Les députés ont adopté, hier, le projet de loi de « lutte contre le terrorisme ». Celui-ci interdit notamment la sortie du territoire des ressortissants français tentés par le djihad. Mais pour Pierre Martinet, ancien du service « action » de la DGSE, cette mesure est vaine.
Marianne : Les députés ont voté l’interdiction de sortie du territoire, assortie d’une confiscation du passeport et de la carte d’identité pour toute personne soupçonnée de vouloir partir mener le djihad. Cette mesure vous semble-t-elle efficace ?
Pierre Martinet : C’est un pansement sur une jambe de bois. Il suffit de prendre sa bagnole et de rouler jusqu’en Turquie. Là, les filières se débrouilleront pour vous faire passer. Comme d’habitude, on est dans la gestion du problème, et pas dans l’anticipation. La faute à une vision court-termiste de la politique. Ce qui se passera dans cinq ans, le gouvernement n’en à rien à faire. Le fond du problème, c’est la multiplication des groupes djihadistes depuis le 11 septembre 2001, qui vont aujourd’hui de la côte mauritanienne jusqu’en Afghanistan, et même en Inde. Ces groupes, il faut les détruire. Et pour les détruire, il faut aller sur le terrain. Une guerre ne se mène pas uniquement dans les airs. Mais est-ce que la démocratie est compatible avec la lutte contre ce cancer ? Non, parce qu’il faut tuer des gens. Et ça, l’opinion publique ne l’accepte pas. Les islamistes ont déclaré la guerre à l’Occident. C’est une guerre non-conventionnelle, asymétrique. Qu’est-ce qu’on fait ? On les élimine ou on les laisse poser des bombes ?
Le ministère de l’Intérieur parle d’environ un millier de Français actuellement impliqué dans le djihad…
En fait, ce serait plutôt le double, voire le triple.
Et vous, qu'en pensez vous ?