A 17h ce 8 octobre 2014 vient d’être diffusé sur France Culture un documentaire de 53 minutes à la gloire de Michel Naudy, journaliste communiste revendiqué, ancien chef du service politique de l’organe central du PCF L’Humanité, co-fondateur de la revue d’extrême-gauche Politis, candidat du PCF en 2007 aux législatives, puis militant actif au MRC puis au Parti de gauche. Un documentaire stalinien, à la gloire de ce journaliste communiste “injustement payé 20 ans à ne rien faire”. Nous avons interviewé la productrice et l’auteur de cette propagande officielle sur argent public, préparez-vous à un voyage en pays communiste.
Tout commence par une annonce sur le site d’extrême-gauche de critique média Acrimed : “À écouter sur France Culture : « Michel Naudy, de l’antenne au placard. »” Déjà, qu’Acrimed se réjouisse d’un documentaire, ça donne une idée de son orientation idéologique. Mais la confirmation arrive peu après : “Nous publions ci-dessous sa présentation telle qu’elle figure sur le site de France Culture. (Acrimed)
Un documentaire de Yves-Marie Mahé et Julie Beressi
Figure incontournable de la critique des médias, le journaliste politique Michel Naudy est intervenu, ces dernières années, dans les films de Pierre Carles ainsi que dans le documentaire « Les nouveaux chiens de garde ». Michel Naudy était un des rares journalistes communistes entré à la télévision en 1982 à la suite de la victoire de Mitterrand due au programme commun.”La présentation continue, mais il y a déjà de quoi être estomaqué : “un des rares journalistes communistes entré à la télévision en 1982″ ???
Je vérifie, c’est bien France Culture qui écrit cela, et non Acrimed comme on aurait pu le croire. Ni une ni deux, j’appelle la productrice, Irène Omélianenko, pour lui demander ce qu’elle en pense. Voici sa réaction :
Le mot “rare” fut donc retiré immédiatement du site de France Culture (mais la trace reste sur le site Acrimed), la productrice qualifia d’ “abus” la position de son documentariste, et d’ “éloquente” la déclaration de Gérard Jugnot sur France 3. Elle ajouta qu’elle n’est pas journaliste, mais documentariste, et donc elle fait confiance et c’est au réalisateur d’instruire son dossier. Certes, mais c’est elle qui l’a recruté, et ce en toute connaissance de cause (si elle a fait son travail bien entendu), M. Yves-Marie Mahé ne cachant nullement ses convictions politiques libertaires comme nous allons le voir.
J’aurais pu, outre l’extrait de Gérard Jugnot, lui passer l’extrait de Bernard Pivot ci-dessous, mais bon, la démonstration était suffisante m’a-t-il semblé :
Un documentaire complètement biaisé
Nous avons donc écouté le documentaire, qui peut être réécouté ici pendant 1 an, et les bras nous en sont littéralement tombés.
1/ Huit intervenants : tous amis ou proches de Naudy.
2/ Une présentation des intervenants souvent biaisée, oubliant opportunément de mentionner par exemple qu’Aline Paillet était députée européenne du PCF puis militante LCR. Caroline Fourest, qui reproche à Frédéric Taddéï de ne pas bien présenter ses invités devrait être d’accord avec nous au moins sur ce point…
3/ Des orientations politiques unilatérales assumées, par exemple lorsqu’il est doctement expliqué qu’ “il était impératif qu’un courant représentant 20% de l’électorat rentre dans une chaîne”. Ah bon, alors on se dit que ces gens-là verraient d’un bon œil que le FN fasse rentrer 20 journalistes à France 3 ? J’en doute…
Autre exemple, quand on nous explique benoîtement que M. Naudy, bien qu’encarté pendant 15 ans au PCF, bien qu’ancien chef du service politique de l’organe central du PCF L’Humanité, bien que co-fondateur de la revue d’extrême-gauche Politis, bien que candidat du PCF en 2007 aux législatives, puis militant actif au MRC puis au Parti de gauche, était un journaliste objectif et pas un militant… La couleuvre est un peu trop grosse pour être avalée, surtout quand on nous demande de payer pour l’avaler.
4/ Une véritable hagiographie quasi-stalinienne de Michel Naudy : “Il écrivait remarquablement bien” ; “Il était honnête” ; “Il était objectif” ; etc. etc. etc.5/ Un manque d’esprit critique total (ce qui me fait dire que Michel Naudy aurait détesté ce documentaire qui lui sert la soupe) : aucune mise en perspective par rapport à la situation d’autres journalistes du service public, et notamment Fabrice Le Quintrec, viré dans l’heure pour avoir cité Présent, le quotidien d’extrême-droite (mais tout à fait légal et diffusé en kiosque), une seule fois dans une revue de presse dans laquelle il citait systématiquement L’Humanité, Rouge, Charlie Hebdo, Libération et d’autres journaux d’extrême-gauche (qui sont pourtant pour certains pire que Minute selon notre analyse).
Cet exemple permet de percevoir le cas Naudy bien différemment : payé à ne rien faire pendant 20 ans, c’est de la censure selon l’extrême-gauche, mais c’est une subvention par rapport à ce qui est arrivé à le Quintrec, diffamé, injurié, ostracisé, et viré alors qu’il avait fait un travail relevant justement de l’esprit critique, cœur du métier de journaliste. Le placard est largement préférable à cela, non ? Naudy le dit d’ailleurs dans le documentaire : “Il faut avoir des rentes comme c’est mon cas“. Il était loin d’être à plaindre de ce point de vue là… Aline Paillet enfonce le clou : “On ne pouvait pas le virer“. Ah bon ? Mais pourquoi donc ? Si on a pu virer aussi vite et aussi facilement le Quintrec ?
Peut-être parce que Naudy était communiste, soutenu à bout de bras par la CGT (contrairement à ce que prétend Aline Paillet dans le documentaire, sans être corrigée par l’auteur), dont le documentaire ne parle jamais, et pour cause : il n’y a pas que les journalistes qui font l’information, il y a aussi (et surtout) les syndicats de journalistes, et la CGT au premier rang. Or celle-ci a noyauté tous les médias, publics et privés, ainsi que l’AFP, et la diffusion de la presse (Presstalis) depuis 1945. L’arrivée massive de journalistes communistes en 1982 n’était donc que le couronnement d’une stratégie de noyautage ayant déjà porté ses fruits bien plus tôt. Mais cette fois, tout était verrouillé, ce qu’on peut constater une fois de plus avec ce documentaire.
Naudy n’a été mis au placard que parce qu’il a osé critiquer le PCF, sans pour autant revenir sur ses convictions communistes dont il estimait que le PCF les avaient trahies. Tout à fait acceptable pour la CGT, en tout cas suffisamment pour ne pas être viré dans l’heure comme le Quintrec, et pour continuer à toucher un confortable salaire, et faire ce qu’on veut à côté, ce que Naudy ne s’est pas privé de faire comme l’explique le documentaire. Rappelons d’ailleurs que la censure, ce n’est pas que le fait de ne plus être invité (thèse de Dieudonné, Soral, Naudy et quelques autres), mais c’est aussi et surtout l’impossibilité d’être jamais invité (nous avons dressé une liste assez longue d’auteurs de livres dont c’est le cas par exemple, et bizarrement une proportion anormale d’entre eux est proche de la droite).
C’est la CGT qui a fait virer le Quintrec de France Inter, Zemmour de France Télévisions, et tant d’autres qui ne leur convenait pas. C’est la CGT, bras armé du PCF selon Lénine lui-même, qui noyaute toutes les entreprises françaises, publiques surtout mais aussi privées, sur argent public, et qui lui imposent son diktat communiste, alimentant le chômage de masse en s’arc-boutant sur des principes d’un autre temps (retraite à 60 ans, 35h, et autres avantages dits acquis). Les forces réactionnaires de gauche sont même défendues par un auteur de “conviction libertaire” et qui “n’est pas choqué par la pornographie” comme Yves-Marie Mahé, réalisateur de ce documentaire sur Michel Naudy.
Voici mon interview de lui, il n’a pas l’air d’avoir bien conscience de travailler avec l’argent public, donc l’argent de tous, ce qui lui impose théoriquement de respecter la pluralité des points de vue :
Extraits pour les plus pressés d’entre vous (même si je vous recommande vraiment l’écoute de l’interview, j’ai rarement entendu de tels aveux décomplexés de manipulation et de propagande) :
“Oui, c’est un documentaire en faveur de Michel Naudy.”
“C’est quelque chose qui prend beaucoup de temps un documentaire, il faut être passionné, et moi je suis passionné par le discours de Michel Naudy.”
“En 53 minutes on n’a pas le temps de donner la parole aux contradicteurs.”Au moins les choses sont claires, vous savez à quoi sert votre argent chers con-tribuables !
Vous me direz, si vous êtes un lecteur fidèle d’Enquête & Débat, vous n’apprenez rien de bien nouveau, c’est une confirmation de plus. Cette radio qui avait volé Enquête & Débat par le passé n’a vraiment aucun scrupule, et elle se croit même dans le droit chemin… Sa petite sœur France Inter est pire, et elle avait offert une tribune politique pendant plus de 20 ans aux gauchistes, sectaires, sans principes, antisionistes radicaux (limite antisémites) de Là-bas si j’y suis, où tous les copains de Naudy avaient tribune ouverte en permanence. Ce qui aurait là-aussi mérité d’être rappelé dans le documentaire sur Michel Naudy, mais comme vous l’avez entendu de la part du responsable de ce documentaire, “on entendait très peu Michel Naudy et ses idées“, bein voyons !
Conclusion
J’ai décidé de conclure cette petite enquête en revenant vers Mme Irène Omélianenko, je lui ai posé deux questions par mail :
- quel est le cahier des charges pour un tel documentaire ?
- sur quelles bases avez-vous recruté M. Mahé puisqu’il n’est pas journaliste ?Voici sa réponse reçue à l’instant : “La réponse à vos deux questions tient dans la réponse à la première question : Notre cahier des charges est de diffuser des documentaires qui reflètent un point de vue d’auteur. La plupart de nos documentaristes ne sont pas journalistes.”
On aimerait dans ce cas que le cahier des charges du service public soit respecté, à savoir la pluralité des points de vue. Soit au sein d’un documentaire, soit en recrutant des documentaristes qui ne soient pas toujours de gauche, d’extrême-gauche, communistes, anarchistes, ou libertaires.
Post-scriptum
Si vous êtes arrivé au bout de cette enquête, sachez qu’elle m’a pris la journée entière, et qu’elle nécessite une compétence bâtie en près de 15 ans, et une liberté totale de ton et d’indépendance dont aucun autre journaliste français ne dispose à ma connaissance. Vous en avez profité gratuitement, mais cette liberté a un prix, nous ne sommes pas payés à ne rien faire sur argent public comme feu Michel Naudy. Deux souscriptions à 50 euros suffisent à couvrir les frais de la journée, pour vous donner une exemple. Sans elles, cet argent est tout simplement perdu et nous rapproche de la zone de danger. Donc pour nous soutenir n’hésitez pas à souscrire à notre site, pour nous permettre de vivre et de nous développer pour vous apporter toujours plus d’enquêtes de ce genre. Ces derniers mois ont été, je l’avoue, assez maigres dans le domaine, mais à partir de maintenant, si vous répondez présents à nos différents appels vous devriez voir de plus en plus de ces enquêtes, reportages, interviews et autres documentaires. Donc souscrivez, pour vous, pour vos proches, et pour l’avenir de ce pays et l’éducation de sa jeunesse (notre premier lectorat a moins de 30 ans).
Extrait de: Source et auteur
En général, quand on pense le contraire de ce que les mainstream médias disent ou pensent, le contraire de ce que les gauchos pensent, c’est qu’on pense juste. Quand j’ai une opinion sur quelque chose et que je vois que les socialistes pensent tout le contraire, c’est que je suis dans le vrai ! Bon baromètre, les socialistes 🙂 Je n’ai jamais cru que la gauche était le contraire de la droite ou que c’était une idéologie opposée. On nous présente toujours ça comme 2 courants de pensée. Je pense que l’état natif et naturel de l’Homme est ce que l’on appelle la droite. On vient au monde en harmonie avec la nature et on est naturellement ce que les gens appellent de droite et que j’appelle l’état normal. Le gauchisme n’est qu’une dégradation, une distortion à plus ou moins grande échelle de cet état normal. Ce n’est donc pas l’opposé mais une dégradation. Comme il y a la santé et la maladie. La maladie n’est pas le contraire de la santé mais une dégradation de celle-ci. Un socialisme léger serait une grippe alors que le communisme serait le cancer.