Trois cent femmes de la communauté "yazidi", capturées en Irak par l’Etat islamique (EI), ont été forcées à se convertir à l’islam, puis "vendues" au prix de 1000 $, pour être mariées de force en Syrie à des combattants du groupe djihadiste, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH). Les Yazidis sont des kurdophones non-musulmans pris pour cible dans le nord de l’Irak par l’EI.
L’EI multiplie les pillages et les exactions en Syrie et en Irak, avec des décapitations, des lapidations et même des crucifixions de tous ceux qui ne sont pas musulmans sunnites salafistes, pour effrayer, recruter et élargir le califat.
La décapitation est de nouveau à la mode, acceptable, légitime, habituelle méthode du "jihad" ; et peu de gens s’en indignent ou protestent. Pas de défilé pour dénoncer le martyre des Yazidis et des chrétiens du Moyen Orient et du Nigéria, pas de "musulmans modérés" qui se manifestent pour condamner des méthodes violentes et barbares, comparables au nazisme, et ramenant la civilisation des siècles en arrière.
L’archevêque de Mossoul, Mgr Amel Shimoun Nona lance un avertissement aux Occidentaux : "Notre souffrance est un prélude à ce que vous-mêmes, chrétiens européens et occidentaux, souffrirez dans un futur proche", a crié l’archevêque à ses frères chrétiens d’Occident.
« S’il-vous-plaît, il faut que vous compreniez. Vos principes libéraux et démocratiques n’ont aucune valeur ici. Vous devez reconsidérer la réalité du Moyen-Orient, car vous accueillez un nombre croissant de musulmans. Vous aussi, vous êtes en danger. Il vous faut prendre des décisions courageuses et dures, y compris en allant à l’encontre de vos principes. Vous croyez que tous les êtres humains sont égaux, mais ce n’est pas une chose certaine. L’islam ne dit pas que tous les êtres humains sont égaux. Vos valeurs ne sont pas leurs valeurs. Si vous ne comprenez pas cela rapidement, vous tomberez victimes d’un ennemi que vous aurez accueilli dans votre maison."
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L’Etat islamique va durer et se renforcer
15 sept 2014
By : Guy Millière
Cela fait quatre jours qu’Obama a prononcé son discours pusillanime sur le Moyen Orient.
Comme je m’y attendais, rien n’a bougé depuis. Aucune frappe aérienne américaine supplémentaire n’a eu lieu.
Aucune coalition digne de ce nom ne prend forme, et il vaut mieux parler de « coalition » (entre guillemets). Obama a, officiellement, pour l’heure, neuf « alliés ». Le Royaume Uni, la France, l’Australie, le Canada, l’Allemagne, la Turquie, l’Italie, la Pologne, le Danemark.
Pas un seul de ces « alliés » (réticents) n’envisage l’envoi de troupes au sol
Pas un seul de ces « alliés » (réticents) n’envisage l’envoi de troupes au sol. Seuls quatre d’entre eux ont, de toute façon, une armée qui permettrait l’envoi d’un minimum de troupes au sol (Royaume Uni, France, Canada, Turquie) et dès lors qu’Obama a exclu l’envoi de troupes américaines, il n’y aura, au sol, pas de soldats de la « coalition ».
L’un de ces « alliés », la Turquie, a refusé l’utilisation de ses bases militaires et des bases américaines sur son sol pour la moindre opération (ce qui est logique, puisque la Turquie reste, fondamentalement, une alliée de l’Etat Islamique).
L ‘Allemagne et le Royaume Uni ont dit vouloir limiter au minimum leur participation. David Cameron parle, mais il est dans une situation intérieure difficile, et confronté à la sécession possible de l’Ecosse : la décapitation d’un citoyen britannique suffira-t-elle à le faire s’engager plus avant ? Je dois dire que j’en doute.
Des gestes symboliques seront faits. Peu de gestes concrets suivront.
Aucun grand pays du monde arabe n’entend entrer dans la « coalition », bien sûr : outre la présence de la Turquie, alliée de l’Etat Islamique, dans la « coalition », la proximité d’Obama et de la France avec le Qatar et les volontés de rapprochement d’Obama avec l’Iran inquiètent les grands pays du monde arabe, Egypte et Arabie Saoudite en tête.
On parle en France, malgré tout, de « grande coalition ». Normal !
George Walker Bush avait une coalition solide faite de quarante neuf pays, mais c’était une petite coalition, puisqu’il n’y avait pas la France.
Obama a une « coalition » en lambeaux faite de neuf pays, mais c’est une grande coalition parce qu’il y a la France, qui rend grand tout ce qu’elle touche !
On dit en France que l’action, noble, d’Obama n’a rien à voir avec l’action, désastreuse, de Bush en 2003.
L’action d’Obama est sans doute noble parce qu’elle ressemble à de l’inaction et risque fort d’être cataclysmique, comme toutes les actions d’Obama depuis six ans.
L’action désastreuse de Bush a été désastreuse parce que c’était Bush et que son nom faisait trépigner de rage des salles de rédaction entières. Elle avait néanmoins permis de stabiliser l’Afghanistan, de faire émerger un Irak en paix où al Qaida avait été vaincu, de faire passer Kadhafi dans le camp occidental.
On ne dit pas en France ce qui avait été accompli par Bush, et on attribue à Bush la situation actuelle en Irak alors qu’en 2008 la guerre était gagnée et le pays en paix. Ce n’est pas la première fois qu’en France, on falsifie l’histoire.
On ne dit pas que Bush avait prévu, dans un discours de juillet 2007, ce qui se passerait si les Etats Unis se retiraient trop tôt d’Irak.
Tout ce que Bush avait prévu est en train de se passer, strictement tout.
Mais Bush était un idiot, bien sûr ! Et Obama, qui a retiré toutes les troupes américaines d’Irak et provoqué la situation actuelle est très intelligent, cela va de soi.
Je m’attends, dois-je le dire, à ce que rien ne bouge dans les mois à venir au Proche Orient, sinon dans la direction du pire.
Que ce soit énoncé explicitement: sans leadership américain, le monde occidental ressemble à un château de cartes qui s’effondre.
Les pays européens sont impuissants, sans capacités militaires suffisantes pour mener une guerre contre l’Etat Islamique.
L’Egypte, l’Arabie Saoudite n’ont aucune confiance en Obama. Leurs dirigeants voudraient bien l’écrasement de l’Etat Islamique, mais pas le renforcement du Qatar, de la Turquie, de l’Iran que souhaite Obama. Et ils savent qu’Obama ne veut pas même écraser l’Etat Islamique.
Les dirigeants d’Israël pensent peu ou prou ce que pensent les dirigeants de l’Egypte et de l’Arabie Saoudite. L’écrasement de l’Etat Islamique serait positif pour Israël, mais le renforcement du Qatar, de la Turquie et, surtout, de l’Iran serait très délétère. Les dirigeants d’Israël savent eux aussi qu’Obama ne veut pas écraser l’Etat Islamique.
Ce qui semble assuré est que l’Etat Islamique va durer et se renforcer
Que va-t-il se passer? Nul ne peut le dire exactement.
Ce qui semble assuré est que l’Etat Islamique va durer et se renforcer. Il a un vaste territoire, des armes sophistiquées américaines. Il a des villes et peut, comme le Hamas, utiliser les civils comme boucliers humains.
Il a l’appui de nombreux Musulmans que la perspective d’un califat séduit. Il a trente et un mille hommes de troupe, des cadres formés par l’armée américaine en Jordanie au temps où ils étaient des « rebelles » anti-Assad. Il a des moyens financiers et des ressources énergétiques qu’il vend en Syrie, chez Assad, et en Turquie.
Il risque des bombardements qui ont peu de chance d’être efficaces et décisifs.
Il a peu de soldats ennemis pour lui faire face : les unités kurdes, des milices chiites armées par l’Iran et les Etats Unis, l’armée irakienne présentement en charpie et réorganisée par les chefs de la Garde Révolutionnaire iranienne, et des milices syriennes anti-Assad qui sont déjà infiltrées par lui, l’Etat Islamique.
Des milliers de Chrétiens et de yazidi ont été massacrés en Irak. La guerre en Syrie a fait deux cent mille morts.
Des otages occidentaux sont décapités au couteau un à un
Des otages occidentaux sont décapités au couteau un à un. Nous en sommes au troisième. Ce n’est pas fini. D’autres attendent leur tour.
Bush avait tout prévu, strictement tout. Dès juillet 2007. Mais c’était un idiot, cela va de soi.
Obama, lui, est un génie.
Il s’est donné trois ans pour en finir avec l’Etat Islamique. Dans deux ans, il ne sera plus Président : trois ans pour un Président qui part dans deux ans, c’est tout un programme. Il ne veut effectivement pas en finir avec l’Etat Islamique. Il veut, effectivement, plutôt, le renforcement du Qatar, de la Turquie, de l’Iran.
Obama est un génie : il n’en est pas moins responsable de tous les morts massacrés en Irak, de tous les morts de la guerre en Syrie, de toutes les décapitations, de l’existence même de l’Etat Islamique. Un Président des Etats Unis est toujours responsable de ce qui découle de ses décisions.
Obama est responsable aussi de la situation en Libye, dans l’Afrique sub-saharienne, en Afghanistan, à Gaza…
J’avais prévu ce vers quoi conduirait la présidence Obama. J’ai décrit à l’avance tous les engrenages. Mais je n’ai jamais brûlé de cierge à l’effigie d’Obama. C’est un grave défaut, je sais.
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