A méditer.......
LE VILLAGEOIS ET LE SERPENT
De Jean de La Fontaine
Esope conte qu'un Manant, (1)
Charitable autant que peu sage,
Un jour d'hiver se promenant
A l'entour de son héritage, (2)
Aperçut un Serpent sur la neige étendu,
Transi, gelé, perclus, immobile rendu,
N'ayant pas à vivre un quart d'heure.
Le Villageois le prend, l'emporte en sa demeure;
Et, sans considérer quel sera le loyer (3)
D'une action de ce mérite,
Il l'étend le long du foyer,
Le réchauffe, le ressuscite.
L'animal engourdi sent à peine le chaud,
Que l'âme lui revient avecque la colère.
Il lève un peu la tête et puis siffle aussitôt,
Puis fait un long repli, puis tâche à faire un saut
Contre son bienfaiteur, son sauveur, et son père.
Ingrat, dit le Manant, voilà donc mon salaire ?
Tu mourras. A ces mots, plein d'un juste courroux,
Il vous prend sa cognée, il vous tranche la bête;
Il fait trois serpents de deux coups,
Un tronçon, la queue et la tête.
L'insecte (4) sautillant, cherche à se réunir,
Mais il ne put y parvenir.
Il est bon d'être charitable,
Mais envers qui ? c'est là le point.
Quant aux ingrats, il n'en est point
Qui ne meure enfin misérable.
Ah, Jean de la Fontaine, il n’a pas et n’aura jamais son pareil. Enfant, j’étais avide d’apprendre ses fables. Il a aussi composé des contes voire même des opéras. Poète, philosophe, psychologue, grand sage. La moralité comme ambition. Il eut la subtilité d’humaniser nos amis, les animaux afin d’éviter le courroux royal, aristocratique et populaire. Qu’aurait-il dit de Mme Taubira et sa cohorte élyséenne?
En effet, par les temps qui court, la fable pré-citée est de bon ton.