PS, VD). En d'autres termes, la production électrique sera davantage subventionnée le matin et en hiver que la nuit et en été.Le socialiste vaudois est très satisfait de la tournure des débats jusqu'ici, avec une vraie coalition autour des points essentiels entre la gauche (PS et Verts) et le centre (PDC, PBD et PVL). Adèle Thorens est moins enthousiaste:
"On va plutôt dans la bonne direction."La coprésidente des Verts qualifie la hausse de la taxe d'
"instrument important"
en vue de la transition énergétique.A la moitié du marathon
Mais pour la Vaudoise,
"la stratégie énergétique manque singulièrement d'ambition dans ses objectifs".
Le camp vert a cherché en vain à élever de 4400 GWh à 6500 GWh l'objectif de production électrique d'ici à 2020 pour les nouvelles énergies renouvelables.
"L'objectif fixé correspond à un ralentissement de leur croissance actuelle",
reproche-t-elle. Autre regret: la porte ouverte laissée par le Parlement à la construction de centrales à gaz, et ce en pleine conférence sur le climat à Lima.Le National a déjà consacré douze heures de débats à cet objet, et il n'est qu'à la moitié de son marathon, qui se poursuit aujourd'hui et demain.
Extrait de: Source et auteur
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Petits calculs en relation avec les 2.3 ct/kWh votés pour payer la SE 2050.
Ce chiffre de 2.3 ct/kWh est trompeur.
Et séducteur et manipulateur.
Il donne l’impression que le remplacement effectif du nucléaire existant en Suisse par des renouvelables ne coûtera que 2,3 ct/kWh. À ce prix là une grande majorité va se laisser séduire.
En fait, voici les ordres de grandeur des prix de revient des différents kWh:
• nucléaire existant: 4 à 5 ct/kWh
• hydraulique existant: 7 à 8 ct /kWh (moyenne, gros écarts entre les divers ouvrages selon la topologie et aussi le niveau d’amortissement)
• éolien: 15 à 25 ct/kWh
• solaire PV: 40 à 60 (voire 80, 100,…) ct/kWh suivant les conditions d’ensoleillement, la taille de la centrale, la nature de la surface utilisée, …
(Voir aussi fig.5, Rapport Borner)
À cela s’ajoute:
• le coût de renforcement des réseaux
• les coûts de stockage
Ces derniers coûts, dits coûts systémiques, sont aujourd’hui inconnus (je n’ai pas vu de chiffres officiels des électriciens.
• Le rapport Borner p. 108 donne pour les coûts de stockage 25 à 35 ct/kW
• le même rapport p. 113 cite l’évaluation de la Confédération (SE 2050) qui donne des suppléments d’investissements dans les réseaux de 18 milliards de fr.
On est donc très très loin des 2.3 ct/kWh. C’est au moins 10 fois à 20 fois plus
Rapport Borner : http://www.iwsb.ch/fileadmin/dokumente/studien/de/Studie_Energiewende2050_de.pdf
L’écologie, que personnellement je trouve nécessaire, est devenue un immense paravent d’hypocrisie tendu par quatre catégories principales:
1) Les écolos-fascistes qui ne se soucient pas plus de la préservation de la nature que de leur première dent de lait, mais qui invoquent ce prétexte pour imposer leurs vues à tout le monde.
2) Une belle proportion de politiciens, qui en profitent pour créer de nouvelles taxes et remplir les caisses publiques (N’est-ce pas, Madame Leu-tarte?).
3) Des industriels qui s’enrichissent en vendant leurs gadgets souvent inutiles.
4) Des associations qui soi-disant défendent la nature, mais qui utilisent surtout les dons récoltés pour que les dirigeants mènent une vie plus que confortable; parmi ces associations, je pense en particulier à une qui ne fait pas que green-pisser, elle aime surtout green-entuber ses donateurs.
Alors face à une telle déferlante de venin, qui va empoisonner les Suisses comme le reste des Européens, je comprends que Monsieur Parmelin soit pessimiste sur ce sujet. Quand je pense que la Chine construit des centrales nucléaires à tour de bras pour doper son industrie grâce à une énergie électrique bon marché, et que chez nous le prix de kilowatt-heure ne cesse d’augmenter, je me pose de sérieuses questions et sur l’honnêteté et sur la santé mentale de certains de nos dirigeants.
Quand au “Plan énergétique 2050”, laissez-moi rire! Personne ne sait à quoi ressemblera notre monde en 2020, alors imaginez trente ans plus tard… Mais il faut croire que les Plans Quinquennaux de l’URSS ont encore la cote chez une partie de nos gouvernants. Je me réjouis de voir les résultats de cette politique dans quelques années.
Il faudrait parler de GW plutôt que de Gfrancs ! Certes, avec 2,3 ct/kWh, cela fera 1,38 Gfrancs par an et d’ici à 2050 ce serait presque 50 Gfrancs payés par le consommateur final. Mais le problème n’est pas là : la demande annuelle en électricité du Pays est actuellement de 60 TWh (milliards de kWh). Lorsque la majorité des chauffages seront faits avec des pompes à chaleur électriques et que le nombre des véhicules électriques deviendra significatif, cette demande en électricité ne pourra que croître, malgré tous les efforts de rationalisation imaginables, qui sont déjà réels et importants dans le domaine de l’électricité, il faut le dire et le redire. Sous ce chiffre d’une énergie de 60 TWh actuel, qui deviendra peut-être 80 TWh d’ici 2050, se cache la notion de puissance : il y a en Suisse une demande “en ruban”, incompressible, 24h/24, qui ne descend pas au dessous de 5 GW qu’il faut assurer coûte que coûte. Actuellement nos centrales hydrauliques au fil de l’eau assurent 2 GW et nos 5 centrales nucléaires 3 GW. Ni le vent ni le soleil ne peuvent nous GARANTIR cette puissance jour et nuit, été comme hiver, 24 h/24. Personne à Berne ne parle de ce problème de puissance minimale incompressible à assurer ; c’est ça la sécurité d’approvisionnement exigée dans la Constitution ! Le pompage-turbinage est une partie de la solution, mais la centrale du Nant de Drance, par exemple, ne représente que 0,9 GW qui permettent de pomper 3,2 TWh et d’en restituer 2,5 TWh. Il faudrait stocker au moins 18 TWh en été pour en turbiner 14 TWh en hiver ; et cela demande effectivement une puissance installée de 5 GW sur 2’800 heures. C’est pour ça que des centrales de puissance tournant en continu sont indispensables. Veut-on du gaz, du charbon, de l’importation “sale” ? Non merci !
Pour ceux qui le peuvent : produisez de l’électricité avec des éoliennes verticales, ajoutez des panneaux solaires et l’hiver chauffez vous une chaudière utilisant des pellets sans oublier qu’en cuisine la cuisson au bois permet de mijoter de très nombreux plats.
Il devient indispensable de lutter par tous les moyens contre les administrations aidées de politiciens en mal de reconnaissance qui en veulent à notre argent. Investissons et faisons leur un beau gros pied-de-nez !