Une nouvelle formule est apparue ces dernières semaines : culture de vie - culture de mort. A priori, on se demande qui pourrait avoir une culture de mort, mais cette formule s'éclaire une fois placée dans le contexte des conflits entre l'Occident et l'islam.
« Vous perdrez, nous disent les islamistes, car vous avez une culture de vie, tandis que nous, nous avons une culture de mort. Vous, en Occident, faites tout pour protéger votre vie, assurer votre sécurité, jouir du présent, tandis que nous islamistes, sommes prêts à mourir en lançant des attaques suicides. Vous donnez toute votre énergie au monde tel qu'il est, vous voulez l'améliorer, tandis que nous, nous voulons un autre monde et sommes prêts à mourir pour lui. »
Ainsi ferions-nous tout, en Occident, pour protéger la vie tandis que les islamistes ne feraient rien de tel. Ils seraient prêts, pour employer une formule de Heidegger, à marcher à la mort pour faire advenir un autre monde, tandis que nous, après deux guerres mondiales, nous serions ratatinés dans la finitude de nos existences. Dans nos cités, on n'entend presque plus le son des cloches, couvert qu'il est par les sirènes des ambulances. Ce n'est plus à la messe que nous nous rendons, mais à l'hôpital pour profiter de ce qui nous reste de vie, avec béquilles, pacemaker et déambulatoire. Pour nous, le lien avec ce qui nous dépasse a été coupé. Dès lors, nous tournons en rond dans la triste prose d'une vie qui s'effondre sur elle-même, au propre comme au figuré.
Dans un combat, dans une lutte à mort, dans un affrontement militaire, le gagnant est généralement celui qui ne tremble pas devant la mort. L'histoire militaire, de Marathon à Koursk ou au Golan, le montre. Le bon sens aussi. Celui qui place sa propre vie au-dessus de tout fait un bien piètre combattant.
Alors, allons-nous céder le terrain à l'islamisme parce que nous sommes de narcissiques jouisseurs de l'existence, des sybarites désabusés ? N'aurions-nous aucune chance face à des soldats du djihad prêts à mourir pour un monde à venir, un peu comme ces premiers chrétiens prêts au martyre parce qu'ils étaient convaincus que l'empire romain approchait de sa fin ?
D'après Albert Speer, intime d’Hitler, celui-ci ne croyait pas les Américains capables de se battre avec bravoure et ne fut pas impressionné par leur entrée en guerre. Trop individualistes, trop matérialistes, trop attachés à la vie, les yankees ne feraient pas de bons soldats. Hitler se trompait. Ils furent de bons soldats.
Nous ne pouvons pas dire comment nous réagirions, placés devant un risque de mort. D'apparents poltrons se révèlent des braves, des durs s'effondrent en larmes. Dès lors, la distinction entre ceux qui sont capables de marcher à la mort et ceux qui ne le sont pas, ne tient pas. Nous ne savons pas qui peut affronter la mort et qui ne le peut pas. La formule culture de vie - culture de mort, ne vaut rien.
Quant au culte de la vie qui serait le nôtre en Occident, ça reste à voir. Pendant deux millénaires, l'Occident s'est agenouillé devant des crucifix, symboles de la mort d'un « homme » dans des conditions atroces. Le chrétien n'était pas invité à se tendre vers les plages des Caraïbes avec ses diverses jouissances, mais à méditer sur une agonie, son agonie. Et pas celle, glorieuse, qu'on connaît parfois sur un champ de bataille, mais celle d'un méprisable esclave pendu à une croix. Difficile de voir dans un corps sanguinolent et en souffrance le symbole d'une culture de vie. Il y avait la résurrection, c'est vrai. Mais il était difficile de l'apercevoir à travers une chair percée de clous.
Parler d'un culte de la vie dans un Occident qui a partout érigé des crucifix, n'a donc guère de sens. Reste que ces croix évoquant la mort du Christ, aujourd'hui, ne sont pas plus aperçues que ne sont entendues nos cloches dans le tintamarre de nos ambulances. Heureusement, il y a parmi nous des yeux et des oreilles qui entendent et voient plus que sirènes et affiches publicitaires.
Jan Marejko, 30 août 2014
Ce qui suit a été ecrit dans un tout autre contexte, mais me semble très à propos aujourd’hui.
Nietzsche: l’Antéchrist, §16:
“Sans doute quand un peuple va à sa perte, quand il sent sa foi en 1’avenir, son espoir de liberté, s’évanouir sans retour ; quand la soumission apparaît à sa conscience comme le premier impératif, et les vertus de l’homme soumis comme des conditions de survie, alors, il faut aussi que son Dieu change. Il devient couard, pusillanime, modeste, il conseille maintenant la “paix de l’âme”, la fin de la haine, l’indulgence, l’amour même envers amis et ennemis. Il moralise constamment, il va se nicher au creux de toute vertu personnelle, il devient le “Dieu-pour-tous “, il se fait simple particulier, cosmopolite…Autrefois, il représentait un peuple, la force d’un peuple, tout ce qu’il y avait d’agressif et d’avide, de puissance dans l’âme d’un peuple : maintenant, il n’est plus que le “Bon Dieu”…
Jan Marejko, vous faites comme si la culture de mort du christianisme n’était pas morte et enterrée en occident.
Or, l’occident ne veut plus entendre parler de la mort et cela fait le jeu des intégrismes.
L’intégriste se sent supérieur et légitime face à ceux qui prennent la vie individuelle pour la vie réelle.
Or, la vie individuelle n’est qu’un symbole de la vie réelle mais la vie dans un “au delà” n’est aussi qu’un symbole de la vie réelle.
Les occidentaux n’accordent plus de valeur qu’à l’immanence tandis que les intégristes n’accordent de valeur qu’à la transcendance.
Les deux se trompent.
Il n’y a de valeur que dans le rapport de l’immanence à la transcendance et réciproquement.
Chacune n’existe que par l’autre.
Chacun n’existe que par un autre, c’est le sens de la Trinité.
L’occident ayant tué le Père se vautre dans l’immanence tandis que les intégristes tuent la vie au nom d’un Père transcendant abstrait, isolé dans un monde imaginaire.
Ces deux point de vue qui s’affrontent sont tous deux ceux de la médiocrité, la veulerie occidentale contre la bêtise islamiste.
Rav Dynovisz prévoit la fin de l’Europe!
https://www.youtube.com/watch?v=LqYoydMIVfA