NDR. Annonce de conférence de notre contributeur Yvan Blot :
AGIR POUR LA DEMOCRATIE DIRECTE
ET INSTITUT NEO SOCRATIQUE 73, rue de la Faisanderie 75116 PARIS. Courriel : [email protected] site web : www.democratiedirecte.fr
Le lundi 17 novembre à 19 h précises
A l’association « Dialogue Franco-Russe »
120, Champs-élysées 75008 PARIS
La politique de la Russie est dominée aujourd’hui par la stature de Vladimir Poutine. Cet officier a repris en main un Etat entré en déliquescence après la chute de l’URSS. Sous Eltsine, le pouvoir était en partie passé dans les mains d’oligarques, hommes d’affaires peu scrupuleux et souvent vendus à l’étranger.
Le modèle des trois fonctions de Georges Dumézil donne à cet égard des repères intéressants. Cet académicien français a montré que les peuples indo-européens, dont nous sommes issus, divisaient le monde et la société en trois fonctions : de souveraineté (politique et religieuse), guerrière et de production et de reproduction. L’inversion des fonctions, nous apprend déjà l’Iliade d’Homère, est source de grands malheurs. Avec Poutine, la hiérarchie des trois fonctions est rétablie. L’économie comme l’armée restent à leur place alors qu’aux Etats-Unis, ces fonctions empiètent sur la politique et engendrent crises et guerres.
La première caractéristique de la politique russe sous Poutine et le patriotisme. Le patriotisme n’est pas une « idée » intellectuelle comme le libéralisme ou le socialisme. C’est un sentiment, une valeur morale comme le montre l’ancien hymne français, la marche des Girondins : mourir pour la patrie ! On ne meurt pas pour une constitution juridique ou pour la sécurité sociale. On meurt pour défendre sa religion, sa famille ou sa patrie car ces institutions ont une dimension affective humaine et transcendantale qui dépasse le droit ou le calcul économique (qui sont « froids »).
La politique étrangère de la Russie n’a donc pas le caractère idéologique de la politique étrangère américaine ou de l’ancienne politique étrangère soviétique. Elle est pragmatique, orientée autour des intérêts nationaux comme l’était la politique du général De Gaulle. Elle respecte le droit international et ne condamne pas moralement de façon systématique ceux qui défendent d’autres intérêts.
La politique russe de Poutine est par ailleurs conservatrice. C’est lui qui le dit. Elle respecte les traditions et notamment les traditions religieuses, qui sont le socle de la civilisation comme l’a démontré Friedrich Hayek, le prix Nobel d’économie. Hayek explique que les sources des valeurs et de nos institutions sont au nombre de trois : l’instinct biologique, la raison individuelle calculatrice et la tradition filtrée par des années de pratiques qui ont réussi. Cette troisième source est récusée par l‘esprit soit-disant progressiste comme réactionnaire et arbitraire. Or, c’est la plus importante : le langage, la morale, la famille ou la propriété viennent de ces traditions et non de la raison individuelle ou des instincts. La politique qui respecte les traditions et qui fait reposer le progrès sur les traditions récuse l’esprit révolutionnaire et sa « prétention fatale » (le mot est de Hayek) de créer de toutes pièces un homme nouveau et une société nouvelle en utilisant la violence.
Enfin, la politique de Poutine se veut démocratique. Il défend les libertés et l’économie de marché. D’ailleurs, la « Heritage Foundation », think tank de la droite américaine et nullement russophile reconnait que la Russie est plus libre que la France par son régime fiscal et son droit du travail ! Un temps, le kremlin a parlé de « démocratie souveraine », ce qui signifiait qu’on récusait les ingérences étrangères ainsi que celles des différentes féodalités qui veulent se substituer au peuple. Selon la formule d’Aristote, la politique russe est démocratique, non seulement par sa cause formelle (le respect du droit) mais par sa cause finale (ce que souhaite réellement le peuple), d’où l’immense succès populaire du chef de l’Etat, approuvé par 85% des Russes.
Ivan Blot, 6 novembre 2014
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